En exil en France, l’ex-premier ministre a mûrement élaboré son retour à Niamey malgré les menaces pesant sur sa liberté.
Exilé depuis 2014 à Paris, après avoir été accusé par les autorités nigé- riennes d’être le principal protagoniste d’un trafic d’enfants nigérians, Hama Amadou devrait retourner à Niamey dans la semaine du 19 au 23 octobre, par le vol AF 547. L’ex-président de l’Assemblée nationale, qui entend défier Mahamadou Issoufou en 2016 malgré les menaces d’arrestation qui pèsent sur lui, a bordé son retour.
Réseaux •
A Paris, il a pris soin de réaliser un check-up complet pour prévenir toute velléité des autorités nigériennes de le déclarer en mauvaise santé. Un argument qui permettrait de disqualifier le patron du Moden Fa Lumana de la course à la magistrature suprême. Hama Amadou a par ailleurs consolidé ses réseaux en France ces dernières semaines. Outre une campagne médiatique sur sa situation personnelle (RFI,France 24, La Croix, Paris-Match…) organisée par son ami franco-malien Hamidou Maïga, patron de l’agence Ormacom, il a multiplié les contacts avec le sénateur UDI Jean-Marie Bockel, parrain d’une conférence organisée au Sénat le 30 septembre et dont Hama Amadou était l’invité spécial.
Des liens ont également été noués avec le lobbyiste Emmanuel Dupuis, qui fait figure de conseiller dans l’Hexagone. Pour muscler sa défense dans le dossier de « supposition d’enfants », Hama Amadou continue de s’en remettre à son avocat, l’ancien bâtonnier Christian Charrière-Bournazel. Enfin, sur le plan politique, il a mûri sa stratégie pour 2016 en s’entretenant, à Paris, avec le chef de l’opposition nigérienne, Seyni Oumarou.
Partisans •
Malgré ses déboires, le patron du Moden dispose de nombreux soutiens au Niger. Ceux-ci sont mobilisés par l’ex-ministre de la santé, Soumana Sanda ; l’ancien maire de Niamey, Oumarou Dogari ; et l’ex-directeur de cabinet de Mamadou Tandja, Malam Mahaman Sani.
Ces personnalités ont multiplié les réunions ces derniers mois afin de créer un rapport de force favorable face au ministre de l’intérieur Massaoudou Hassoumi. Objectif : inciter ce dernier à renoncer à arrêter leur leader à sa descente d’avion. Le jour de son arrivée, plusieurs milliers de sympathisants du Moden pourraient attendre Hama Amadou à l’Aéroport Diori Hamani et à son domicile. Enfin, l’ex-premier ministre est soutenu financièrement par des hommes d’affaires comme Seyni Mereda, qui a fait fortune dans l’imprimerie et l’immobilier, ou encore Ahmed Hamada. Ceux-ci ont contribué aux préparatifs de son retour.
(La Lettre du Continent)