D’importantes vagues de départ des cadres au sommet du ministère du pétrole ont été enregistrées hier, lundi 4 novembre 2024. Sont-elles en rapport avec la très controversée affaire de la société Zimar qui a été désignée pour la construction de la future raffinerie de pétrole de Dosso ? La secrétaire générale du ministère ainsi que son adjoint ont été limogés de leurs fonctions. On annonce également le départ de ses fonctions du Directeur général des hydrocarbures. Un séisme qui s’est saisi du ministère sans qu’on ne sache si c’est en rapport avec l’affaire Zimar ou pas. Tout comme le limogeage du ministre Mahamane Moustapha Barké, intervenu il y a quelques mois de cela et qui est aussi resté inexpliqué.
Pour l’instant, aucune communication officielle du gouvernement, aucune explication dans la cascade des départs des hauts responsables administratifs du ministère n’a été enregistrée, tout comme les contours du marché attribué à la société Zimar.
Jusque-là, les nigériens attendent une réaction ou une mise au point des autorités gouvernementales sur cette affaire à polémique dans l’attribution d’un important projet d’affaire à la société Zimar pour la construction de la future raffinerie de Dosso.
L’attribution de ce marché, annoncée il y a quelques jours, suscite une vive polémique qui ne faiblit pas encore. Comment est-ce que cette imprudence de confier un tel programme à une société qui n’a aucune expérience a été commise ? s’interrogent bon nombre d’observateurs très avisés sur les questions des entreprises étrangères. « C’est un gros risque de compromettre ce projet, pourtant très attendu », s’alarment certains.
La raffinerie de Dosso sera en effet la deuxième raffinerie du Niger, supposée faire une grande percée dans les pays producteurs du pétrole. Le forage, d’autres puits pétroliers ainsi que la mise à jour d’autres gisements offrent de nouvelles perspectives au Niger. Aussi, la nouvelle raffinerie en projet est censée multiplier par 5, la quantité actuellement raffinée par la Soraz, la première raffinerie du Niger, installée à Oualalewa, à quelques encablures de Zinder.
C’est un choix effectué sur une short liste de 8 sociétés de construction qui a débouché sur la désignation de la société Zimar pour effectuer les travaux.
Offres avantageuses
Rien n’a été clarifié dans cette affaire par les autorités concernées, encore moins par les responsables de la société privée dont le site même reste problématique. Depuis l’annonce de l’adjudication du marché à l’entreprise Zimar, c’est l’activiste de la société civile, Bana Ibrahim, qui est au four et moulin pour expliquer et défendre le projet.
« C’est une offre la plus avantageuse en terme de coût », a-t-il expliqué sur sa page Facebook. Ensuite, « les travaux s’effectueront en PPP, c’est-à-dire Partenariat Public-Privé. Et le Niger n’aura rien à débourser, c’est la société privée qui va tout financer depuis l’étude de faisabilité jusqu’à la réalisation de la construction », indique-t-il. Un argument qui ne convainc pas certains observateurs qui ont fini par déceler les arguments du faux dans l’offre du coût du projet.
« La construction de la raffinerie de Dosso, en même temps qu’un complexe pétrolier va être à peu près sur le même coût que la raffinerie de Zinder », rapporte-on. « C’est impossible », rétorque-t-on. D’abord parce que la raffinerie de Dosso va avoir un volume 5 fois supérieur à celui de la raffinerie de Zinder, ensuite il faut compter avec l’actualisation des coûts. « Il est impossible que la raffinerie de Dosso et le complexe pétrolier coûtent les mêmes montants que la Soraz », expliquent les connaisseurs de la chose. « Cette offre anormalement basse cache un problème », préviennent-ils.
La société canadienne reste ensuite difficilement visible. Sur place, toutes les recherches engagées n’ont pas permis d’avoir une traçabilité suffisante sur le parcours et l’expérience de la société. Son site web reste vide de toute information. Au Canada où est sensée être établie, les recherches sur place, menées par la diaspora n’ont abouti à aucun résultat concluant.
D’autres éléments prêtent encore à confusion. Des informations fournies qui sont contradictoires, tantôt Zimar est une société vieille de près de 30 ans, tantôt elle est créée il y a de cela 15 ans. Que faut-il croire ? Rien. Sinon, que tout sur cette société prête à polémique. Pourtant, aucune réaction officielle n’est intervenue pour éclairer les nigériens sur cette affaire qui est perçue avec beaucoup d’angoisse.
Que fait Bana Ibrahim sur cette affaire ?
La seule intervention enregistrée à la date d’aujourd’hui est celle de Bana Ibrahim, acteur de la société civile, membre du Front patriotique pour la souveraineté (FPS). Selon plusieurs sources, Bana Ibrahim a fait irruption dans ce dossier non pas pour défendre le choix opéré par le CNSP mais pour défendre les affaires de l’ancien ministre du pétrole Mahamane Moustapha Barké. L’ancien ministre est connu pour son appartenance au parti politique Lumana, tout comme Bana Ibrahim. Ce dernier et l’ancien ministre Barké entretiennent des relations particulières. La société Zimar aurait été introduite au Niger par Barké, le traitement du dossier et l’adjudication du marché datent de l’époque Barké avant qu’il ne soit débarqué du gouvernement en plein midi.
Depuis son départ du gouvernement, les nigériens scrutent les moindres signes à la recherche d’une explication sur les raisons de son limogeage. Toujours est-il qu’il y a anguille sous roche avec le départ avec fracas d’un ministre placé sur un portefeuille ministériel stratégique.
Si Bana Ibrahim a multiplié des interventions sur cette affaire, c’est justement parce que le business de son camarade di parti pourrait être menacé. Pour les nigériens, il est urgent que le gouvernement de la transition creuse un peu plus sur le verni de la société qui, pour beaucoup d’observateurs, n’a aucune expérience sur la construction des raffineries.
Ibrahim Elhadji dit Hima