L’exhibition des femmes sur les réseaux sociaux, aujourd’hui à la mode, a pris une proposition très inquiétante dans nos sociétés. À la limite de la décence, des jeunes filles, voire des femmes adultes, se livrent en spectacle sur les plateformes mobiles, exposant leur corpulence, en lieu et place des contenus éducatifs ou informatifs utiles à la société.
‹‹ Le scandale du siècle ! Sans blague, avec l’arrivée des réseaux sociaux, on aura tout vu ! ››, s’exclame BJ, un internaute, commentant une publication d’une dame qui, s’exhibant sur Tik Tok, en vêtement décolleté, presque transparente, soit disant qu’elle conseille ses sœurs femmes africaines à ‹‹ mettre en valeur leur féminité ›› devant les hommes.
Et Izu, un autre internaute de rebondir, ‹‹ lorsque vous regardez une femme africaine créant du contenu en s’exhibant, comprenez aisément… Trop de liberté ››, pour qualifier cette attitude de dépravation des mœurs, aux antipodes des valeurs intrinsèques à la femme africaine.
En effet, cela semble devenir la mode d’aujourd’hui, rien qu’à voir comment ces femmes et jeunes filles se démerdent à créer des contenus plutôt ‹‹ vulgaires ›› qui n’ont d’autre but que d’exhiber leur corps. Elles sont présentes sur Facebook, Instagram, Tik Tok et bien d’autres applications mobiles, à la quête d’un score de ‹‹ followers ›› (abonnés), pour se targuer ensuite, d’avoir ‹‹ un record de Like et de Partage ›› sur leur contenu.
À cette allure, sans gêne et sans la moindre éthique, elles s’offrent une liberté qui dégrade malheureusement l’image et la perception de la femme au sein de l’opinion publique africaine. Le pire est que cette tendance à s’exhiber sur les réseaux sociaux (RS) ne fait qu’accentuer les stéréotypes déjà portés sur la femme africaine, la réduisant tel un ‹‹ objet sexuel ›› pour les hommes. Ce qui ne devrait pas être le cas.
Les raisons d’une telle exhibition
Selon Cheikh Elh Oumarou Mahaman Bachir, islamologue et président de l’Alliance des Religieux pour le Développement Socio-éducatif Économique et Sanitaire (ARDSES), « cette tendance de la femme à s’exhiber sur les réseaux sociaux peut prendre plusieurs formes, notamment à travers les coutumes, la mode, la déperdition des mœurs, etc. ».
Pour Cheikh Elh Bachir, ‹‹ l’importation des modes vestimentaires est la cause principale, du fait que nos communautés africaines s’accrochent aveuglément à tout ce qui se présente comme mode devant elles, sans pour autant savoir ce qu’il représente dans la société expéditrice ››. Ainsi, différents modèles sont exposés et facilement adaptés aux quotidiens de nos jeunes.
La mode vestimentaire étant l’une des causes de cette exhibition de la femme sur les réseaux sociaux, « se filmer pour faire plaisir à son copain ou pour se faire voir par les autres, devient une action nécessaire, tantôt par amour, tantôt pour la promotion de ses modèles », fait noter le Cheikh.
Toutefois, beaucoup de débordements se font déchainer sur les réseaux sociaux, cela, à travers des tentatives des hommes pervers qui incitent leurs victimes à se dénuder, moyennant des services ou des sommes d’argent qu’ils leur proposent.
De nos jours, poursuit Cheikh Elh Bachir, « la prostitution se fait aussi, à travers les réseaux sociaux ». Ce que dénoncent beaucoup, surtout ces jeunes-là qui ont été victimes, en proposant leurs services sexuels, après une simple acceptation d’une invitation sur l’un des canaux émanant de l’intérieur ou de l’extérieur du pays.
‹‹ Cette pratique est due au manque de censure et de gestion des cas d’arnaque qui, parfois, piègent leurs victimes, mais aussi due aux déperditions des mœurs et la mauvaise utilisation des sites pour des fins ignobles ››, regrette notre interlocuteur.
Effets néfastes de l’exhibition des femmes sur les Réseaux sociaux
Parlant des effets néfastes de l’exhibition de la femme sur les réseaux sociaux, l’on peut citer la promotion de la prostitution et la déperdition des mœurs, mais aussi la pédophilie, l’arnaque et bien d’autres. En clair, lorsqu’une femme s’exhibe en ligne, elle n’apporte rien de bon à la société, elle dégrade plutôt l’image de la femme.
Et pour preuve, à la lumière des différents commentaires qui suivent les publications de femmes qui s’exhibent sur les réseaux sociaux, plus de 50% des internautes ne sont pas envers elles. Mieux, ils trouvent que cette tendance à s’exhiber sur les réseaux sociaux contribue plutôt à la dégradation de l’image de la femme et de la jeune fille.
Dans son nouveau rapport (communiqué de presse du 25 avril 2024), l’UNESCO qui est l’organisme onusien chargé de l’éducation, la science et la culture, a alerté l’opinion contre ‹‹ l’impact des réseaux sociaux sur les jeunes filles ››. Le rapport met surtout en évidence, la manière dont les réseaux sociaux renforcent les stéréotypes de genre, engendrant des répercussions néfastes sur le bien-être, l’apprentissage et les choix de carrière des filles. Plus grave, souligne le même rapport, cette exposition en ligne peut avoir des effets néfastes sur l’estime de soi, parlant de la femme ou de la jeune fille, ainsi que la perception que les internautes (hommes et femmes) ont sur le corps de la femme.
Une chose est sûre, c’est cette sensation de liberté qu’offrent les réseaux sociaux qui constitue, en même temps, le danger pour la femme. Un couteau à double tranchant auquel l’on doit vraiment se méfier. À bon entendeur salut !
Koami Agbetiafa