Les avocats de l’épouse du président Hama Amadou n’ont pas formulé de demande de liberté provisoire, c’est pourquoi elle continue de garder prison dans le cadre du traitement judiciaire du dossier relatif au présumé trafic de bébés. C’est l’explication fournie aux Nigériens par les autorités judiciaires du pays, suite à la liberté provisoire accordée il y a quelques jours à 16 des 18 prévenus impliqués dans la même affaire.
Mais cette explication n’a pas convaincu les Nigériens. Bien au contraire, elle les a plutôt confortés dans leur conviction que le régime a exploité politiquement le dossier pour se débarrasser de Hama Amadou du perchoir de l’Assemblée nationale en le contraignant à quitter le pays pour fuir l’injustice. Depuis le déclenchement du processus et à toutes étapes décisives, le ministre de la Justice, garde des sceaux, porte parole du gouvernement, s’est personnellement impliqué dans la campagne d’intoxication des Nigériens sur les contours du dossier. Il en a fait sa propre affaire, se permettant même de violer le secret de l’instruction dans certaines de ses sorties médiatiques, dans l’espoir de convaincre l’opinion.
Il n’a pas dérogé à cet exercice malsain, à l’occasion de la mise en liberté provisoire des 16 prévenus parmi lesquels figure évidemment l’ancien ministre d’Etat Abdou Labo. Non satisfait certainement des explications fournies par le Procureur de la République sur les libertés provisoires accordées et les raisons pour lesquelles l’épouse de Hama Amadou et un de ses proches n’en ont pas bénéficié, Marou Amadou s’est cru en devoir d’enfoncer le clou, dans une intervention d’une rare agressivité qui laisse à la limite penser qu’il a des comptes personnels à régler avec le président Hama. Pour s’offusquer d’ailleurs contre l’octroi intempestif des libertés provisoires qui est prévu par la procédure pénale, au motif que beaucoup de gens assimilent souvent l’acte à une relaxe pure et simple.
Et de marteler une fois de plus que la prolongation de la détention en prison de l’épouse de Hama Amadou pendant que les autres prévenus impliqués dans le dossier sont provisoirement libérés n’a rien de politique. Mais qui peut-il convaincre en continuant à clamer cette assertion, en dehors bien évidemment de ses camarades guristes qui ont décidé d’abattre le président Hama Amadou par tous les moyens, y compris en s’en prenant abjectement à sa famille ? Qui Marou peut-il convaincre lorsqu’on a vu comment le régime et ses thuriféraires se sont déployés corps et âme dans la cabale contre Hama dans le cadre de la gestion du dossier judiciaire, une campagne de dénigrement pour l’aboutissement de laquelle la constitution et d’autres textes de la République ont été allégrement violés ?
Ils ont soutenu que c’est parce qu’il n’y a pas eu de demande de liberté provisoire la concernant que Mme Hadiza Hama Amadou continue de garder prison. Soit ! Mais le même jour où ses 16 codétenus ont été libérés, nous avons appris qu’une demande a été introduite par ses conseils. Mais contre toute attente, ladite requête a été examinée et rejetée, lundi dernier, d’après un des avocats de la dame. A partir de ce moment, les explications fournies pour divertir les Nigériens ne tiennent plus la route. C’était tout simplement pour amuser la galerie. Naturellement, la question que les gens se posent devant cette situation est de savoir en quoi la prolongation de sa détention peut-elle permettre d’apporter un plus dans la poursuite de l’instruction ?
Les charges qui pèsent sur elles sont-elles plus accablantes que celles qui pèsent sur ses codétenus libérés provisoirement ? C’est la même affaire de trafic de bébés, pourquoi alors ce traitement différencié entre les prévenus ? Les choses étaient claires dès le début qu’il s’agit d’un dossier purement politique, et ce refus d’accorder la liberté provisoire à l’épouse de Hama ne fait que renforcer cette perception. Que le ministre Marou, qui est chargé de veiller à l’exécution de la sale besogne, cesse donc de prendre les Nigériens pour des gens qui n’ont aucune capacité de discernement, à qui on peut raconter n’importe quoi. Au demeurant, lorsqu’on revisite certaines de ses sorties médiatiques dans le cadre de la gestion de ce dossier qui montre à quel point le régime est cynique, on constatera facilement ses incohérences d’une intervention à une autre.
Un exemple : lorsque le débat sur l’audition éventuelle de Hama par le juge s’est posé, il avait laissé entendre qu’il y a une procédure à respecter à cause de son statut de député qui nécessitait préalablement la levée de son immunité parlementaire. Et curieusement, plus tard, c’est le même Marou qui introduit une demande aux fins d’arrestation de Hama Amadou alors même l’immunité de ce dernier n’était pas encore levée. Devant la difficulté qui s’était posée au régime de pouvoir mobiliser le nombre de députés requis pour parvenir à le faire. C’était un coup de force, mais le but poursuivi n’a pas été atteint puisque le président Hama a préféré s’en aller avant qu’on ne le prenne pour le jeter en prison comme un mal propre, conformément à la volonté du Manitou du Guri système.
La détention prolongée de son épouse pendant que ses codétenus sont libres de leurs mouvements entre dans logique du funeste projet d’écarter par tous les moyens le président du Lumana de la course pour les élections présidentielles de 2016. Mais c’est peine perdue.