Les dessous de l’augmentation du prix du Gasoil : BAZOUM, IBRAH et les 40 milliards

Quatre mois après la chute du président Bazoum Mohamed, on découvre chaque jour, un pan de la camarilla mise en place par lui, pour capter les ressources publiques. Il y va ainsi de l’ingénieux système mis en place à la SONIDEP avec pour corollaire, l’augmentation du prix du gasoil, quelques mois seulement après la nomination  de  M. Ibrahim Mamane à la Direction générale de cette Société d’Etat.

En effet, pendant que les nigériens s’attendaient à une petite réduction du prix des hydrocarbures, après 10 ans de stabilité, grande fut leur surprise de voir que l’Etat a décidé d’opérer une augmentation substantielle du prix du gasoil à la pompe, passant de 538 FCFA à 668 FCFA le litre, soit une augmentation de près de 25%. Cette hausse, indique-t-on, devait préserver les stocks et donc l’approvisionnement du marché domestique. Une cause bien noble.

Mais la vérité est toute autre. Cette augmentation cachait un autre but inavoué : celui de se constituer une réserve pour le financement du projet politique personnel de Bazoum. « Ce projet prévoyait de rompre d’avec son mentor Issoufou Mahamadou (qui serait subitement devenu le diable incarné) et ses camarades du PNDS, se construire une image d’homme intègre et aller vers la conquête d’un pouvoir qu’il voudrait absolu et pour lui seul, sans le soutien du Tarayya dont les principaux responsables se retrouveraient dans les geôles ou pour les plus chanceux d’entre eux, jetés à la vindicte populaire ». La création de Hamzari et l’alliance projetée avec Hama Amadou participent donc de ce projet-là.

Le stratégique montage a permis d’augmenter conséquemment la rémunération de la SONIDEP qui est passée de 26,1 FCFA/l à 77,77 FCFA/l, soit un rehaussement de près de 200% et une rémunération supplémentaire cumulée annuelle de 18,6 milliards de FCFA. C’est donc le faramineux montant de 40 milliards de FCFA (21,5 + 18,6) que le DG Ibrah Mamane a la charge de soustraire pour servir la cause de son président ami.

Le magot acquis, il ne reste plus qu’à le soutirer des comptes de la SONIDEP. Et c’est là que le stratagème, devenu la marque de fabrique de la gestion Bazoum, est mis en œuvre.

Comment les 40 milliards ont-ils été « gérés » ?

Subitement et comme par magie, le Directeur général de la SONIDEP, Ibrah Mamane a fait apparaitre un déficit en gaz qui s’est multiplié par 5 sur un an, entre 2021 et 2022, alors même que sur la même période, le Ministre du pétrole avait décrété un moratoire sur la délivrance des autorisations d’ouverture des centres de distribution de gaz. Une consommation imaginaire en gaz domestique, créée exprès, pour le besoin de la cause.

Il s’agissait donc de créer les conditions pour un meilleur soutirage des 40 milliards offerts en cadeau dans la structure des prix. C’est ainsi qu’une multitude de Contrats a été attribuée à des proches triés sur le volet pour importer d’énormes quantités de gaz. Une arnaque qui s’est jouée d’une part sur le prix du gaz à l’importation et l’absence de livraison du gaz commandé. Pis, des démultiplications des mêmes commandes passées par la SONIDEP ont permis de mieux la gruger.

Le discours de Bazoum sur la lutte contre la corruption, tenu tout au long de sa gouvernance de 2 ans et demie, a été que du saupoudrage avec en prime, une manipulation de l’opinion et des règlements des comptes. Sur ce plan comme sur bien d’autres sujets, Bazoum a su faire preuve de son exceptionnel talent de se passer du bourreau à la victime, car au regard de ce qu’on sait, les corrompus sont plus autour de Bazoum que partout ailleurs.

L’argument selon lequel il a été renversé parce qu’il a engagé une lutte implacable contre la corruption n’est que de la poudre aux yeux ; les révélations sur les milliards gagnés en moins de deux ans par ses parents en sont que d’éloquentes preuves.

 

Mourtala Issa