Si la récente envolée des prix des produits de consommation pouvait être justifiée par l’impact des sanctions prises par la CEDEAO (Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest) à l’encontre du Niger, il n’en demeure pas moins vrai que le comportement peu orthodoxe de quelques commerçants grossistes est souvent mis en cause. En effet, de l’avis des clients et même des détaillants, cette brusque flambée des prix des produits de première nécessité est fabriquée de toute pièce par la boulimie des grossistes qui ne font que spéculer sur des anciens stocks de denrées, d’ailleurs acquis bien avant les mesures prises par les Chefs d’État de la CEDEAO, notamment la fermeture des frontières avec le Niger.
Il est devenu trop aisé ces derniers temps, d’avancer comme argument, les sanctions prises par la Cedeao, pour justifier cette brusque flambée des prix des produits sur les marchés. Ce faisant, on oublie vite le comportement peu orthodoxe de ces commerçants grossistes qui, malgré les anciens stocks dont ils disposent encore pour le moment, continuent de faire de la surenchère sur le dos des consommateurs, tout en faisant croire que l’augmentation des prix des produits est seulement due à l’impact
des sanctions de la Cedeao.
Le constat sur les marchés de la capitale conforte davantage cette assertion.
Au marché Dolé de Niamey, par exemple, nous avons rencontré un certain Moussa sortir d’un magasin, un bidon d’huile de 25 litres à la main pour l’attacher sur sa moto. L’ayant apostrophé pour savoir le prix, il a déclaré qu’on le lui a vendu à 28.250 francs CFA.
Pour pousser notre curiosité, sur le champs, nous nous sommes rendus dans le magasin du commerçant en question chez qui nous avons demandé le prix d’un bidon d’huile de 25 litres. Et à notre interlocuteur de nous rétorquer ‹‹ le bidon de 25 litres c’est à 27.500 FCFA ››. Soit une différence de ‹‹ 750 francs CFA ››. Là, on a vite compris qu’il s’agit tout simplement de la spéculation.
De plus, l’on s’est rendu compte que le monsieur pris de peur, nous aurait pris pour des agents de contrôle de l’État sur le terrain, en train de vérifier les prix des produits.
La preuve, un peu plus loin, cette fois-ci, dans une grande boutique toujours au marché Dolé, notre équipe a été opposée à une fin de non-recevoir du gérant qui a refusé de nous donner les prix des divers produits alimentaires, car sachant pertinemment qu’on n’est pas venu acheter.
Pour l’acteur de la société civil Sidi Fodi Hamidou du RASCONI (Réseau des Associations des Consommateurs du Niger), ‹‹ bien avant même les mesures de la CEDEAO, au lendemain du coup d’état, les commerçants grossistes avaient augmenté le prix des produits alors qu’il n’y a pas de nouveaux stocks ››.
C’est en ce sens qu’il a invité les nouvelles autorités du pays à prendre toutes les dispositions afin de non seulement sanctionner les commerçants véreux, mais aussi d’accompagner les paisibles citoyens.
Pour Mahamadou, commerçant dont les produits sont actuellement bloqués à la frontière béninoise, pour cause de sanction de la Cedeao, c’est tout simplement de la mauvaise foi de la part des commerçants grossistes qui ont délibérément augmenté les prix des produits. Fustigeant ce comportement, il a pris l’exemple du sac de 25 kilos de riz qui est passé entre 11.500f et 12.000f à 12.750f voire 13.000 francs CFA après les évènements du 26 juillet 2023.
D’après les informations recueillies ici et là, c’est une situation qui semble dépasser les responsables des marchés, à l’instar de Ibrahim Aboubacar Gandou, l’adjoint au gérant du marché Dollé de Niamey qui avoue que malgré les sensibilisations, les commerçants grossistes ne font qu’à leur tête, pénalisant du coup les consommateurs dans leur droit à la vérité des prix.
Dans cette manœuvre des grossistes à vouloir gagner à tout prix sur le dos des consommateurs, cela pénalise également les détaillants qui subissent eux-aussi, le dictat des grossistes.
Au marché Habou Tégui de Niamey, Harouna revendeur de maïs dit ne pas comprendre cette surenchère qui fait que le bol est passé de 700f à 1000f, en l’espace de quelques jours. Idem pour le mil dont le sac de 100 kilos de 30.000f à 33.000 FCFA, dans la même période.
Une surenchère qui est délibérément orchestrée par les commerçants grossistes que d’aucuns qualifient de véreux.
‹‹ Nous-mêmes nous n’avons pas approuvé ces augmentations qui n’ont pas de sens, du moment où nous avons encore des stocks de denrées alimentaires dans le pays ››, nous a confié Harouna.
On l’aurait compris, il s’agit simplement de la mauvaise foi des commerçants grossistes avec une situation de flambée généralisée des prix qui est fabriquée de toute pièce par les commerçants grossistes.
Qui alors pour arrêter cette boulimie des grossistes qui ne pensent qu’à leur intérêt ?
Il ne reste qu’à interpeller les autorités compétentes à veiller au grain et au respect de la vérité des prix des produits de consommation, en ramenant à l’ordre, ces commerçants véreux qui voudraient se faire des profits sordides sur le dos des consommateurs.
Wait and see.
Koami Agbetiafa