« (…) notre parti a gagné de très loin cette élection du point de vue des suffrages et qu’il maintient sa suprématie et son hégémonie à l’intérieur comme à l’extérieur du pays », déclare Kalla ANKOURAO
Kalla ANKOURAO est Secrétaire général du Comité Exécutif du PNDS-Tarayya. Il est également le 1er vice-président de l’Assemblée nationale. Ancien ministre de la santé, de l’équipement et ancien chef de la diplomatie nigérienne, il est membre du Présidium du parti rose. Dans cet entretien exclusif, il éclaire la lanterne du lecteur sur les principaux événements marquants le PNDS durant les six derniers mois de l’année, les élections législatives de la Diaspora et la question sécuritaire au Sahel.
Niger Inter Hebdo : Monsieur le Secrétaire général, après le 8ème Congrès de votre parti, le PNDS-Tarayya, les six derniers mois ont été marqués par de grands événements. Il y a eu, entre autres, le Congrès de l’organisation des femmes Tarayya (OFT), la réunion de l’Internationale socialiste à Niamey, les élections de la Diaspora. Pour commencer cet entretien, comment va le PNDS-Tarayya ?
Kalla ANKOURAO : Dans le cadre de ses activités traditionnelles, le PNDS avait programmé d’importants évènements entre décembre 2022 et juin 2023, c’est-à-dire au cours des sept derniers mois. Ces évènements devraient répondre à un calendrier élaboré depuis août 2022 qui prévoit le 8ème Congrès ordinaire du parti convoqué depuis août 2022 pour se tenir en fin d’année. Dans la même foulée, les congrès des deux organisations de masse du parti à savoir l’organisation des femmes et celle des jeunes ont été programmés pour se tenir en mai/juin 2023. Nous avions également prévu à l’agenda, la tenue à Niamey, courant juin 2023, de trois réunions de l’Internationale Socialiste ; enfin, suite à l’enrôlement des nigériens de l’extérieur, nous savions qu’une élection législative partielle serait organisée pour pourvoir aux cinq sièges de la Diaspora. Comme vous le constatez, nous avions conscience que nous devrions prévoir de déployer en six (6) mois, une forte mobilisation pour assurer une mise en œuvre parfaite de cet agenda. Aujourd’hui, toutes les activités prévues ont été réalisées avec le succès que l’on sait, preuve que notre parti se porte bien et que nos structures demeurent mobilisées.
Niger Inter Hebdo : Au niveau de vos organisations de masses, le Congrès de l’OFT a consacré une alternance par le passage du témoin de Mme Hadizatou Yacouba OUSSEINI à Mme Bety Aichatou. Est-ce à dire que l’alternance est dans l’ADN du PNDS-Tarayya ?
Kalla ANKOURAO : Vous avez été témoin de la tenue, dans des conditions remarquables, du congrès de l’organisation des femmes Tarayya (OFT). A cette occasion, le parti a réuni les responsables femmes de toutes les structures du parti. Vous avez bien remarqué que la mobilisation était à son comble. A l’issue de son conclave, l’OFT a mis en place un nouveau bureau qui est appelé à présider à la destinée de cette organisation pour les quatre prochaines années. Le processus a été conduit dans les conditions prévues par le règlement intérieur de l’OFT. Vous relèverez que la camarade Hadiza Yacouba Ousseini a laissé place à Mme Bety Aichatou Oumani qui était sa vice-présidente depuis huit ans. Nous sommes fiers de ce passage de témoin entre deux camarades engagées et très proches l’une de l’autre. Vous vous rappelez sans doute que le camarade Foumakoye Gado a dû quitter la présidence de la fédération PNDS-Tarrayya de Dosso pour occuper le poste de président du Comité Exécutif National (CEN). Suite à cette vacance au niveau de Dosso, Mme Ousseini Hadiza a été sollicitée par les camarades pour combler le vide ainsi créé. Et dès lors qu’elle a été élue présidente du BEF de Dosso, elle a décidé d’éviter le cumul de postes aussi importants et par conséquent de ne pas se présenter à la présidence de l’OFT. Voilà les faits ; c’est aussi simple que cela ! Au PNDS, il n’est pas de tradition d’imposer l’alternance mais nous recommandons plutôt le rajeunissement des structures en vue de préparer la relève. Tout le reste n’est que le résultat de l’application des textes régissant le fonctionnement du parti.
Niger Inter Hebdo : Quid de l’Organisation de la jeunesse Tarayya (OJT) dont le Congrès a été reporté sine die ?
Kalla ANKOURAO : En ce qui concerne l’organisation de la jeunesse Tarayya (OJT), le report de son congrès répondait à un souci d’agenda. En effet, avec la réunion de l’Internationale Socialiste et l’élection législative au niveau de la Diaspora, toutes les deux prévues pour mi-juin, il est apparu nécessaire de reporter de quelques semaines le congrès de l’OJT, lui aussi initialement prévu en juin. Ce report nous a permis de concentrer toutes nos énergies à bien préparer les deux évènements majeurs susmentionnés. A la date d’aujourd’hui, nous n’avons pas encore définitivement fixé une date pour le congrès de l’OJT. Cependant, nous avons demandé à cette organisation de faire tout son possible pour tenir son congrès en septembre prochain.
Niger Inter Hebdo : La réunion du comité Afrique de l’Internationale Socialiste (IS) s’est tenue à Niamey du 16 au 17 juin 2023. Selon vous, pourquoi le choix du Niger pour la tenue de cette instance ?
Kalla ANKOURAO : La réunion du comité Afrique de l’IS a été décidée à l’issue du dernier congrès de cette organisation tenue en novembre 2022 à Madrid en Espagne. Le nouveau président de l’IS, le premier ministre espagnol Sanchez, en accord avec plusieurs partis africains membres, a sollicité notre parti pour organiser à Niamey trois instances importantes de l’organisation à savoir : le conseil de l’IS, le conseil des femmes de l’IS (ISF), le comité Afrique de l’IS. Ils ont fondé leur choix sur les remarquables acquis démocratiques et l’exemplarité de la gouvernance du PNDS. Notre parti a accepté volontiers cette offre en dépit de la complexité prévisible de l’organisation de tels évènements. Cependant, des raisons de calendrier politique en Espagne ont amené le président Sanchez à reporter les deux conseils. C’est pourquoi seul le Comité Afrique s’est tenu les 16 et 17 juin 2023. Avec le recul, nous nous sommes rendu compte que le report du conseil de l’IS et du conseil de l’ISF était salutaire puisque pas moins de 120 délégations de partis politiques et organisations sœurs étaient attendues à cet évènement. Ce qui aurait constitué pour le PNDS un véritable défi logistique.
Niger Inter Hebdo : La démocratie nigérienne a été célébrée par les socialistes africains comme un modèle en Afrique tout comme les grands leaders du PNDS qui ont réalisé la 1ère alternance démocratique au Niger. Que retenir de cette grande rencontre de Niamey ?
Kalla ANKOURAO : La réunion du comité Afrique de l’IS, tenue les 16 et 17 juin 2023 à Niamey a offert l’occasion aux courants socialistes et socio-démocrates d’Afrique de mener des échanges approfondis sur la santé des partis politiques membres, l’évolution du processus d’enracinement de la culture démocratique en Afrique, ainsi que les changements de régimes par des voies non constitutionnelles. Outre le débat sur le thème intitulé « consolider la démocratie et renforcer les capacités des Etats dans la région africaine », la réunion a procédé à un examen des situations nationales dans les pays des partis membres, sur la base des rapports présentés par ces derniers. La réunion a également fait un large débat sur une proposition des grandes lignes d’un projet de plan d’action pour la mise en œuvre de la déclaration de Dakar et sur le renforcement de la solidarité pour accroitre la résilience des partis membres. La réunion du comité Afrique n’a pas manqué de procéder à des échanges d’informations sur la gouvernance de certains partis membres, et particulièrement sur les circonstances des interruptions du processus démocratique et de la perte de pouvoir par le MPP au Burkina Faso, le RPM au Mali et le RPG en Guinée suite à des coups d’Etat. Le PNDS a eu l’insigne honneur d’être désigné pour introduire le thème de la réunion. Les participants étaient unanimes à se féliciter de la qualité et de la pertinence de la contribution présentée par notre parti et ont profité pour saluer le PNDS et ses dirigeants qu’ils considèrent comme un modèle, une école, et une référence pour les partis socio-démocrates à l’échelle du continent.
Niger Inter Hebdo : Les résultats des élections législatives partielles de la Diaspora sont connus. D’aucuns parlent de contreperformance du PNDS. Quelle est votre lecture de ces résultats ?
Kalla ANKOURAO : Incroyable ! J’ai découvert dans une certaine presse qui ne fait aucun mystère de son obédience et sur les réseaux sociaux, des titres sensationnels proclamant sans retenue aucune, que le PNDS a subi, lors de cette élection, une « déroute électorale », d’autres parlent de « défaite » et même de « débâcle »… Comment peut-on coller de qualificatifs de ce genre, sans aucun fondement, sans aucune preuve ? Comment peut-on faire croire à l’opinion que notre formation politique, qui s’est hissée en tête à l’issue de cette élection, avec 31.546 voix, a subi une défaite ou une déroute, alors que le parti arrivé en second n’a obtenu que 21.340 voix, soit dix mille voix de différence ; Comment peut-on affirmer de manière éhontée qu’un parti qui est premier dans onze pays sur quinze, avec par endroit des progrès spectaculaires comme au Togo ou au Nigéria, a subi une défaite ? Comment peut-on affirmer cyniquement qu’un parti politique qui a progressé de plus de 10% entre l’élection de 2016 et celle de 2023 a subi un échec, une défaite ou une déroute ? Ceux qui sautent ce Rubicon sont évidemment, comme à leurs habitudes, animés du sombre dessein et de la détermination farouche et aveugle de manipuler une certaine opinion non avisée.
Heureusement que nos militants, dans leur écrasante majorité, ont appris à se prémunir de ce genre d’intoxication. En vérité, la seule véritable régression que notre parti a subi est la baisse, en Côte d’Ivoire, du suffrage dont notre parti est crédité par rapport à 2016 ; et les raisons de cette régression n’ont rien à voir avec la bonne santé du parti. En effet, l’examen des résultats de l’élection dans ce pays met en lumière deux raisons principales qui justifient cette régression : la première est le faible taux de participation qui est passé de 65,53% en 2016 à 49,32% en 2023 du fait que l’élection a eu lieu à un moment qui coïncide avec le retour au pays des exodants. Sur la base des voix obtenues par chaque parti à cette élection, cette baisse du taux de participation a fait perdre 13.500 voix au PNDS ; la deuxième raison est liée au fait que le nombre de partis en compétition est passé de 05 en 2016 à 10 en 2023 ; ce qui est de nature à provoquer une dispersion de voix, toujours au détriment du plus fort, en l’occurrence le PNDS. Rien que ces deux arguments techniques peuvent largement justifier le fait que la moyenne qui aurait permis au PNDS d’avoir le troisième siège soit égale à 10.515, alors que la moyenne qui a permis au parti arrivé deuxième d’avoir son deuxième siège est égale à 10.670. Comme on le constate, le dernier siège a été perdu par le PNDS à 165 voix près.
Au-delà de ces raisons purement techniques, il faut reconnaitre que la présence du candidat du PSD-Bassira nous a gêné en Côte d’Ivoire. En effet, du fait que l’intéressé soit issu du même terroir que notre candidat, le risque de dispersion de voix était grand. Malheureusement, c’est ce qui a été constaté dans ce cas précis, les électeurs n’ayant pas eu le réflexe de privilégier le vote utile.
Certes, perdre un siège constitue forcément une contreperformance pour n’importe quel parti et quelles qu’en soient les raisons. Mais le plus important pour nous est que notre parti a gagné de très loin cette élection du point de vue des suffrages et qu’il maintient sa suprématie et son hégémonie à l’intérieur comme à l’extérieur du pays. Il faut se féliciter de la grande mobilisation dont les camarades ont fait preuve à tous les niveaux pour assurer ces résultats ainsi que de la préservation de l’unité et de la cohésion au sein du parti qui nous garantit une bonne stabilité et le rêve trentenaire de certains qui attendent la dislocation du PNDS attendra encore longtemps, très longtemps, in sha Allah.
Niger Inter Hebdo : En plus de tous ces évènements évoqués, on peut dire que sur le plan sécuritaire le Niger s’en sort toujours mieux que ses voisins. Quelle est votre appréciation de la situation sécuritaire au Sahel ?
Kalla ANKOURAO : S’agissant de la situation sécuritaire au Sahel, je constate que nous avons la même appréciation, à savoir que notre pays s’en sort toujours mieux que ses voisins. Le nombre d’attaques terroristes chute drastiquement. Nous sommes en train de gagner la bataille contre les groupes armés terroristes et les organisations criminelles. Les rares attaques que nos forces subissent encore aujourd’hui nous viennent de l’autre côté des frontières. Les attaques massives que nos forces de défense et de sécurité ont subies en 2019-2020 ne sont qu’un triste et lointain souvenir. Pour en arriver là, le gouvernement a dû améliorer sa stratégie et renforcer les FDS en équipement, en formation, en renseignements et en effectifs. Par ailleurs le renforcement de la coopération avec les alliés s’est amélioré et celle-ci est devenue plus efficace et plus fructueuse. Entre temps, le tout sécuritaire s’est muté pour laisser place à d’autres initiatives comme l’introduction dans notre démarche sécuritaire du principe de contacts avec certains djihadistes aux fins d’explorer les voies et moyens de leur faire abandonner la violence. Le pouvoir s’est également résolument engagé dans l’intensification des actions civilo-militaires, y compris la lutte contre la radicalisation et l’extrémisme violent.
Malgré tous les succès enregistrés, la vigilance reste de mise car nous savons que tant que les groupes armés terroristes garderont la possibilité de se ravitailler en armes, carburant, combattants et moyens de subsistance, ils continueront à survivre et causer des soucis à nos FDS et aux populations.
Interview réalisée par Abdoul Aziz Moussa