Le weekend dernier, à Niamey, Tillabéri et Dosso, la Société nigérienne d’électricité (Nigelec) a, comme qui dirait, rappelé aux citoyens qu’elle reste et demeure le fauteur de trouble qui constitue le nœud gordien de la Renaissance. Les questions légitimes que se posent les Nigériens : à quand la Nigelec nous rassurera une fois pour toute que notre pays dispose des sources d’énergies ? A quand la fin de tout ce calvaire dû aux coupures intempestives du courant électrique ? Pourquoi la Nigelec a jusqu’ici traduit les volontés politiques les plus osées en échec ?
Certes, le Président de la République a déroulé une ambition, son programme en matière d’électrification du pays en milieu urbain comme rural. Interpellé par les parlementaires le weekend dernier, le ministre de l’Energie, Ibrahim Yacouba a déclaré que la vision du gouvernement est de « booster de 20 à 80% le taux d’électrification au Niger dans les dix prochaines années ».
Tout ceci pourrait être saisi par le citoyen lambda comme des promesses sans lendemain. Non pas qu’on ne croit pas au politique, mais avec la posture actuelle de la Nigelec, il y a de quoi avoir des pincettes. Malgré les investissements colossaux faits pour que cette société d’Etat réponde aux attentes des nigériens, on a l’impression que l’autosuffisance énergétique dans notre pays n’est pas pour demain. Est-ce un problème d’hommes ou de gestion ? La question reste posée.
« L’électricité de plus en plus rare … mes factures d’électricité de plus en plus élevées… sacrée Nigelec même quand le compteur ne tourne pas …tu es facturé quand même… en plus, le gars du « re-levé » ne passe plus voir mon compteur … le département facturation imagine ce que je consomme à distance … la Société Civile utile voilà un combat pour vous ! ». Une alerte. Le cri de cœur de Harouna Moumouni sur Facebook.
Il est en effet récurrent d’entendre des citoyens se plaindre : malgré le délestage excessif, la Nigelec a tendance à facturer plus. Un vrai paradoxe. Comment admettre en plus des mille et un dommages provoqués au consommateur par la nationale d’électricité, ce malin plaisir à vouloir encore le marauder ?
Il n’est plus question ici des raisons du délestage ambiant puisque depuis que le DG de la NIGELEC a dit de façon péremptoire que « personne n’a de solution à ce problème sauf Dieu », les citoyens rationnels prennent leur mal en patience. Mais il est plutôt question ici, même si on ne peut pas offrir de l’électricité au consommateur pour son argent, de facturer justement ce qu’il consomme. Ni plus. Ni moins. Le juste prix du KWH.
En effet, ils sont nombreux à indexer le service facturation de la Nigelec. Des releveurs de plus en plus invisibles et des factures de plus en plus disproportionnées par rapport à la consommation réelle. Un autre puzzle à décomposer par les responsables de la Nigelec.
Le miracle tant attendu de la Centrale de Gorou Banda n’a pas eu lieu. Et si la Nigelec commence à assainir ses relations avec sa clientèle ? Face aux appréhensions et préjugés au sein de l’opinion, il est plutôt question pour cette société de rétablir la confiance entre elle et les consommateurs. Et pour ce faire, il faudrait, entre autres mesures, convaincre les uns et les autres qu’ils payent réellement ce qu’ils consomment.
Ailleurs, des actions solidaires des consommateurs pourraient condamner la Nigelec à se reprendre, voire à payer le trop-perçu. La société civile a bien d’autres chats à fouetter pour laisser les citoyens s’embourber dans des conjectures.
Tiemago Bizo
Niger Inter Hebdo N° 114 du mardi 13 juin 2023