A travers divers engagements, les Forces de Défense et de Sécurité du Niger continuent de mener des opérations de lutte contre l’insécurité sous toutes ses formes et ce, sur toute l’étendue du territoire national. Récemment, dans la région de Diffa, ils ont intercepté plusieurs groupes de familles de terroristes quittant la forêt de Sambissa au Nigeria en direction des îles du Lac Tchad au Niger. C’est ce qu’a rapporté le bulletin N°0005 du 9 mars 2023 des opérations des FAN.
Celui-ci ajoute que les familles interceptées ont été remises aux autorités du Nigéria. Cette information a, aussi, été relayée par le bulletin d’information des activités de la zone de défense n°5 de Diffa. Celui-ci indique que dernièrement, les deux factions de Boko Haram « se sont livrés à des combats acharnés pour le leadership, ce qui a contraint des centaines de familles de Boko Haram à se retrancher au Niger où nos FDS les ont capturées ».
Selon la même source, « le 26 février 2023, 129 personnes dont 67 enfants, 3 vieux, 49 femmes et 10 hommes, tous de nationalité nigériane, ont été interceptés le long de la frontière aux environs du village de Gueskérou et ensuite transférés à Gaidam aux autorités du Nigéria ».
Le bulletin d’information de la zone de défense n° 5 annonce par ailleurs que « nos courageuses FDS ont appréhendé au cours de cette semaine, plusieurs terroristes et leurs complices dont trois qui se sont rendus volontairement avec leurs armes ». Il précise qu’au « cours de cette semaine, un nombre important de GAT se sont rendus aux autorités ». Cela a été possible, selon le bulletin, grâce à la connaissance du terrain et la vigilance des FDS.
En effet, celles-ci « ont pu couper la grande majorité des lignes logistiques des GAT, ce qui conduira à réduire de façon considérable leurs capacités ».
Des sources bien informées dans la région de Diffa ont, à propos de cette déconfiture des groupes terroristes, rapporté qu’au « moins 200 éléments de Boko Haram se sont rendus aux autorités depuis le début de ce mois ».
En rappel, la région de Diffa a, depuis 2015, été malmenée par des attaques terroristes de Boko Haram.
En effet, c’est en 2015 que la secte terroriste a lancé sa première incursion au Niger en attaquant, le 6 février précisément, des positions des Forces Armées Nigériennes et Tchadiennes situées à Bosso.
Elle a, depuis cette date, multiplié les attaques, les unes plus meurtrières que les autres, provoquant une grave crise humanitaire dans la région.
Heureusement, les incursions terroristes se sont raréfiées face à la montée en puissance des armées des pays du bassin du Lac Tchad. Il faut aussi souligner que la secte s’est, entre-temps, éclatée en deux factions qui s’affrontent sans merci en même temps que les armées régulières du Niger, du Tchad et du Nigéria ne laissent aucun répit aux éléments de ce groupe terroriste. Les affrontements entre les deux factions de Boko Haram, l’une dirigée par Abou Mossab al-Barnaoui et l’autre par Abubakar Shekau avaient débuté à l’annonce, le 2 août 2016, de la destitution du second par l’Etat Islamique (EI) au profit du premier. Une pilule amère, difficile à avaler pour Shekau et ses partisans. Depuis cette date, ils ont livré une farouche opposition à al-Barnaoui et ses hommes, opposition qui se traduit par des combats féroces sur le terrain.
Le 19 mai 2021, alors qu’il était cerné dans la forêt de Sambisa par les terroristes de l’ISWAP (Etat Islamique en Afrique de l’Ouest), la branche dissidente de Boko Haram, dirigée par Abou Mosab al-Barnaoui, Abubakar Shekau se donna la mort en tirant sa ceinture d’explosif pour éviter de se rendre.
Abou Mossab al-Barnaoui, pour sa part, a été tué en Août 2021 mais sa mort n’a été annoncée que le 14 octobre 2021 par l’Armée Nigériane. Mais, cela n’a pas, pour autant, empêché aux deux factions de continuer à s’affronter. Ce qui occasionne la fuite et la reddition sans condition aux autorités nigérianes ou nigériennes de plusieurs milliers de leurs partisans et leurs familles.
Entre rester pour s’entretuer, mourir sous les balles des soldats des armées régulières ou se rendre aux autorités, le choix des terroristes de Boko Haram n’est pas très grand et tend plus que jamais à s’amenuiser. D’où ces redditions des centaines de terroristes et leurs familles aux autorités nigérianes et nigériennes et l’interception par les FDS des dizaines d’autres qui tentent de trouver refuge dans les îles du Lac Tchad, fuyant les combats que se livrent les deux factions dans la forêt de Sambisa.
Bassirou Baki
Niger Inter Hebdo N°105 du mardi 14 Mars 2022