Le vendredi dernier, à l’occasion de la cérémonie des vœux pour l’année 2023, en réponse aux responsables des institutions, le Président Bazoum a tenu un discours qui sonne la fin de la récréation en matière de lutte contre la corruption et l’impunité dans notre pays. Un discours qui résonne comme « un avertissement national » contre les indélicats de tout acabit. « Ceux qui sont sourds à mes appels demandant de proscrire certaines pratiques dans notre administration en seront pour leurs frais », a martelé le Chef de l’Etat.
En effet, quand on s’intéresse véritablement à lutter contre la corruption et l’impunité, cette gangrène qui tire le pays vers le bas, on se rend à l’évidence que la corruption n’a pas de couleur politique encore moins de terre d’élection. Il y a qu’hier comme aujourd’hui elle sévit sur le pays : les individus s’enrichissent en appauvrissant l’Etat et par ricochet aggravant les conditions de vie déjà très insupportables de notre peuple.
Et pour ce combat, le Président Bazoum est, on ne peut plus ferme : « je voudrais faire observer à ceux qui semblent douter de la sincérité de mon engagement en la matière que jamais les prisons du Niger, sous aucun régime, depuis notre indépendance en 1960, n’ont compté autant de cadres de l’Etat privés de leur liberté pour fait de corruption ou de détournement des deniers publics. La Halcia vient de boucler de nombreux dossiers d’enquête qu’elle a transmis au procureur de la République. J’ai ordonné à ce dernier de leur faire suite avec diligence ».
Sous le dernier mandat du Président Issoufou, M. Maman Wada, alors Secrétaire général de l’Association Nigérienne de Lutte contre la Corruption (ANLC) avait mis en avant l’idée que dans sa dimension politique, la lutte contre la corruption à des limites en ce sens qu’il s’agit de sévir sur un allié ou un partisan, qui reviendrait à une sorte de harakiri politique. En effet, sur ce terrain, le jusqu’auboutisme est synonyme du sacrifice ultime politiquement puisqu’il pourrait aboutir jusqu’à la perte du pouvoir d’Etat. L’on se souvient de l’affaire Zakai qui a failli précipiter la rupture d’alliance entre le PNDS et le LUMANA.
Mais on le sait, l’engagement du Président Bazoum à sévir contre la corruption et l’impunité ne date pas d’aujourd’hui. Il avait annoncé avec empressement dans jeune Afrique que le second mandat du président Issoufou serait propice à la lutte contre la corruption. Certes, face à certaines réalités, il est plus aisé de dire que de faire. Cela est d’autant vrai que la corruption est un phénomène comme un serpent de mer. De temps en temps, on en parle au rythme de l’actualité. Mais en attendant, le constat est clair : l’Etat s’appauvrit mais des individus s’enrichissent au détriment du peuple. Au regard de la complexité de la corruption, il s’avère que c’est un combat de tous contre tous.
Conscient du rôle des magistrats pour inverser la tendance, le Président Bazoum leur rappelle son message à l’occasion de la rentrée judiciaire. « Je voudrais à cet égard réitérer mon appel aux magistrats pour qu’ils fassent leur travail convenablement car leur rôle est déterminant dans ce combat contre l’impunité. Ils doivent surtout se garder de protéger ceux des leurs lorsque le comportement de ceux-ci n’honore pas leur noble fonction de juge ».
A la vérité, pour accompagner cet engagement présidentiel à lutter contre la prévarication, il faudrait des actions citoyennes. La putréfaction est réelle au niveau des mœurs à tous les niveaux. Le Président Bazoum a décidé de sévir. Il vient de siffler la fin de la récréation.
Elh. M. Souleymane
Niger Inter Hebdo N°97 du mardi 17 Janvier 2022