La Proclamation de la République le 18 décembre 1958 donne lieu à des manifestations depuis 1959. Elhadj Hima Adamou, dit Hima Dama-Dama, un des doyens des journalistes nigériens, est l’un de ceux qui ont vécu la première célébration de cet événement. Dans ce témoignage, il apporte des précisions jusqu’alors des jeunes générations. »Contrairement à ceux que beaucoup pensent, la proclamation de la République le 18 décembre 1958 n’a pas été fêtée la même année. La célébration grandiose n’est intervenue que l’année suivante, c’est-à-dire en 1959 », dit-il. Il y a aussi une autre vérité à connaître : »jusqu’en 1960, nous n’avons ni les Affaires Etrangères, ni la Défense, ni les Finances. En fait, l’Armée française est restée au Niger, et jusqu’à la prise du pouvoir par le CM, on sentait encore la présence coloniale », ajoute-t-il.
La célébration de la proclamation de la République n’a commencé en réalité qu’en 1959. »Mais là, ce fut une véritable fête. Toutes les régions du Niger se retrouvent à Niamey. D’abord, l’événement se prépare deux mois à l’avance au niveau des régions pour sélectionner les troupes culturelles qui vont les représenter à Niamey », se rappelle encore Elhadji Hima Dama-dama. Et au niveau de la capitale, toute la jeunesse nationale se retrouve une semaine avant le 18 décembre. »On passe les compétitions de chants, ballets, théâtres et les activités sportives. Ainsi, le 17 décembre au soir, une grande réception, regroupant plus de 600 invités venus de tous les coins du pays, est donnée par le Président de la République au Palais présidentiel. Et le matin du 18 décembre, c’est la remise des décorations suivie du grand défilé de l’armée, de la cavalerie, de la jeunesse et de toutes les couches de la population. Dans l’après-midi, c’est l’affluence vers le champ des courses pour la course des chevaux et la finale des compétitions culturelles et sportives. Autant dire que c’était une semaine de fête totale », dit-il.
La célébration du 18 Décembre constituait un véritable creuset pour les jeunes à qui elle permet de se côtoyer, de se connaître et de nouer amitié. »C’était un cadre d’éducation civique où l’on inculque à la jeunesse les valeurs d’unité nationale, de fraternité et de respect de la hiérarchie et des institutions », souligne-t-il. »Je regrette aujourd’hui que la politique politicienne ait détruit tout cela. Il est nécessaire d’inculquer aux jeunes, au-delà des clivages politiques, le respect des valeurs républicaines. Cela passe par le respect du Drapeau, la maîtrise de l’Hymne national, le respect de la hiérarchie, etc. Bref, il faut donner de la valeur à nos valeurs », conclut Elhadj Hima Adamou, dit Hima Dama-Dama.
Siradji Sanda