La hausse du prix de vente du gasoil semble avoir du mal à passer aux yeux de certains consommateurs. C’est pourquoi les connaisseurs de la chose ne ménagent aucun effort pour éclairer la lanterne des citoyens. La mesure semble être admise grâce à la communication déployée par le comité interministériel mis en place à cet effet.
Le Ministre d’Etat, Ministre de l’Energie et des énergies renouvelables, le Ministre du Pétrole, le Directeur Général des hydrocarbures au Ministère du pétrole, le Directeur de Cabinet adjoint du Président de la République et le Directeur Adjoint de la SORAZ ont expliqué à l’opinion les arguments techniques et économiques qui ont sous-tendu cette décision ‘’nécessaire’’ du gouvernement. ‘’Devoir de responsabilité’’, ‘’devoir de raison’’ et ‘’devoir de pragmatisme’’ sont les trois arguments développés par M. Kabirou Zakari, Directeur Général des Hydrocarbures au Ministère du pétrole pour justifier la décision ‘’difficile’’ mais ‘’nécessaire’’ du Gouvernement, avec comme enjeu principal d’assurer la disponibilité des produits et maintenir les prix des produits énergétiques au même niveau.
Sur le plan purement technique, se prononçant sur la mesure d’augmentation du prix du litre du gasoil prise par le Gouvernement, sur le plateau de Télé Sahel, le Directeur Général des Hydrocarbures au Ministère du pétrole a expliqué, de long en large, les raisons techniques et économiques de cette augmentation.
La SORAZ réaffirme son engagement à fournir le produit
Monsieur Ali Harouna, Directeur général adjoint de la société de raffinage de Zinder (SORAZ) était également sorti de sa réserve pour éclairer davantage la lanterne de l’opinion nationale sur la dernière hausse du prix du gasoil à la pompe et les raisons qui la justifient.
Il a de prime abord expliqué que la SORAZ a joué un rôle très important notamment la fourniture du gasoil à la SONIDEP en quantité depuis le début de la crise du gasoil. En plus « nous avons automatiquement obtempéré » quand dans la recherche de solutions pour endiguer le mal, le ministre du pétrole avait arrêté l’export car « nous savons que le problème est sérieux », a-t-il ajouté.
Assurer la disponibilité du produit voilà le rôle qui est dévolu à la SORAZ dans ce contexte et « nous nous y attelons malgré que cela fait 4 ans qu’il n’y a pas eu de maintenance de certaines installations ». Les agents travaillent d’arrache-pied pour maintenir le niveau de production jusqu’à la maintenance qui est inéluctable et qui va intervenir dans 6 semaines.
Pour y parvenir, Ali Harouna a précisé que la capacité de production est de 22 mille baril/jour avec une moyenne de 18 mille jusqu’en début d’année. Cette limite a été rehaussée pour palier au risque de pénurie à 21 mille baril/jour malgré que nous sommes dans l’année de maintenance (la maintenance générale intervient tous les 4 ans). Jusque-là sur le super nous sommes confortables puisque la SORAZ a suffisamment de stock de même que la SONIDEP.
Sur le gasoil, compte tenu de la pression aujourd’hui, on consomme plus que la production journalière de la SORAZ. Et le DGA d’ajouter « je pense que les autorités vont prendre les dispositions pour que soit qu’on arrive à une situation de baisse de la consommation domestique (qui est monté de 23 millions de litres à plus de 50 millions de litre) en si peu de temps soit limité cela ».
Pour lui si on peut revenir à 30 à 45 millions de litre la SORAZ peut en assurer la fourniture. Mais si on reste sur le même rythme en consommant tout ce qui produit, il existe le risque qu’on se retrouve sans aucune réserve quand la maintenance devra intervenir. « Je suis sûr que les autorités sont en train de prendre des mesures pour palier à celà et d’ailleurs la hausse du prix du gasoil en est une » explique-t-il. Elle (la hausse) a été décidée pour freiner la demande parasite pour que les sociétés de production et distribution puissent constituer de la réserve et assurer la disponibilité de ce produit-là.
Dans cette sortie médiatique, Ali Harouna est également revenu sur les perspectives qui s’offrent à la SORAZ dont la production du jet A1 et du polypropylène avec un marché local et sous-régional qui en est demandeur. Ces perspectives pourront à terme, permettre à la SORAZ d’être le fleuron qu’elle devait être et porter vers l’avant l’économie de notre pays.
Une réponse nationale à une crise mondiale
En agissant comme il l’a fait, le gouvernement satisfaisait à trois devoirs que sont : le devoir de responsabilité, le devoir de raison et le devoir de pragmatisme a expliqué Kabirou Zakari.
Selon le directeur des hydrocarbures, à chaque fois que l’Etat a absorbé les effets des crises sur le marché mondial, les prix sont demeurés intacts depuis 2013. C’est une mesure sociale qui a un coût mais nécessaire. Elle était possible à travers la subvention pratiquée à travers un prix de cession du brut à la SORAZ, 40% plus bas que le cours mondial.
Face à une crise qui se prolonge, la responsabilité commande d’agir conséquemment. La responsabilité c’est d’abord la protection du plus grand nombre par le maintien des prix de l’essence et du gaz en l’état. En outre le gasoil, malgré la hausse, reste l’un des prix les plus bas de la sous-région argumente Kabirou Zakari.
Le deuxième devoir est celui de raison. Il s’agit avant tout d’assurer la disponibilité du produit ainsi protéger les consommateurs. Ce qui est menacé par la frote pression sur le gasoil nigérien. Ainsi de 23 million de litre en février la demande est passée à 50 millions de litres en juin 2022. Pire la pression réelle est actu de 80 millions de litres, insiste le directeur des hydrocarbures. Cette hausse est due à une ruée extérieure vers le marché nigérien qui offre le prix le plus compétitif. L’option de protéger les frontières est utopique. Plus de 50 ans qu’on se bat pour cela avec des résultats mitigés.
En outre, il s’agit d’une stratégie globale précise-t-il. D’autres mesures ont été adoptées. Avec le retour progressif des centrales électriques vers le fioul ce seront environ 22% de la production nationale qui viendra s’ajouter au stock de gasoil disponible. A côté de cela il a été créée une task force pour surveiller les marcketeurs et la fraude ainsi que le monitoring de la gestion du gasoil dans les grands chantiers et les industries pour assurer leurs fonctionnement continu mais également éviter le surstockage qui est tout aussi nuisible.
Le troisième devoir est celui de pragmatisme
En protégeant certains postes budgétaires ; en évitant la hausse du coût de l’électricité ; en renforçant la structure des prix nous protégeons le fond d’accès à l’énergie qui supporte la subvention du gaz et de l’essence, le charbon le solaire et bien d’autres produits dont les prix sont maintenus assez bas grâce à cette subvention.
La riposte du Niger est donc globale et ses effets adjacents se feront sentir progressivement.
Auparavant, le Ministre d’Etat, Ministre de l’énergie et des énergies renouvelables, M. Ibrahim Yacouba et son homologue du pétrole Mahaman Sani Issoufou ont expliqué largement les raisons ayant conduit le Gouvernement à prendre cette décision. Le contexte international, la situation du pays, la nécessité de garantir son approvisionnement en produits pétroliers, la préservation des institutions pétrolières, ont contraint le Gouvernement à prendre cette ‘’mesure stratégique et nécessaire de rehausser le prix du gasoil à la pompe’’, a expliqué le Ministre d’Etat devant les partenaires sociaux.
Dans le même registre, le Directeur de Cabinet Adjoint du Président de la République, M. Omar Moussa intervenant sur la télévision Labari a également expliqué les raisons objectives qui ont conduit le gouvernement à la prise de cette décision, tout en rappelant que le comité multisectoriel mis en place était consensuel, inclusif et participatif.
Oumou Gado
Niger Inter Hebdo N°76 du mardi 23 Aout 2022