Saouna Inoussa est acteur de la société civile. Dans l’entretien qui suit, il se prononce sur les mesures pour juguler la crise du gasoil et également dénonce les agissements de certains agitateurs qui voudraient faire une tempête dans un verre d’eau.
Niger Inter Hebdo : Quelle analyse faites-vous ce qu’on pourrait appeler crise du gasoil au Niger ?
Saouna Inoussa : Merci à votre journal de me donner l’opportunité de me prononcer sur cette d’actualité dans notre Pays. En effet depuis le 1er Aout, le gouvernement a décidé d’une augmentation du prix du gasoil à la pompe. Avant cette décision, rappelez-vous que notre pays était confronté à une crise de pénurie du gasoil depuis des semaines. Cette pénurie est naturellement incompréhensible car nous produisons notre propre gasoil. C’est est un secret de polichinelle qu’aujourd’hui la guerre en Ukraine et les sanctions contre la Russie ont considérablement impacté sur la disponibilité du pétrole sur le marché mondial. Du coup cette situation a créé une augmentation des prix et même une indisponibilité pour beaucoup de pays qui s’approvisionnent sur le marché international. Notre pays ayant le prix de pétrole le plus bas est devenu une cible pour s’approvisionner et à moindre coup et cela au détriment des besoins de notre pays. Une mafia de contrebande s’est installée et au regard de la porosité de nos frontières rien ne peut endiguer cette fraude. C’est cette situation qui a obligé le Gouvernement a décidé de cette augmentation pour s’aligner sur les prix de la sous-région et stopper le circuit mafieux et rendre disponible notre gasoil et de protéger notre production nationale. C’est donc dans un souci d’équité et par sens de responsabilité que cette décision a été prise par les plus hautes autorités de notre pays. Il s’agit de protéger notre consommation nationale et assurer le fonctionnement de nos industries mais aussi surtout dans ce contexte de guerre contre-terrorisme ne pas créer une situation qui peut affecter même le mouvement de nos forces et des forces amies qui nous soutiennent. Voilà l’alpha et l’oméga de cette mesure douloureuse mais nécessaire et responsable.
Niger Inter Hebdo : on se rend compte que ceux qui voudraient faire une tempête dans un verre d’eau sont presque les mêmes qui ont voulu faire une révolution à cause de la loi de finances 2018. Quel commentaire vous suscite ce constat ?
Saouna Inoussa : C’est très clair depuis plus de dix ans nous avons des acteurs érigés en professionnels de l’agitation qui guette chaque action du gouvernement pour s’organiser et vouloir sous le label de la démocratie et de la liberté pour tenter de créer une anarchie. Ils sont les mêmes presque et sans aucun répit à s’attaquer à toute décision du gouvernement. Ils tirent sur tout ce qui bouge et hélas sans modération et c’est la cause principale de leur échec permanent. Je comprends que des acteurs sociaux critiquent souvent par principe certaines décisions gouvernementales. Mais ce regroupement politico-civil amalgame tout. Tantôt je vous parlais de la pénurie du gasoil dans notre pays depuis des mois . Est-ce que vous avez entendu ces individus. NON. C’est au moment où le gouvernement décide de prendre des mesures pour y faire face de manière pérenne qu’ils sortent toute une litanie de revendications. Dans leur excès ils revendiquent tout, ils demandent tout en espérant toujours avoir une adhésion des populations. A la suite de cette augmentation du gasoil qui apparaît à leurs yeux comme une occasion en or pour atteindre leur objectif. Pour cela ils créent un mouvement pompeusement appelé M62 mais en vérité c’est une sous-traitance des actions.
Au lieu de prendre la tête de leur projet, ils manipulent des jeunes acteurs complètement méconnus et les mettre au-devant de ce mouvement car ils sont discrédités par l’outrance et le mensonge.
Depuis 2013 qui est la référence de leur entrée en rébellion contre l’Etat, ils ont créé plusieurs mouvements dont entre autre « Sauvons le Niger », « Cadre de Concertation » et que sais-je encore mais c’est la même finalité qui est l’échec. En 2021 lors des élections ils ont aussi essayé mais c’est toujours un désaveu car c’est est un tissu de mensonge.
Aujourd’hui tout le monde a compris qu’en vérité tout ce bruit consiste à se donner une valeur marchande auprès des autorités et en profiter discrètement. Je note au passage qu’il existe bien des acteurs sincères qui défendent des valeurs qui ne sont pas dans l’outrance et milite de manière constante pour le triomphe des principes universels.
Niger Inter Hebdo : En tant qu’acteur de la société civile que faire selon vous pour que la crise du gasoil n’impacte pas les plus vulnérables ?
Saouna Inoussa : Le gouvernement a engagé des négociations avec les structures directement concernées et des accords ont été signés pour mettre en place des mesures d’accompagnement et limiter les impacts de cette augmentation sur les transports mais aussi les marchandises. C’est sûr il y aura des anarchistes qui vont vouloir passer outre et tenter d’augmenter des prix fantaisistes et contre ceux-là je demande au Gouvernement de sévir de manière très ferme. Le ministère du pétrole à travers la SONIDEP est à pied d’œuvre pour rendre le gasoil disponible partout dans notre pays et surveiller en collaboration avec les autorités pour endiguer toute contrebande. Je profite pour rappeler la question du gaz qui est aujourd’hui une grande aberration. Le Ministère du Commerce à travers ses services n’arrive pas à faire respecter le tarif fixé et des lobbies puissants résistent face à l’Etat et continue de spolier les populations. Comme pour le Gasoil il y a une mafia qui pratique la contrebande de notre pays en direction des pays voisins. Je pense qu’il faut vite agir pour ne pas encore créer une nouvelle situation.
Propos recueillis par Elh. M. Souleymane
Niger Inter Hebdo N°76 du mardi 23 Aout 2022