Le Bureau Politique National du Renouveau Démocratique et Républicain (RDR) Tchanji a finalement rendu publique sa déclaration, très attendue, le jeudi 11 Aout 2022. Depuis la publication des propos de Doudou Rahama qui ont fait le buzz sur les réseaux sociaux, une folle rumeur avait annoncé le RDR Tchanji en passe de quitter l’opposition politique. Mais à travers sa déclaration, le parti de Mahamane Ousmane conforte sa position au sein de l’opposition nigérienne. Le plus surprenant c’est surtout l’engagement tardif de Nafarko dans le honteux débat sur la nationalité de Mohamed Bazoum.
Après avoir apprécié le climat sécuritaire au plan international et national, le RDR Tchanji s’est également prononcé sur la présence de Barkhane sur notre territoire et la hausse du prix du litre de gasoil au Niger. Sur la présence de Barkhane : « Le BPN du RDR Tchanji réitère son opposition à toute présence militaire étrangère illégale et illégitime sur le sol nigérien ».
A propos de l’effort national de guerre, « Le BPN saisit cette occasion pour rendre un vibrant hommage à nos Forces de défense et de sécurité pour la bravoure et le sacrifice qu’elles consentent dans la défense de la Patrie et salue la mémoire de toutes celles et tous ceux qui sont tombés sur le champ d’honneur ».
S’agissant du contentieux post électoral, « Le bureau politique National du RDR Tchanji rappelle que les élections 2020 – 2021 ont donné lieu à plusieurs contentieux électoraux, dont un seul a pris fin, avec le verdict de la Cour de Justice de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) en date du 31 Mai 2022. Il reste, comme vous le savez, les contentieux relatifs aux falsifications des pièces d’Etat civil du candidat Bazoum Mohamed, et qui sont pendants devant les juridictions, tant au plan national qu’international ».
Après avoir rappelé que Mahamane Ousmane avait pris acte du verdict de la Cour de justice de la CEDEAO, le RDR Tchanji a déclaré : « Le Renouveau Démocratique et Républicain, RDR Tchanji, tient valablement sa place au sein de l’opposition politique nigérienne. A l’Assemblée Nationale, il est membre d’un des deux groupes parlementaires de l’opposition, appelé l’Union Pour la République (UPR).» Et le challenger du président Bazoum a bien voulu remercier ses amis de l’opposition pour leur soutien à sa candidature. Mahamane Ousmane a dit en substance qu’il reste et demeure à l’opposition. C’est comme qui dirait, ‘’j’y suis, j’y reste’’. Ce qui fait de Mahamane Ousmane l’opposant principal au régime de la Renaissance car c’est un des rares hommes politiques en vue qui a fait plus de dix ans à l’opposition depuis l’avènement du PNDS au pouvoir. Et comme pour rassurer son principal allié à savoir le Lumana FA, « le BPN du RDR Tchanji saisit également cette occasion pour exiger la libération immédiate et sans condition, des prisonniers politiques détenus suite aux évènements ayant entouré les élections de 2020-2021, à savoir l’Autorité Morale du MODEN FA LOUMANA, Son Excellence Hama Amadou, Mr Saidou Tahirou Maiyaki, Président de la Coordination Loumana Tillaberi, le Général à la retraite Moumouni Boureima et toutes les autres personnes injustement arrêtées ».
Nationalité de Bazoum, une réaction tardive de Nafarko
C’est un truisme de dire que le bon sens fait cruellement défaut dans le débat démocratique nigérien. Au lieu de faire un débat d’idées, beaucoup de nos concitoyens optent pour la facilité à savoir les attaques personnelles, les insultes, les contre valeurs et autres insanités. Jusqu’à une date récente, Mahamane Ousmane s’est gardé de se prononcer sur ce débat honteux. En dépit du fait qu’il soit le challenger du président Bazoum et de l’adversité politique, Nafarko a refusé de mettre en avant cette affaire de nationalité du candidat Bazoum. Mais dans la déclaration du RDR Tchanji, comme un cheveu dans la soupe, Mahamane Ousmane semble faire de cette question son cheval de bataille. C’est comme qui dirait, Mahamane Ousmane, après son revers électoral n’a rien trouvé de mieux de réchauffer une contre-valeur, une recette inopérante sur laquelle ses alliés se cassés la figure au moment des joutes électorales.
De ce débat sur la nationalité de Mohamed Bazoum, tout démocrate, tout citoyen ne peut que déplorer cette défaillance dont certains hommes politiques en mal d’inspiration partagent la responsabilité. Tout le temps que Bazoum était serviteur de l’Etat comme enseignant, député et ministre, ses pourfendeurs n’avaient rien à redire. Il a suffi qu’il soit candidat à l’élection présidentielle pour que quelques-uns mettent en branle une stratégie tendant à comploter contre lui dans le seul but de convaincre le juge d’invalider sa candidature.
C’est révoltant d’en arriver là. Certes, en politique, tous les coups sont permis, dit-on. Mais n’est-ce pas ridicule de nous rabaisser à ce point où chacun doit prouver qu’il est plus nigérien que l’autre. Un historien, en l’occurrence Ali Ramadan Sékou, a mis en évidence avec des éléments généalogiques probants que Bazoum est plus nigérien que beaucoup de ses pourfendeurs.
Mais on l’aura compris, la manœuvre des adversaires de Bazoum a révèlé une peur panique de l’affronter à travers les urnes au regard du bilan de son régime, sa probité, sa popularité et sa stature d’homme d’Etat de la trempe de l’ex président Issoufou Mahamadou.
Et comme l’opposition a passé tout son temps dans une posture contreproductive, elle n’était pas préparée aux joutes électorales normales. Elle a constamment cherché à discréditer le processus électoral en son temps avec des arguments tirés par les cheveux sur fond d’antivaleurs. C’est un rappel, l’opposition nigérienne, dans l’optique de prendre en otage le processus électoral, avait fini par saborder toutes les initiatives d’un dialogue politique aussi bien nationales qu’internationales.
À l’épreuve des faits, les récriminations de l’opposition n’ont pas convaincu les partenaires techniques et financiers du Niger qui n’ont pas hésité à accompagner conséquemment le processus électoral, matériellement et financièrement.
Et comme qui dirait, faire contre mauvaise Fortune bon cœur, l’opposition nigérienne s’est retrouvée curieusement en ordre de bataille dans le même processus électoral qu’elle avait tant décrié. Même si elle n’a pas occupé ses places à la Commission électorale nationale indépendante (CENI), elle avait placé ses pions dans les commissions administratives et, c’est vérifiable, tous les partis politiques de l’opposition ont postulé selon leurs capacités aux différents scrutins dans le cadre des élections générales.
La manœuvre contre la nationalité de Bazoum n’était qu’un stratagème qui en dit long sur le désarroi d’une opposition qui a brillé par son absence sur le terrain politique. En s’agrippant tardivement sur cette contre-valeur, Mahamane Ousmane donne l’impression qu’il est mal inspiré. Il s’engage dans un combat qui n’est le sien. Du moins, cette posture ne rime pas avec l’image du républicain et du démocrate qu’il incarnerait.
A l’épreuve des faits, les visages de tous les comploteurs contre le candidat du PNDS et leur mode opératoire sont désormais connus. Leur manœuvre s’avère être un fiasco et par ricochet les adversaires de Bazoum ont eu le seul mérite de le rendre plus populaire et le plus attirant aux yeux des Nigériens. A notre humble avis, Mahamane Ousmane a franchement raté une très belle occasion de se taire sur un sujet qui ne fait plus recette.
Parmi tous les pourfendeurs de Bazoum qui peut oser dire qu’il a fait pour le Niger plus que lui ? Qui a pris politiquement plus de risques que Bazoum ? Certes c’est une posture politicienne mais quelle est la pertinence de mettre en avant des antivaleurs (tribalisme, racisme…) dans un combat démocratique ? Et curieusement nos ‘’leaders politiques’’ prétendent être panafricanistes et progressistes ! Mais comme le ridicule ne tue pas, quelques-uns de ces activistes ‘’assez civilisés’’ ont préféré aller à Canossa ! C’est humain.
Elh. M. Souleymane
Niger Inter Hebdo N°75 du 16 Aout 2022