Tchintabaraden, la capitale de l’Azawak située dans le nord de la région de Tahoua, a accueilli comme de coutume les manifestations commémoratives de la Journée Nationale de la Concorde. Prévues pour être organisées le 24 avril, lesdites manifestations se sont déroulées, cette année, le 7 mai 2022, pour cause du jeûne du mois de Ramadan. Elles se sont tenues sur fond de la crise sécuritaire qui prévaut dans notre pays, crise sur laquelle le Premier Ministre et toutes les personnalités qui se sont prononcées pendant ces manifestations sont largement revenus. Pour les autorités nigériennes, la lutte contre le terrorisme ne se résume pas à la seule action militaire et elles l’ont expliqué devant les invités à la fête de Tchintabaraden.
D’après Ouhoumoudou Mahamadou, le Premier Ministre nigérien, la paix retrouvée dans la zone touchée par la rébellion dite Touareg grâce à la mise en application des accords de paix du 24 avril 1995 « devra être maintenue, consolidée et renforcée quotidiennement ».
Pour le besoin de pérenniser les acquis de cette paix, l’Etat du Niger a créé des institutions étatiques comme la Haute Autorité à la Consolidation de la Paix et la Stratégie de Sécurité et de Développement dans les Zones Sahélo-Sahariennes.
« Ces deux institutions stratégiques ont le mérite d’élaborer et de mettre en initiatives de stabilisation des zones fragiles œuvre diverses notamment les zones affectées par le conflit en facilitant l’accès aux opportunités économiques et aux services sociaux de base aux populations concernées; des services sociaux de base tels que les soins de santé, l’éducation, l’eau, la sécurité de proximité, vaccination et les abreuvoirs pour le bétail, les produits de consommation courante, les pistes rurales pour désenclaver les villages, etc. », a précisé le chef du Gouvernement dans son allocution de lancement des manifestations entrant dans le cadre de la célébration de la fête de la Concorde.
Pour consolider la paix, le Gouvernement fournit des efforts énormes pour mobiliser des financements en vue de mettre en œuvre des projets et programmes destinés aux populations.
C’est dans ce cadre que le Premier Ministre a annoncé l’élaboration en cours d’un grand Projet de développement intitulé « Renforcer la Paix et la Cohésion Sociale » découlant du Programme Intégré de Résilience et de Consolidation de la Paix (PIRCOP- Concorde), une initiative locale suite à une fête précédente ici à Tchintabaraden.
Ledit projet bénéficie d’une enveloppe de 37,6 Millions d’euros, soit plus de 25 milliards de francs CFA, est en majeure partie financé par l’Allemagne et connaitra son installation courant 2023.
Il viendra, ainsi, renforcer le dispositif de programmes de développement déjà en cours dans l’Azawak, tels que le FICOD qui finance les Plans de développement communaux (PDC) des communes à travers des subventions annuelles ciblées et le Programme de Promotion de l’Education (PPE) centré sur les infrastructures scolaires et l’emploi des jeunes.
Avant de clore son propos, le Premier Ministre n’a pas manqué de rappeler le fort engagement du gouvernement et des forces de défenses et de sécurité à faire face à la turbulence dans laquelle est plongé notre pays du fait des actions des groupes armés terroristes et des trafiquants de tous bords.
La sécurité étant une affaire de tous, Ouhoumoudou Mahamadou a appelé les populations à bannir toutes attitudes de complicité active ou passive avec les ennemis de la paix. « Encouragez et faites la promotion des actions et attitudes favorables à la paix la concorde et la quiétude sociale. Soyez vigilant et informez les FDS sur toutes les situations suspectes » a-t-il conclu.
La célébration de la fête de la Concorde a, aussi, été marquée par l’intervention du Président de la Haute Autorité à la Consolidation de la Paix (HACP),
« La fête du 24 Avril, journée de l’Unité Nationale est un moment important dans notre histoire dont nous devons être fière. L’Unité Nationale retrouvée nous a vaccinés contre la résurgence de l’irrédentisme », a souligné le Général Mahamadou Abou Tarka.
En rappel, des mouvements terroristes se sont implantés dans le nord Mali suite à l’effondrement de la Libye sans avoir pu le faire dans notre pays où le terreau n’est pas fertile pour une telle action.
Au Niger, « les mouvements terroristes qui déstabilisent les régions de Diffa et de Tillabéry et dont l’action se fait sentir au nord Ouest de la régions de Tahoua (dans les départements de Tillia, Bagaroua et Tahoua) sont militairement plus redoutables que l’ancienne rébellion et leur discours idéologique empruntent ostensiblement à la rhétorique du Jihad international popularisé par les deux organisations mondiales les plus dangereuses à savoir Al Qaida et l’Etat Islamique », a expliqué le Président de la HACP.
Pour les combattre, le Gouvernement nigérien a noué avec ses partenaires et alliés de très bonnes relations afin qu’ils lui fournissent les équipements nécessaires, forment ses Forces Spéciales, tout en sachant bien qu’il revient à notre pays seul, ses FDS et ses populations de mener le véritable combat contre le terrorisme.
Il faut souligner que la majorité de jeunes qui rejoignent les groupes terroristes le font pour des raisons économiques qu’une véritable crise de la campagne est venue aggraver avec la dégradation de l’environnement et la compétition pour les terres entre les communautés.
Une des solutions pour y remédier, a déclaré le Général Mahamadou Abou Tarka, consiste à « combiner la sécurité et le développement, la réponse militaire et la réponse économique ».
Cependant, a-t-il expliqué, « ces deux réponses ne peuvent à elles seules venir à bout de la crise sans changer de manière radicale notre gouvernance, sans une administration qui met au centre de ses préoccupations l’intérêt des citoyens ».
Il faut, donc, éviter, « comme nous l’a enseigné l’expérience de la rébellion Touareg, de stigmatiser une communauté, au risque de pousser encore plus des membres de cette communauté dans le terrorisme ».
Une expérience ayant donné des résultats probants a été celle qui a consisté à tendre la main à ceux qui sont égarés. « Nous l’avons fait à Diffa où plus de 500 ex combattants de Boko Haram, après un séjour à Goudoumaria, ont pu être réintégré dans leur communauté à la grande satisfaction de leur parents », s’est réjouit le Président de la HACP.
L’expérience de Goudoumaria doit, nécessairement, être rééditée dans les régions de Tillabery et de Tahoua, parce qu’il s’agit de sortir des jeunes nigériens des mouvements armés.
Pour y parvenir, il importe « d’engager le dialogue avec les leaders communautaires des terroristes identifiés. De les mettre du coté de l’Etat, et les aider à envoyer des messages à leurs enfants ».
« Nous devons coûte que coûte sortir nos enfants des groupes terroristes, a martelé le Général.
Bassirou Baki Edir