Des questions brulantes de l’actualité nationale et régionale, telles que la lutte contre la corruption au sein de l’administration publique, la gestion des ressources minières, la coopération monétaire au sein de l’espace UEMOA, la monnaie unique « Eco », la coopération et son style de gouvernance », tels sont entre autres sujets au menu de l’entretien accordé par le président de la République, Mohamed Bazoum, à la Voix de l’Amérique (VOA).
L’épineuse question de la lutte contre la corruption qui constitue un des axes majeurs du programme de gouvernance du président Mohamed Bazoum a constitué le premier point abordé dans cet entretien. Sur ce point, la question posée au Chef de l’Etat est de savoir, comment compte-t-il combattre le fléau de la corruption qui est aujourd’hui une gangrène dans plusieurs pays en Afrique. Sans langue de bois, le président Bazoum a tenu d’abord à réaffirmer son engagement sans faille à combattre la corruption au Niger, principalement au sein de l’Administration où la pratique s’est largement répandue. « Je sais que la tâche n’est pas facile à mener un tel combat », a reconnu le Chef de l’Etat. « Mais je reste déterminer à lutter contre ce mal, conformément aux lois et règlements de la République », a-t-il rassuré.
D’ailleurs, toutes les personnes à qui « j’ai confié des responsablités depuis ma prise des fonctions sont suffisamment averties sur cette question et sur les mesures que je prendrais à leur encontre dès lors qu’elles ont été confondues pour des faits ou actes liés à la corruption », a prévenu le président de la République. Dans tous les cas, « l’Etat sera mis dans ses droits », a-t-il indiqué.
Dans les domaines des industries extractives, telles que l’exploitation et la commercialisation de l’Uranium et du Pétrole, le président Bazoum a estimé qu’il y a moins des pratiques corruptives dans la mesure où « l’uranium ne rapporte plus grand-chose ». Et en ce qui concerne le pétrole, a expliqué le président Bazoum, « il serait très difficile de poser des actes de corruption étant entendu que le Niger n’est pas seul sur ce projet. Il y a les chinois, d’où l’impossibilité pour les agents de l’Etat de s’adonner à des pratiques corruptives ».
Sur la question de la coopération entre la France et les pays francophones, notamment ceux de l’espace UEMOA, le président Bazoum a expliqué que «le lien qui nous unis est le Franc Cfa, une monnaie arrimée à l’Euro, lui garantissant une stabilité », indiquant que c’est le principal centre d’intérêt qui maintient nos Etats avec la France. Mais cela ne signifie pas que « nos pays ne peuvent s’affranchir de la France s’ils jugent de la nécessité de se démarquer », a-t-il indiqué.
S’agissant de la monnaie unique, a renchéri le Chef de l’Etat, « l’objectif que poursuivent les pays de la CEDEAO est de disposer de leur propre monnaie », ce qui avantagerait beaucoup plus le Niger dans ses relations commerciales avec le Nigeria, « surtout si les deux pays partagent une même monnaie », a expliqué le président Bazoum. C’est pour cette raison d’ailleurs que « les pays de la zone CEDEAO exhortent le Nigéria à s’investir davantage pour que nous aboutissions à une monnaie commune », a laissé entendre le Chef de l’Etat.
Interrogé sur son style de gouvernance, caractérisé par sa simplicité dans la conduite de son régime (proximité avec la population, allégement du dispositif de la sécurité présidentielle et certains principes protocolaires), le Chef de l’Etat a estimé que selon lui, « c’est cela qui devrait être, c’est son style à lui ».
Oumar Issoufa
Niger Inter Hebdo N°43 du mardi 23 novembre 2021