Vous êtes passionné du développement personnel alors la rédaction de Niger Inter vous accompagnera! Nous partagerons avec vous chers lecteurs des productions de ces grands maitres, ces philosophes du 21eme siècles dont la vocation est de motiver les autres a se réaliser, a devenir la personne qu’on a envie d’être, de développer votre potentiel, bref tout simplement a atteindre vos objectifs dans la vie. Comme élément inaugural nous publions ici un entretien avec Robert Greene auteur de « Les 48 lois du pouvoir », alias Machiavel de notre époque.
« Atteindre l’excellence » : voici le titre du dernier ouvrage de Robert Greene, auteur américain connu pour ses livres sur le pouvoir et la séduction. Dans ce livre, l’auteur, diplômé de Lettres Classiques à Berkeley, entend dévoiler les clefs qui mènent à l’excellence.
À travers la vie des grands maîtres d’hier et d’aujourd’hui, Robert Greene dévoile le pouvoir qui a permis à quelques-uns de devenir des génies dans leur domaine. Un pouvoir qui n’est pas le résultat d’un talent inné, mais le fruit d’un apprentissage accessible à tous, qui permet d’aider à trouver son chemin de carrière. Rencontre avec le mentor des people les plus célèbres de la planète, de 50 Cent à Barack Obama.
Vous êtes spécialiste des thèmes du pouvoir et de la séduction. Pensez-vous que la fin justifie les moyens lorsqu’il est question de pouvoir ?
Robert Greene : Cela dépend des circonstances. Durant la seconde guerre mondiale, l’avenir du monde libre était en danger face à Hitler. À l’époque, de grands hommes tels que Churchill ont construit la résistance autour de grands mensonges et écrasé de nombreuses villes en Allemagne aux dépens de milliers de vies. On peut aussi citer l’exemple d’Abraham Lincoln et de la question des esclaves aux Etats-Unis, qui a dû faire des choses « machiavéliques » pour parvenir à ses fins. Même Gandhi, pour lutter contre les Anglais en Inde, s’est servi de la stratégie. Ce n’est jamais noir ou blanc.
On vous compare souvent à Machiavel, trouvez-vous que cela soit justifié ?
Robert Greene : Il parait qu’en France, c’est très péjoratif. C’est dommage, car Machiavel était un homme très intelligent, que j’admire énormément, un écrivain très complexe, subtil, avec un sens de l’ironie très développé, un grand séducteur qui adorait les femmes. C’était aussi un fin connaisseur d’art, de théâtre, d’histoire… Il représente parfaitement l’homme de la Renaissance. Si l’on me compare à lui, j’en suis très honoré !
Vous avez d’ailleurs écrit un roman intitulé L’Art de la Séduction. Pensez-vous que la séduction soit liée au pouvoir ?
Robert Greene : Je suis convaincu que le goût du pouvoir n’est pas relatif à une forme d’agressivité ou de violence. Dans la vie, si l’on est trop agressif, trop brutal ou trop direct, cela ne marche pas : il est donc préférable d’être le plus indirect possible. Dans mon premier livre sur le pouvoir (Les 48 Lois du Pouvoir, ndlr.), j’évoque Ninon de Lenclos, grande séductrice du XVIIème. Baser mon second livre sur le pouvoir le plus indirect, le plus efficace et le plus magique qu’il soit, la séduction, semblait donc logique. Et je mets toutes les sortes de séduction dans le même sac : politique, marketing, sexuelle, sociale… Il s’agit de la même psychologie.
Revenons-en à votre dernier livre, Atteindre l’excellence. Selon vous, le talent est-il inné ?
Robert Greene : Au contraire ! C’est justement cette idée de talent inné qui m’agaçait. Il s’agit d’un mythe qui remonte à l’époque où seules les élites pouvaient poursuivre leur vocation. La science a déjà détruit cette idée de talent inné en montrant que le cerveau humain est très malléable et qu’il peut évoluer. Certaines personnes sont nées avec un QI plus élevé, c’est vrai. Toutefois, nous avons plus ou moins un cerveau de même taille, c’est sa configuration qui diffère : ainsi, dès l’enfance, nous sommes amenés à être touchés par des sujets ou des activités tout à fait uniques et propres. C’est en suivant cette inclination que nous pouvons parvenir à l’excellence. Ce que l’on fait reflète alors l’unicité que nous avions à la naissance, qui elle est génétique. Le message que je souhaite faire passer est donc très positif et démocratique : n’importe qui peut atteindre l’excellence. Bien sûr, ce n’est pas facile de l’atteindre, mais nous n’avons pas d’excuse pour ne pas le faire.
Ce mythe de l’excellence a donc été créé par l’élite, pour l’élite ?
Robert Greene : Tout à fait. Au XIXe siècle encore, il était impossible pour les femmes d’atteindre l’excellence : on disait qu’elles étaient inférieures, qu’elles avaient un cerveau plus petit que celui des hommes, etc. Il en va de même pour les gens des classes sociales basses ou pour les minorités. Dorénavant, nous savons que tout ceci est complètement faux.
Le travail que l’on choisit doit-il être une affaire de passion ?
Robert Greene : Il faut une connexion émotive avec le sujet, sinon il arrivera forcément un moment où cela ne nous intéressera plus. Or, nous apprenons plus vite lorsque l’on aime quelque chose. Cela ne veut pas dire que tout ce que l’on fait doit être amusant. Certaines personnes aiment beaucoup la musique par exemple, mais n’ont pas vraiment l’oreille musicale. Elles peuvent cependant parvenir à trouver du travail dans ce domaine, en devenant manager ou avocat spécialisé…
Vous avez coécrit un livre avec 50 Cent. Comment s’est passée cette collaboration ? A-t-il appris des choses sur lui en lisant le livre ?
Robert Greene : Lorsque j’écrivais mon livre sur les stratégies de guerre, j’écoutais son premier album afin de me mettre en condition. Lui aimait beaucoup mon premier livre et désirait faire ma connaissance. Nous venons de deux mondes opposés, mais une chose nous lie dans l’esprit : nous pensons toujours de manière stratégique. Je lui ai donc proposé de le suivre pendant quelque mois, afin de percer le secret de son pouvoir. Il a beaucoup appris sur lui-même et m’a notamment confié que s’il avait été témoin de nombreuses choses dans les rues de New York, rien ne le préparait au monde de la musique, où les gens sont extrêmement manipulateurs. Nous avons tous les deux fini par trouver le secret de son pouvoir : 50 Cent n’a peur de rien. Rien à voir avec le fait de braver des situations violentes, il n’a simplement pas peur d’échouer, d’être seul, ou des autres.
Quelle est votre citation favorite ?
Robert Greene : Une devise de De Vinci « Ostinato Rigore », la rigueur obstinée : cela signifie que ce qui me sépare des autres n’est pas l’intelligence ou le génie, c’est ma persistance. Et c’est la seule différence entre les autres et moi-même.
Site Internet de Robert Greene : www.robertgreene.fr
Source: Le journal des femmes