Le Premier ministre, Chef du gouvernement, Ouhoumoudou Mahamadou, a accordé une interview à la télévision nationale et au journal Le Sahel. Dans cet entretien qui a duré plus d’une heure d’horloge, le Chef du gouvernement, sans langue de bois, est revenu sur plusieurs sujets touchant la vie de la nation.
Les succès enregistrés dans la mise en œuvre de l’action gouvernementale, notamment la Déclaration de politique générale du gouvernement (DPG) à travers ses sept axes ont été le premier sujet abordé au cours de cette interview. L’occasion pour le Premier ministre d’apprécier, axe par axe, les succès engrangés dans la mise en œuvre de la DPG.
Globalement, a-t-il dit, « le début de la mise en œuvre de la DPG a été très positif ». Il a toutefois relevé les différents défis auxquels son gouvernement a fait face dans la mise en œuvre de cette politique, à savoir la restructuration des différents ministères, la rareté des ressources, le défi lié aux procédures financières ainsi que la situation sanitaire née de la pandémie de la COVID-19 et la situation sécuritaire. « Malgré ces défis, nous avons retrouvé notre chemin et nous avons pu réaliser un certain nombre d’actions prioritaires », a-t-il indiqué.
S’agissant de la lutte contre la corruption, il a rappelé que le président de la République lui accorde une importance capitale. « Il l’a annoncé dans son programme de campagne, il l’a réitéré dans son discours d’investiture de façon très ferme et très claire », a rappelé Ouhoumoudou Mahamadou.
« Dans la DPG, j’ai également repris cet engagement du président », a-t-il souligné avant de faire un état des lieux des instruments et des textes en présence dans le cadre de la lutte contre la corruption pour laquelle le Niger a engrangé des résultats appréciables de 2011 à aujourd’hui.
« Notre pays a gagné extrêmement des rangs importants dans la lutte contre la corruption », s’est réjoui le Premier ministre. Toutefois, ces succès ne sont pas synonymes de repos. « Le gouvernement a pris le taureau par les cornes et il y aura beaucoup d’actions, beaucoup de résultats durant ce quinquennat », a promis le Chef du gouvernement.
Le Premier ministre a par la suite abordé la question des dossiers « très emblématiques » comme l’affaire du Ministère de la défense nationale et celle dite Ibou Karadjé. Relativement à ces deux dossiers, il a rappelé que c’est le président de la République qui a demandé lui-même une inspection pour que des actions concrètes puissent être entreprises. Les deux dossiers sont au niveau de la justice qui suit son cours.
Relativement à l’implication de la Haute autorité de lutte contre la corruption et les infractions assimilées (HALCIA) dans l’organisation des derniers examens scolaires, le Premier ministre s’est dit « très satisfait » de l’implication de cette institution. Tout le monde reconnait qu’il n’y a pas eu de fuite », se réjouit-il. Dans l’ensemble, « tout s’est bien passé et c’est peut-être ce qui explique les faibles taux de réussite qui a été enregistré », estime-t-il.
Le Chef du gouvernement s’est par la suite prononcé sur les dispositions prises pour assurer une bonne organisation de la rentrée scolaire et académique, notamment le paiement des pécules, la nomination des responsables, les dispositions matérielles et des infrastructures avant de s’appesantir sur les actions entreprises pour l’amélioration de la scolarité de la jeune fille.
Evoquant la situation sécuritaire, il a d’abord fait le point de la situation au Niger et la stratégie déroulée par le gouvernement afin de mener une lutte sans merci contre les groupes armés terroristes et salué les succès enregistrés par notre pays et ses partenaires dans cette lutte.
« Grace aux efforts déployés par le gouvernement et la mutualisation des efforts avec les partenaires, les groupes terroristes sont dans une situation où elles ne peuvent s’attaquer qu’aux populations civiles désarmées », tout en indiquant que des « centaines de terroristes ont été neutralisés ». En somme, « l’ennemi est en perte de vitesse », se réjouit-il.
La promotion de dialogue pour préserver la quiétude sociale a été également abordée par le Premier ministre, Ouhoumoudou Mahamadou. Selon lui, le premier élément pour préserver la quiétude sociale, c’est le dialogue et le président de la République a fait ses preuves dans ce sens en rencontrant tous les partenaires sociaux. « Nous faisons la promotion du dialogue au niveau de tous les ministres », a-t-il dit. Il en est de même au niveau intercommunautaire et en ce qui concerne les partis politiques. C’est dire que « notre gouvernement fait de la promotion du dialogue en vue de la quiétude sociale », a-t-il souligné.
Le Chef du gouvernement a par ailleurs indiqué que la dépolitisation de l’administration va se poursuivre à tous les niveaux. Au-delà de la lutte contre la corruption, le Premier ministre a indiqué qu’il faut veiller à la lutte contre le détournement des deniers publics. « D’où d’ailleurs la mise en place des inspecteurs de service dans les ministères », a-t-il expliqué.
Sur le plan économique, il a souligné la nécessité de consolider les acquis enregistrés par le Niger dont la crédibilité se mesure à travers sa situation politique, un des rares pays de la sous région qui a connu récemment une alternance politique pacifique.
En outre, malgré la COVID-19, le Niger est en train de « réaliser une croissance économique appréciable et le taux d’endettement est nettement en dessous de la moyenne qui est de 70% alors que celui du Niger tourne autour de 40% », a relevé Ouhoumoudou Mahamadou.
La digitalisation des régis financières, les grands projets structurant (pipline Niger/Bénin, Kandadji, le volet énergie ont également été abordés par le Premier ministre au cours de cet entretien, tout comme les mesures prises pour faire face aux inondations qui ont touché plusieurs localités du pays.
En gros, cette année, « il y a eu un meilleur suivi des inondations à travers la mise en place du plan de contingence », s’est également réjoui le Chef du gouvernement. En attendant les missions d’évaluation de la campagne agricole en cours, Ouhoumoudou Mahamadou a souligné que celle-ci « se déroule bien », soulignant qu’il y a certainement des poches de sécheresse et des poches d’attaques des ennemis de culture. « Mais, c’est l’évaluation qui va déterminer l’issue de la campagne agricole » a-t-il dit.
Relativement à la situation sanitaire, notamment la gestion de la COVID, le Premier ministre a dit que cette maladie fait l’objet d’un suivi permanent et grâce au dispositif mis en place, « on peut parler de miracle nigérien ». Par rapport au choléra, il expliqué que des foyers ont été enregistrés dans plusieurs localités frontalières avec le voisin du sud. Toutefois, « la maladie est sous contrôle dans toutes les régions touchées ».
Le Premier ministre est revenu aussi sur le plan politique, relativement aux rapport entre l’ancien président de la République, Issoufou Mahamadou et son successeur Mohamed Bazoum. « Il n’ya absolument aucune zone d’ombre dans le rapport entre ces deux personnalités » dont l’un a passé le témoin à l’autre à la tête de la République du Niger. Un programme a été exécuté pendant dix ans par un parti politique et « c’est le même parti qui est toujours au pouvoir », a-t-il rappelé.
S’agissant de la question du rapprochement entre le Mouvement démocratique nigérien pour une fédération africaine (MODEN/FA Lumana) et le Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS-Tarayya), Ouhoumoudou Mahamadou, en tant que membre du présidium du PNDS a déclaré que tout ce qui a été dit sur ce rapprochement « ne relève que de rumeurs », précisant que « pour le moment, il n’y a aucune négociation entre les deux partis politiques ».
Almoustapha Aboubacar
Niger Inter Hebdo N°38