La fondation Mo Ibrahim vient de décerner le « Prix Ibrahim 2020 » au Président Issoufou Mahamadou du Niger pour son leadership politique et économique exceptionnel. Dans son argumentaire, le président du Comité du Prix a déclaré : « face aux problèmes politiques et économiques les plus graves, notamment un extrémisme violent et une désertification croissante, le président Issoufou a su conduire ses concitoyens sur la voie du progrès. »
C’est une consécration historique, amplement méritée. En effet, le leadership du président Issoufou est incontestable ; il est tout simplement naturel. Il déborde des frontières nationales et rayonne fortement sur la scène internationale.
Examinant attentivement cette formidable et flamboyante ascension du président Issoufou et son leadership exceptionnel, je me suis tout naturellement interrogé sur ses ressorts, sur les similitudes de cette trajectoire avec celles de grands hommes politiques qui ont marqué l’histoire de leurs nations. Je m’aperçus que dans le panthéon de l’histoire des hommes politiques les plus illustres le président Issoufou Mahamadou pourrait tenir une place de choix aux côtés de Périclès Xanthippe (né vers 495-429 av. J.-C.), homme politique athénien du Vème siècle av. J.-C.
En effet, les similitudes avec Périclès sont édifiantes dans divers domaines. Tous les historiens et les écrivains de l’époque ont rapporté les qualités exceptionnelles de Périclès. C’était un « homme honnête » ; Thucydide dira à son sujet : « Périclès avait de l’influence en raison de la considération qui l’entourait et de la profondeur de son intelligence ; il était d’un désintéressement absolu. N’ayant acquis cette influence que par des moyens honnêtes, il n’avait pas à flatter la foule ».
Périclès était un « stratège influent ». Il avait conduit Athènes à la prospérité. Il en fit une puissance militaire à l’époque qui dominait ses voisins et assurait même leur sécurité. Athènes dominait politiquement et militairement la Grèce. Le rôle de Périclès « dans la vie politique athénienne est si important qu’on appelle le Ve siècle av. JC ; « âge d’or » d’Athènes, le ‘’siècle de Périclès’’ »
« Il est à l’origine de réformes sur la citoyenneté et le fonctionnement des institutions, qui permettent l’implantation durable de la démocratie (…). Son influence illustre l’originalité politique de la démocratie. »
Selon l’historien athénien Thucydide, Périclès initia une politique de grands travaux qui fit rayonner Athènes au-delà de ses frontières. Plutarque dans Vie de Périclès confirmera cette image de grand bâtisseur : « ce qui causa le plus de plaisir à Athènes, l’embellit le plus et frappa d’admiration le reste des hommes, l’unique témoignage qui nous prouve aujourd’hui que la fameuse puissance et l’antique splendeur de la Grèce ne sont pas des inventions, ce fut la construction des monuments sacrés. »
En somme, Périclès a su transformer Athènes sur le plan politique, social, culturel, architectural et consolida sa démocratie et ses institutions politiques malgré un contexte fragile marqué par les menaces, les guerres entre nations et les maladies.
Mais Périclès n’échappa pas aux critiques sévères, au dénigrement et à la jalousie de ses adversaires politiques. « Même la gloire durable de Périclès, dira Paul Bernard, n’était pas inscrite dans les astres, puisque de son vivant, il fut largement critiqué et après lui de nombreux historiens se sont interrogés sur le mythe qu’il pouvait représenter. Je pense qu’il faut retenir que Périclès fut un homme libre et respectueux du peuple. »
Manifestement, le génie politique du président Issoufou est inscrit dans la continuité de celui de Périclès ; ils ont des points communs dans l’action et le génie politiques. Le président Issoufou Mahamadou a fortement consolidé notre démocratie et ciselé notre citoyenneté par de réformes multiples dans le domaine de l’éducation de la jeune fille, le quota des femmes, la promotion du capital humain, la maitrise rationnelle et méthodique de la démographie à travers la politique du dividende démographique, la renaissance culturelle.
Autant il a été un artisan infatigable de l’essor économique et de l’émergence politique, social et diplomatique de notre pays, autant le président Issoufou a eu un regard constant et soutenu sur la situation sécuritaire des pays voisins du Niger. Son engagement ferme, alors qu’il venait d’être élu fraichement président en 2011, pour la stabilité et l’unité de la Libye, pour l’arrêt de l’agression internationale sur ce pays voisin et frère, ses prises de positions clairvoyantes et pertinentes sur les conséquences pour les pays du Sahel de la déstabilisation de la Libye lui ont valu l’admiration et le respect de tous, ce qui fait de lui aujourd’hui un acteur/un expert incontournable des questions de stabilité et de sécurisation de la région du Sahel. En effet, la vision et l’action du président Issoufou Mahamadou étaient sous-tendues par une conscience aiguë de la corrélation entre sécurité nationale et sécurité régionale, voire internationale. C’est pourquoi, il était très actif sur les deux terrains, mobilisant aussi bien tous les acteurs concernés par le terrorisme dans la région que les moyens financiers et matériels indispensables à l’opérabilité des forces régionales de défense et de sécurité. En clair, le déploiement de moyens immenses, la mise à disposition des budgets conséquents consacrés aux équipements des forces de défense et de sécurité en vue de garantir la stabilité et la sécurité du Niger n’a pas conduit le président Issoufou à négliger la situation de ses voisins, bien au contraire, il s’impliqua fortement dans la situation sécuritaire du Sahel et autour du Lac Tchad, ce qui a permis aux pays victimes du terrorisme et du crime organisé de disposer aujourd’hui d’instruments régionaux et internationaux adéquats (G5 sahel, Forces partenaires, Eucap sahel, EUTM, etc.) pour faire face aux menaces.
Au plan politique et diplomatique, le président Issoufou se révéla partisan du respect de la Constitution et de la limitation de mandats présidentiels. Contre la volonté de beaucoup de ses pairs africains, il plaida en faveur de l’alternance politique par le respect de la limitation des mandats. Il s’oppose ainsi à la trituration des constitutions de nos pays, mais ce combat, il le mène avec méthode, sans tapage frontal, en soulignant la particularité des contextes et la spécificité des pays, en donnant lui-même l’exemple.
Au total, le président Issoufou durant ces dix années de sa gouvernance était donc sur tous les fronts : l’intégration de l’Afrique avec les chantiers de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF) et la monnaie unique de la CEDEAO, la boucle ferroviaire, l’énergie, la lutte contre le terrorisme, le développement économique et social, les réforme, etc.
Au plan intérieur, comme le disait récemment le Pr Salim Mokaddem, dans un journal nigérien, « la gouvernance démocratique et républicaine de la 7ème République de SEM Issoufou Mahamadou a su rétablir, instituer et consolider, un véritable Etat de droit qui est au principe de la constitution nigérienne et auquel le peuple nigérien, tolérant et avisé, aspire authentiquement. Outre le fait qu’Issoufou Mahamadou est un grand chef d’Etat, aux qualités de modestie, d’humilité, de travail, de rigueur et de vision prospective pour son pays et pour la sous-région, il faut lui reconnaître un sens très aigu de ses responsabilités historiques et politiques. Tout son parcours, (…), en témoigne avec vérité et dignité. Je ne parlerai pas de son abnégation constante et de son fidèle attachement aux valeurs républicaines, démocratiques, mais de son profond amour patriotique pour tous les nigériens, de quelques partis et appartenances idéologiques qu’ils soient. C’est un esprit supérieur qui a un regard généreux, bienveillant, rigoureux et averti sur le destin du Niger et (…) une vision pour la CEDEAO et l’UA dans le monde multipolaire qui est le nôtre aujourd’hui. Le Président Issoufou Mahamadou sait très bien qu’il est sage de gouverner et de diriger selon les vœux de ses électeurs, de la Constitution et de l’histoire plutôt que de vouloir forcer les choses et d’effectuer des dénis de droit qui ne peuvent empêcher, le temps et le moment légitime venus, d’installer, tôt ou tard, dans la vie des peuples libres, une démocratie authentique ».
C’est donc à ce grand génie de la politique, ce leader hors pair auréolé d’un patriotisme sédimenté par les valeurs universelles, notamment son humanisme, l’amour de son pays le Niger, son sens élevé du devoir, sa vision de l’idéal commun, sa modestie chevillée au corps, son intransigeance s’agissant de l’intérêt général, son leadership naturel, c’est donc à ce grand homme, dis-je, que la très respectée Fondation MO Ibrahim a attribué le « Prix Ibrahim 2020 » pour magnifier son leadership et son combat permanent pour l’épanouissement multiforme du Niger, mais également de l’Afrique et du monde.
Il ne saurait en être autrement, car le président Issoufou a construit son cheminement politique autour d’un principe directeur qu’il ne cesse de répéter à toutes les occasions : « servir le Niger, non se servir ». Tel est son credo, le principe fondateur de sa gouvernance, l’essence et le sens de sa vision politique. A travers lui, la Fondation MO Ibrahim a primé l’esprit, la sagesse politique et le concept d’une gouvernance modèle que les autres africains sont appelés à redupliquer, à promouvoir pour le bonheur de leurs peuples. Le président Issoufou est aujourd’hui un modèle qui s’est hissé plus haut et s’est projeté dans la postérité. Ce faisant, il a hissé le Niger au sommet de son histoire. Il nous a rendu cette fierté qui n’aurait jamais due nous quitter ; il nous appartient, il appartient à ses successeurs, à ses concitoyens, aux générations futures de maintenir ce cap et de perpétuer cet héritage que nous a légué le président Issoufou en vue d’instaurer une postérité saine, clémente, féconde, épanouie, stable, unitaire pour notre pays.
Aghali Abdoulkader