‘’Le 27 décembre 2020, le chaos annoncé n’a pas eu lieu, MALGRE TOUT !’’, peut-on lire sur la page Facebook de Hama Amadou, l’autorité morale de MODEN Lumana FA qui rend ainsi hommage au peuple nigérien pour avoir seulement empêché le coup KO. Une situation assez curieuse au regard du fiasco électoral enregistré sur toute la ligne par l’opposition nigérienne.
Une victoire à la Pyrrhus, même s’il faut raisonner dans le sens tordu de Hama Amadou qui se délecte de ‘’l’exploit’’ d’avoir, lui et son allié principal, près de 17% à la présidentielle et 26 députés sur 166.
L’expression ‘’victoire à la Pyrrhus’’ est une allusion au roi Pyrrhus Ier d’Épire, dont l’armée souffrit des pertes irremplaçables quand il défia les Romains pendant sa guerre en Italie à la bataille d’Héraclée (sur le territoire de la cité d’Héraclée de Lucanie) en 280 av. J-C et à celle d’Ausculum en 279 av. J-C, apprend-on.
« Pyrrhus avait perdu une grande partie des forces qu’il avait emmenées, et presque tous ses amis et principaux commandants ; il n’avait aucun moyen d’avoir de nouvelles recrues (…). Tandis que, comme une fontaine s’écoulant continuellement de la ville, le camp romain se remplissait rapidement et abondamment d’hommes frais, pas du tout abattus par la défaite, mais gagnant dans leur colère une nouvelle force et résolution pour continuer la guerre. »
A propos de l’opposition nigérienne, nous faisons justement de façon évidente face à une victoire à la Pyrrhus au regard du fiasco qui crève l’œil de tout observateur averti. L’opposition a perdu toutes les élections générales. Elle va devoir affronter un second tour pour juste une tentative hasardeuse de conquête du fauteuil présidentiel. Le PNDS Tarayya et ses alliés ayant d’ores et déjà le contrôle du parlement et du gouvernement en se dotant d’une majorité très confortable pour gouverner.
A lire l’autorité morale de MODEN Lumana FA, l’on a l’impression que l’opposition a réalisé une prouesse. « Mes vifs remerciements aux responsables et militants des coalitions CAP 20-21 et ‘’Sauvons le Niger’’, ainsi qu’aux milliers de Nigériens épris de paix et de justice, démocrates sincères qui ont rendu cet exploit effectif », écrit Hama Amadou.
Et d’ajouter : « Responsables, militants, militantes et sympathisants du Mouvement démocratique pour une fédération africaine (MODEN/FA LUMANA AFRICA), je vous respecte et vous salue pour le combat héroïque que venez de livrer avec bravoure, et que vous livrerez encore plus hardiment, j’en suis sûr », se délecte Hama Amadou.
Très certainement après cette euphorie, l’opposition notamment Hama Amadou et Mahamane Ousmane feront face à la réalité. Une triste réalité pour leur obédience en ce sens que le jeu politique est loin d’être en leur faveur. En effet, en perdant les élections locales et législatives, la marge de manœuvre du candidat Mahamane Ousmane est assez réduite pour la simple raison que dans le jeu d’alliances dans le cadre du second tour, il se trouve dans un dilemme cornélien : faut-il s’engager ou désister face à la réalité politique du terrain ?
Le candidat Ousmane va affronter le second tour très affaibli par la perte des législatives et locales, la prééminence d’un allié encombrant qui n’inspire pas confiance pour les éventuels alliés à démarcher mais aussi et surtout par la faiblesse des ressources à promettre aux alliés du second tour. Nous sommes sur le terrain politique, nul besoin d’euphémisme pour dire les choses qui se présentent crûment.
Au moment où Mahamane s’embourbe dans une confusion totale à faire deal avec les formations politiques, son adversaire Mohamed Bazoum brillera par la cohérence de ses promesses. En effet, au moment où plus d’une formation politique se demande s’il faut négocier avec Ousmane ou Hama Amadou, Bazoum se trouve dans une posture faite d’aise et d’assurance. Bazoum fera des propositions concrètes à ses alliés au moment où Ousmane va verser dans la spéculation et le balbutiement.
A la guerre comme à la guerre, le PNDS Tarayya et la coalition Bazoum 2021 ont acquis la majorité au parlement, le gouvernement sera essentiellement sous l’emprise du PNDS. C’est dire que, politiquement parlant, avec Bazoum, l’on est loin du marché de dupes que pourrait constituer l’offre de Mahamane Ousmane dont la volonté se réduit au bon vouloir de Hama Amadou. Quoi de plus normal, puisque la force politique entre les deux est telle que Hama Amadou dispose de 19 députés alors qu’Ousmane n’en a que 7 !
Qui plus est, à bien comprendre certains communicants du tandem Ousmane/Hama, leurs éventuels alliés doivent souffrir d’attendre que Mahamane Ousmane dissolve l’Assemblée nationale après au moins 18 mois de législature, s’il est élu, puis organiser des élections anticipées et ensuite rebeloter pour enfin obtenir gain de cause. En d’autres termes, négocier avec Mahamane, dans ce sens, revient à marchander du poisson dans l’eau. Un véritable casse-tête chinois. Et que dire de l’intérêt du pays qui a besoin de stabilité face aux défis d’insécurité, du Covid-19 et aussi de développement ?
En substance, il va sans dire qu’au second tour, Bazoum a des éléments de langage et des arguments plus pertinents que l’offre adverse. Le débat se posera aux Nigériens en ces termes : la stabilité versus l’incertitude ou le chaos. Disons-le tout net, les Nigériens ont encore en mémoire la puanteur de la cohabitation dont Mahamane Ousmane et Hama Amadou étaient les principaux acteurs. Que ce soit encore les deux hommes qui voudraient nous forcer à la rumination de ce passé peu glorieux où d’aucuns ont même déchanté de la démocratie elle-même, autant dire……. quelle ironie du sort !
Elh. M. Souleymane
Niger Inter Hebdo N° 002