Ce mardi 23 juin, les Nations unies célèbrent, pour la cinquième année consécutive, la Journée internationale des veuves. En Afrique, comme ailleurs, elles passent trop souvent inaperçues alors qu’elles ont besoin d’aide.
Des millions de femmes veuves sont confrontées au quotidien à l’extrême pauvreté, à la violence, à la privation de logement ou à la discrimination juridique et sociale. Dans plusieurs pays africains, les veuves et leurs enfants sont considérés comme des « biens matériels ». Ces femmes appartiennent à la belle-famille ou sont rejetées et ostracisées après la mort de leur mari. Souvent privées de leurs revenus, elles se retrouvent démunies et ne parviennent plus à nourrir leurs enfants. Conséquence : elles sont forcées de mendier ou même de se livrer à la prostitution pour survivre.
« Nous devons éliminer la stigmatisation sociale et les privations économiques que subissent les veuves, combattre les risques élevés d’exploitation et d’agression sexuelles auxquels elles sont exposées et lever les obstacles qui les empêchent d’accéder aux ressources et aux débouchés économiques et entravent leur avenir », a déclaré le secrétaire général de l’ONU, Ban ki-Moon, dans un communiqué, à l’occasion de la 5è édition de la Journée internationale des veuves, le 23 juin.
Parmi les 258 millions de veuves dans le monde, plus de 115 millions vivraient dans l’extrême pauvreté. Les prendre en considération au niveau de chaque État est un « enjeu humanitaire» pour la Fondation de la Première dame gabonaise,Sylvia Bongo Ondimba, qui est à l’origine de la création de cette journée internationale.
Mettre en place des arsenaux législatifs
Selon l’ONU, de « nombreuses veuves dans les sociétés traditionnelles sont privées du droit d’hériter et des droits fonciers, ou n’y ont droit que de façon limitée, en vertu du droit religieux ou coutumier. Sans droit d’hériter, y compris celui d’hériter des biens de sa propre famille, les veuves tombent dans une situation financière précaire et deviennent totalement dépendantes de la charité de la famille de leur époux. »
Au Gabon, où Sylvia Bongo Ondimba a trouvé dans la protection des femmes veuves l’un des chevaux de bataille de sa Fondation, l’adoption d’un décret a permis le partage de l’héritage à parts égales entre la veuve et les enfants de la famille. Depuis décembre 2014, une loi permet à la veuve d’obtenir l’acte de décès de son mari afin de la protéger de la dissimulation ou de la destruction de papiers officiels par les belles-familles.
Les Nations unies soulignent cependant que dans beaucoup d’États où une législation existe déjà, la faiblesse du système judiciaire ou tout simplement l’ignorance d’un arsenal législatif de la part des veuves elles-mêmes et des experts, ne permet pas de concrétiser les lois qui sont censées les protéger.
La faiblesse des données statistiques existant sur les femmes ayant perdu leur mari rend également difficile la mise en place de programmes de lutte contre leur situation de précarité. Meilleure preuve : sur le site de la Journée du 23 juin, les Nations unies font référence à une étude sur le veuvage (PDF), datant de … décembre 2001.
Jeune Afrique