Le Directoire National du Mouvement Patriotique Nigérien (MPN Kiishin Kassa) a choisi le mardi, 26 mai 2020, pour concocter une déclaration sur « la situation de l’école nigérienne ». Belle initiative de la part d’un parti politique sauf que le tableau qu’il va peindre sur la question consiste uniquement à jeter du discrédit sur le régime en place en lieu et place des propositions alternatives.
D’entrée de jeu, l’instance dirigeante du MPN Kiishin Kassa fait vite monter les enchères en déclarant que l’école nigérienne connait une « descente aux enfers de plus en plus irréversible » depuis l’avènement de la 7ème République.
Pourtant, une bonne partie des années de gestion du pouvoir par le Régime de ladite 7ème République s’est déroulée avec la participation active du MPN Kiishin Kassa, régime à l’égard duquel, son Président, Ibrahim Yacoubou, ne tarissait pas d’éloges. Et pour cause, jusque dans la première moitié du mois d’avril 2018, Ibrahim Yacoubou était un des acteurs majeurs du régime du Président Issoufou. Des morceaux choisis audiovisuels qui attestent qu’il fut un laudateur patenté des réalisations de la 7ème y compris dans le secteur de l’éducation circulent aujourd’hui encore sur les réseaux sociaux.
En effet, du premier au second mandat, il fut resté Directeur de Cabinet Adjoint du Président de la République et plusieurs fois ministre. C’était la belle époque, celle des bonnes noces avec le Parti Nigérien pour la Démocratie et le Socialisme (PNDS Tarayya), parti dont il était un fervent militant avant d’être jeté dehors par le Comité Exécutif National.
C’est après coup qu’il créa le MPN Kiishin Kassa, parti qui convola aussi en justes noces avec le même PNDS Tarayya, d’avril 2016 à avril 2018, soit deux années consécutives.
Tout le monde a suivi le zèle avec lequel Ibrahim Yacoubou faisait sa partition au sein du peloton des plus grands ‘’griots’’ du Régime de la Renaissance, cet autre nom du Régime de la 7ème République.
On se rappelle, en effet, qu’au sortir des élections de 2016, élections que toute l’opposition politique d’alors n’avait pas voulu le déroulement normal, Ibrahim Yacoubou, après avoir soutenu le Président Issoufou au deuxième tour, disait, substantiellement, en langue nationale sur la Télévision Dounia au cours de l’émission ‘’Mu Tauttauna’’ animée par Mamane Barmou : « je souhaite que le monde entier adhère au PNDS Tarayya, je souhaite que tous ceux qui veulent soutenir le Président Issoufou, le fassent. D’ailleurs, le monde entier doit le soutenir. Parce que les anciens nous ont dit de soutenir celui qui est un travailleur. Et nous, à notre niveau, nous avons trouvé ce travailleur. Grâce à Dieu, le Président Issoufou nous a démontré qu’il est un travailleur ». La vidéo dans laquelle il a tenu ces propos fait jusqu’à nos jour le buzz dans les réseaux sociaux.
On se rappelle, aussi, de son « l’homme est resté debout ! » pour parler du Président Issoufou Mahamadou que toute l’Opposition Politique voulait terrasser au cours des élections présidentielles de 2016. C’était au cours d’une autre émission de la télévision nationale alors qu’il était l’invité de Halirou Bakoye.
Ibrahim Yacoubou est l’un des hommes politiques qui aiment, véritablement, surfer entre les extrêmes. En effet, bien qu’il ait habitué les nigériens à son intimité ou sa promiscuité avec le Régime du Président Issoufou, n’a pas hésité, un jour d’avril 2018, de nous faire une de ces surprises qui réveillent plus d’un avec la gueule de bois.
Le mercredi 11 avril 2018 exactement, à travers un tweet bref, il fit l’annonce que « le Premier Ministre vient de me dire que « le Président de la République ne souhaite pas vous garder au gouvernement, compte tenu de certaines informations « . J’ai sur place, rédigé et remis ma lettre de démission et annoncé que notre parti se retire de la majorité présidentielle ». Ce départ du Gouvernement est en vérité un limogeage pur et simple parce que lui-même ne l’a pas caché en soulignant que c’est le Président de la République qui ne souhaite pas le garder au Gouvernement.
Dès lors que son divorce avec le Régime de la Renaissance est consommé, commença alors une de ces équipées empreintes de déclarations virulentes que seuls les populistes politiques en ont le secret. Ibrahim Yacoubou a brisé précocement sa carrière politique en se forgeant très tôt une image du démagogue adepte de la politique de l’autruche. C’est connu, on voit autrement le monde selon la position qu’on occupe. Mais Iyac doit savoir que la constance et le respect de certains principes de la vie sont des vertus essentielles en politique.
Avec des propos du genre « c’est un régime autoritaire qui conduit le pays dans une mauvaise direction » ou bien d’autres considérations comme ‘’les dérives autoritaires’’, ‘’la mal gouvernance’’, ‘’la corruption’’, etc., le Président du MPN Kiishin Kassa a affiché de jour en jour le côté extrême de son opposition au Président Issoufou.
Cette politique des extrêmes a fini, par contre, par réduire son parti politique en une peau de chagrin. En effet, des 5 députés qui ont été élu sous sa bannière, seul un député, qui est en réalité est le suppléant d’Ibrahim Yacoubou, respecte les consignes que lui ordonne le Directoire National du parti.
La déclaration de ce 26 mai 2020 répond à cette logique du pur populisme qui aime peindre en noir ce que font les autres et en blanc ce qu’on fait soi-même. Au bout de celle-ci, on peut retenir que le Directoire National du parti d’Ibrahim Yacoubou essaie d’apporter ‘’sa pierre à l’édifice’’ qui, pourtant, d’après ses dires, est en train de descendre « aux enfers » de manière « irréversible ».
En effet, « au vu de cette situation calamiteuse de l’école nigérienne », souligne-t-il dans sa déclaration, « pour sauver l’année scolaire et académique en cours », il souhaite que le Gouvernement organise « une large concertation nationale avec les acteurs de l’éducation pour élaborer un programme réaliste de sauvetage de l’année scolaire et académique en cours ».
En outre, le MPN Kiishin Kassa voudrait aussi que cette même année académique soit prolongée « pour atteindre objectivement la durée minimale qui permet de valider une année scolaire ou académique ». En dernier lieu, il demande au Gouvernement de « créer les conditions d’un climat social apaisé avec les partenaires de l’éducation afin d’éviter toutes nouvelles perturbations pouvant affecter l’année ».
Bassirou Baki Edir