L’impact social de la crise du Covid-19 s’est fait également ressentir sur le baromètre de l’emploi. De la suspension des contrats de travail en passant par les pertes d’emploi, jamais la menace dans le monde du travail n’a été aussi inquiétante que sous cette pandémie à coronavirus. Selon l’ANPE (l’Agence nationale pour la promotion de l’emploi) dès la fin du mois de mars 2020, « les offres d’emploi notifiées au service public de l’emploi ont connu une baisse considérable ». De 799 offres d’emploi en mars 2020, le mois d’avril 2020 n’a enregistré que 411 offres d’emploi sur l’ensemble du territoire national, soit une diminution de 49,59%.
Dans une situation comme celle créée par la pandémie du coronavirus, des entreprises de divers secteurs font face à des difficultés économiques. Le secteur de l’hôtellerie, des transports, le bâtiment et travaux publics, les écoles privées, les agences de gardiennage, les ONG, les entreprises chinoises ainsi que d’autres structures en pâtissent. Ce qui a contribué à la réduction des effectifs des salariés, créant de facto un chômage temporaire, voire la suspension des contrats à durée déterminée (CDD). D’après l’OIT, « la pandémie du Covid-19 pourrait entrainer une hausse du chômage dans le monde touchant près de 25 millions de salariés ».
Selon Monsieur Ibrahim Nahantchi, Directeur Général de l’ANPE au Niger, sur la base des données enregistrées au niveau des services de travail, « les pertes d’emploi ne sont pas considérables, car les entreprises ont privilégié dans leur majorité le recours à la formule de suspension des contrats de travail de leurs employés par la mise en chômage temporaire en attendant des lendemains meilleurs ». Toutefois, les pertes d’emploi effectives enregistrées par les services du travail consécutivement à la pandémie du Covid-19 sont estimées à soixante deux (62) personnes.
Un à trois mois de suspension de contrats de travail
Depuis le mois de mars, plus de 12 260 travailleurs ont été victimes de suspension de leur contrat de travail, et vivent un chômage temporaire (avec ou sans compensation salariale) dont l’issue reste incertaine. Dans le secteur de l’hôtellerie par exemple, l’ensemble des hôtels ont procédé, sous l’égide de l’inspection du travail à la mise en chômage temporaire de un à trois mois de leurs agents. Ils sont plus de 1500 personnes à être concernées. Le secteur des transports voyageurs ont également été frappés de plein fouet par la crise due au Covid-19. Et c’est plus de 3900 agents qui en ont payé les frais.
Au niveau du bâtiment et des travaux publics, on relève sitôt dans les premières semaines de la pandémie, « l’arrêt des grands chantiers de la capitale, dont celui du 3ème pont, l’université des jeunes filles, l’ambassade des USA etc.. », selon l’ANPE.
Si la fermeture des établissements scolaires semble ne pas avoir un impact direct en matière de rémunération des employés du public, ce n’est pas le cas dans les écoles privées. Ce sous-secteur de l’éducation tant aux niveaux primaire, secondaire et supérieur, a suivi la fermeture des écoles publiques en mars. Par conséquent, le personnel s’est retrouvé en chômage. Là ils sont au nombre d’environ 2500 agents.
Ce n’est pas tout. D’autres structures telles que les agences de gardiennage, les ONG, les entreprises chinoises ou encore la téléphonie cellulaire, le commerce etc. ont également été touchés.
Dans les entreprises chinoises, bien qu’elles aient procédé à l’arrêt de leur activité et au confinement de tout le personnel depuis mars 2020, près de 1200 travailleurs ont pu bénéficier d’une compensation financière. Une aubaine pour ceux-ci, comparés à d’autres travailleurs d’autres secteurs qui n’ont pas pu avoir ce privilège.
Ailleurs dans les agences de gardiennage, ils sont 400 vigiles et agents d’entretien à être victimes de réduction d’effectif. Une réduction due à la fermeture des lieux d’opération des agents mis à disposition par ces sociétés.
Au niveau des ONG, beaucoup ont suspendu leur activité dès l’annonce de la pandémie. Hormis Médecins sans frontière Suisse qui continue à exercer, environ 2000 personnes sont en chômage technique dans ce secteur.
Ajouter à ces différents secteurs, d’autres structures comme la téléphonie cellulaire et le commerce qui ont vu 60 travailleurs victimes de suspensions d’activité.
62 pertes d’emploi enregistrées
Selon le Wikipedia, le terme chômage englobe également celui de perte d’emploi. Puisqu’en réalité, celui qui perd son emploi se retrouve automatiquement en chômage. De ce fait, la perte d’emploi est synonyme de suspension d’emploi. D’après l’Agence Nationale pour la Promotion de l’Emploi (ANPE), les pertes d’emplois effectives et qui sont enregistrées par les services du travail pendant la période de la pandémie du coronavirus (Covid-19), sont estimées à 62 personnes. Il s’agit selon le Directeur Général de l’ANPE, Monsieur Ibrahim Nahantchi « des situations portées à la connaissance des services du travail tant des pertes d’emploi que des suspensions de contrat. Il est indéniable que beaucoup de cas de mise en chômage technique ou de rupture de contrats de travail ont été opérés à l’insu de l’administration du travail ». En clair, il existe probablement d’autres cas de suspension de contrats de travail ou de perte d’emploi qui ne sont pas signalés au niveau des services compétents du travail.
Quoi qu’on dise, cette maladie à coronavirus Covid-19 a eu un impact néfaste sur le baromètre de l’emploi. Avec plus de douze mille deux cent soixante (12260) suspensions de contrats de travail, ainsi que près de 62 pertes d’emploi, le Niger, à l’instar des autres pays au monde, est en train de subir de plein fouet les aléas du Covid-19. En avril 2020, l’ANPE a enregistré 411 offres d’emploi sur l’ensemble du territoire national, à la même date l’année dernière, c’est-à-dire en 2019, ce sont 916 offres d’emploi qui ont été notifiées à l’agence, soit une différence de 505 offres d’emploi.
Koami Agbetiafa