Au Niger, très peu d’usagers des services publics respectent certaines règles à savoir l’ordre et la discipline. Dans les guichets de banque, à la Nigelec, dans les centres de santé et maternité, dans les restaurants certains ne soucient guère des rangs ou l’ordre d’arrivée qui voudrait que le premier arrivé soit le premier servi. Il arrive souvent des batailles inutiles juste pour non-respect de l’ordre dans nos services avec souvent la complicité des agents de sécurité de nos services publics ou privés. Regard du Républicain sur une anomalie de notre société.
« Comment voulez-vous que je respecte la queue si les autres ne font pas la même chose?», crachait un fonctionnaire, manifestement embarrassé par cette question à lui adressée, sur le non- respect des queues dans les services publiques.
Partout au sein des services publics, se pose cette pertinente question, objet de préoccupation des citoyens, le non-respect des queues. On enseignait il y a quelques années encore, que l’éthique c’est l’ensemble de principes de bonne conduite. Force est de constater qu’aujourd’hui, l’idéal de ce qui doit être juste, bon ou encore correct n’est qu’une fabrication de notre imagination. Dans cet état de choses, il est plus facile de voir toujours le mal chez autrui. Pas surprenant que l’homme sait que ceci est bon, mais il choisit allégrement de faire le contraire. Le civisme nous enseigne les mêmes valeurs intrinsèques à l’harmonie dans notre société. Puisque tout se résume en une seule maxime : faire le bien et s’éloigner du mal. Cependant il en existe toujours de ces individus qui semblent avoir horreur de ce qui est bien. C’est le même scénario qui a libre cours dans les services publics, les banques, les centres de santé et là où nous payons nos factures d’eau ou d’électricité, que tout le monde connait.
Dans la plupart des services comme dans les institutions bancaires, il y est toujours présent un système de queue afin de faciliter les prestations des uns et des autres. Cette queue doit refléter l’ordre d’arrivée des clients. Pour payer les factures par exemple ou pour retirer de l’argent à la banque c’est la même règle qui prévaut. S’il faut reconnaître que dans bien de services, le système de queue est de mise, est ce qu’il est vraiment respecté par les clients? Les agents au guichet ne contribuent-ils pas au non-respect de la queue?
Pendant que d’aucuns passent des minutes voire des heures à attendre dans la queue, afin que leur tour arrive, surgissent des gens on sait d’où, se dirigeant directement à l’intérieur du bureau pour être servi. La chose est d’autant ahurissante qu’on se demande si ce n’est pas souvent les prestataires de service qui sont à la base de cet imbroglio. S’ils remettaient tout le monde à sa place on n’assisterait guère à cette pagaille orchestrée dans les services. Les fins du mois riment habituellement avec d’importantes opérations financières. Et c’est en ces moments qu’on observe d’importantes affluences des clients soit pour le dépôt, soit pour le retrait ou tout simplement un virement dans les banques. Période également où l’on note d’interminables files d’attente aux allures vertigineuses devant les guichets.
Le fait de ne pas suivre les queues et de se dérober de celle-ci est tout aussi synonyme d’incivisme. Avoir un comportement incivique n’est pas seulement jeter des ordures sur la voie publique, violer les feux tricolores et j’en passe. Etre un bon citoyen, cela suppose que l’on s’acquitte de son devoir avant de réclamer ses droits. Sommes-nous plus intelligents que ceux-là qui respectent la queue? Ou juste, parce que c’est une question de relation et de privilège? Nombreux sont ceux-là qui le font parce qu’ils ont la bénédiction des prestataires de service. Sinon comment comprendre que quelqu’un qui ne respecte pas la queue puisse être servi aussi vite par les prestataires que les autres qui sont en attente dans la queue? C’est deux poids, deux mesures. L’Etat de droit ce n’est pas seulement de vociférer à tout bout de champ et porter un jugement sur ce que les gouvernants ont fait ou n’ont pas fait, mais c’est aussi et surtout s’acquitter de son devoir en tant que citoyen à part entière et non un citoyen entièrement à part. Le respect d’autrui est une marque de civisme. Etre à la quête de ses droits ne doit pas donner l’opportunité de piétiner ceux des autres. Imaginez le scénario qu’on aurait si chacun décide de ne pas respecter la queue. Ce sera purement de l’anarchie. Souffrez donc qu’on vous rappelle que nous sommes dans un état de droit quand même!
Le respect et la gestion des queues dans les services incombent bien évidemment aux responsables. Chaque fois qu’ils remarquent une anomalie dans le déroulement d’une queue, il est impérieux qu’ils rappellent à l’ordre les fauteurs de troubles. Un laisser-aller n’arrange personne.
Eu égard à tout ce qui précède, on comprend plus aisément que le respect des queues dans les services est une empreinte de bon sens et de civisme. Il n’y a pas de citoyen au-dessus de la loi. Que l’on soit directeur ou un simple planton, il ne doit pas y avoir deux poids, deux mesures. Le même traitement pour les uns et pour les autres. «Développez une passion pour l’être humain. Faites que vos actions apportent du bonheur aux autres, car plus vous procurez du bonheur aux gens qui vous entourent et plus il vous reviendra», dira Maxime Gilbert.
Koami Agbetiafa