A Tahoua comme dans toutes les autres régions du Niger, nombreuses sont des filles mariées avant l’âge de 18ans. Le mariage des enfants fait régulièrement des victimes. Celles-ci en subissent les conséquences tout au long de leurs vies. La région de Tahoua est l’une des plus touchées.
Malgré les multiples efforts de l’Etat et de ses partenaires, parmi lesquels l’Unicef et l’UNFPA, la pratique perdure. Le mariage des enfants reste une des causes de la mortalité et de la morbidité maternelle ainsi que de celle du nouveau-né, et il est souvent associé à la fistule obstétricale.
Ouma Kaltoum, 17 ans, atteinte de fistule, a été opérée au Centre de Santé de la mère et de l’enfant de Tahoua. Cette pathologie a pour conséquence de l’empêcher de contrôler ses urines.
« J’ai quatre ans de mariage et c’est mon deuxième accouchement. Tous mes enfants sont mort-nés », confie-t-elle.
« Entre janvier et juin 2018, sur 32 admissions dans nos locaux, 17 cas de filles atteintes de la fistule dès leurs premiers accouchements ont été recensés », explique Dr Salifou Issoufou Issa, Directeur général du Centre de Santé de la mère et de l’enfant de Tahoua. Il a ensuite ajouté que 1/3 des complications enregistrées sont des jeunes de moins de 18 ans. Les filles dont le bassin et le canal de naissance ne sont pas entièrement développés, peuvent souffrir de l’obstruction du canal de naissance, explique Dr Issa.
Il a, par ailleurs, rappelé que le centre de santé de la mère et de l’enfant de Tahoua a pour mission, la prise en charge de toutes les affections gynécologiques et obstétricales ainsi que de toutes les complications liées à la grossesse et à l’accouchement.
Face à la presse, Dr Salifou Issoufou Issa a également déclaré que les jeunes filles étaient également exposées à l’éclampsie.
Selon toujours Dr Salifou, les départements de Tahoua, Bouza et Illéla sont les plus touchés par la fistule obstétricale.
Dans la salle, une autre patiente, atteinte de la fistule, Yacine Abdoulaye, 14 ans, accompagnée de sa mère, il a également confié que son enfant était mort-né.
Les femmes victimes de fistule sont généralement accompagnées de leur mère. Une animatrice leur donne des cours d’alphabétisation. Le plus souvent, les jeunes mères sont répudiées par leurs maris qui ne supportent plus leur handicap. Telle est la triste réalité du mariage des enfants. Un véritable fléau de notre société.
Azahi Souleymane