Quelques jours après son élection à la tête du FDR, Amadou Boubacar Cissé tourne le dos au FRDDR et rejoint le front des partis non affiliés. Un départ qui annonce les prémices d’une division de l’opposition politique nigérienne.
Le président de l’Union pour la démocratie et la république (UDR Tabbat), Amadou Boubacar Cissé a annoncé dans une lettre en date du 12 septembre, son départ du Front pour la restauration et la défense de la démocratie et la République (FRDDR), principal regroupement des partis politiques de l’opposition créée après l’élection présidentielle de 2016. Il rejoint désormais le camp des partis non affiliés, regroupés également en front de l’opposition contre le régime du président Issoufou Mahamadou.
Pourtant, la veille, Amadou Boubacar Cissé, ancien Premier ministre au temps du régime de cohabitation dirigé par Mahamane Ousmane alors président de la République, était élu président du Front démocratique et républicain (FDR) créé en mai dernier. Ce front regroupe le FRDDR, le Front de l’opposition indépendante (FOI), le front des partis non affiliés et le Cadre de concertation et d’action de la société civile.
Une élection qui divise
Pour rappel, trois candidatures étaient soumises aux élections : celles de Mahamane Ousmane, de Hama Amadou et de Amadou Boubacar Cissé. Mais Hama Amadou, président du Mouvement démocratique nigérien pour une fédération africaine (MODEN FA Lumana) n’étant pas sur le territoire national, il revient au front de désigner entre Mahamane Ousmane et Amadou Boubacar Cissé.
La coordination nationale du FDR a pris la décision de désigner le président et le vice-président du FDR. « Les non affiliés ont fait des concessions, le FOI a fait des concessions, la société civile a accepté cette concession. Donc si les deux postes là sont attribués au FRDDR et que la coordination nationale qui est l’instance suprême du front est appelée à prendre une décision pour désigner le président et le vice-président, je ne vois pas d’obstacle pour que ce processus là soit achevé », a expliqué le coordonateur sortant du FDR, Hambaly Dodo.
Sauf que cette décision de la coordination nationale du FDR n’a pas été du gout de FRDDR dont les représentants se sont retirés de la réunion « avec pour seule justification, le fait que la coordination du FDR ne leur a pas permis la légitimité de s’attribuer l’autorité nécessaire pour trancher sur cette question du choix entre les deux candidats », a dit Hambaly Dodo. « La coordination nationale dont je dirigeais avait pris la responsabilité devant l’histoire de trancher sur cette question », a-t-il martelé. Ainsi, sur les 14 structures, 11 ont élu à l’unanimité Amadou Boubacar Cissé comme président du FDR (3 membres ayant une voix délibérative ayant quitté les lieux).
Dans une lettre adressée au président du FDR, le FRDDR dénonce « une ingérence » et considère les décisions qui en sont issues de la « prétendue » réunion du vendredi « comme nulles et de nuls effets ». Or l’élection du président de l’UDR Tabbat est l’une des principales décisions.
L’opposition peine à s’unir
L’élection du président du FDR vient une fois de plus fragiliser l’opposition politique au régime du président Issoufou, déjà en manque de stratégie et souffrant surtout d’un manque de leadership. Le FRDDR comptait voir l’ancien président de la République, Mahamane Ousmane occupé le poste de président du FDR, mais la coordination nationale du FDR a porté son choix sur Cissé, estimant que ce dernier est à même de porter son combat.
Pour Hambaly Dodo, il n’y a pas de conflit entre les structures et encore moins entre des personnes. « Il y a juste des incompréhensions souterraines dont ne comprenons pas ou nous ne maitrisons pas », affirme-t-il.
Cette affaire d’élection du président du FDR prouve à n’en point douter que l’opposition politique a du mal à s’organiser et éprouve de grosses difficultés à s’entendre sur des questions mineures à son sein. La tentative de fédérer les énergies des différents fronts de l’opposition, y compris la société civile, décidée en mai dernier est donc loin de porter ses fruits du fait de certaines considérations et autres calculs politiciens que seuls les hommes politiques détiennent le secret.
Almoustapha Boubacar