Le procès des acteurs de la société civile arrêtés le 25 mars dernier s’est tenu le mardi 10 juillet au tribunal de grande instance hors classe de Niamey. Des peines allant d’un à trois ans ferme ont été requises par le procureur.
Dix-neuf acteurs de la société civile accusés d’avoir provoqué un attroupement non armé et la destruction des biens publics étaient devant le juge hier mardi. Ali Idrissa, Nouhou Arzika, Moussa Tchangari et autres, présents à la barre, appuyés par 15 avocats, n’ont pas reconnu les faits qui leur sont reprochés. C’est Nouhou Arzika, président du Mouvement patriotiques pour une citoyenneté responsable (MPCR) qui a été le premier à se présenter à la barre dans une salle d’audience pleine à craquer.
Á l’issue de ce procès marathon qui a duré presque 15 heures d’horloge et marqué par des débats houleux jusqu’aux environs de minuit, alors que les alentours du palais de justice étaient placés sous haute surveillance, le procureur a requis trois ans de prison ferme et 100 000 francs d’amende contre les sieurs Ali Idrissa Nani, Nouhou Arzika et Moussa Tchangari, un an de prison ferme et 100 000 francs d’amende contre Me Lirwana Abdourahamane et la relaxe pour les nommés Ousseini Maina et Mamoudou Seyni.
Réagissant face à la presse, un des membres du conseil des avocats des acteurs de la société civile Me Boudal Effred, a indiqué que c’est un procès historique. « Nous l’avons rappelé que ce dossier n’oppose pas seulement le ministère public à monsieur Nouhou Arzika et autres, mais ce dossier oppose le ministère public au peuple », a-t-il déclaré. Selon lui, dans ce procès, « il ya un objectif assigné au pouvoir judiciaire et c’est au pouvoir judiciaire de porter haut la fierté d’être magistrat et pour cette tâche, nous les encourageons (…) », tout en soulignant avoir dit le droit. « Nous avons donné tous les éléments de droit dans ce dossier, maintenant il appartient au juge de décider, non pas seulement de la relaxe mais de décider de ce qui sera de l’avenir des libertés fondamentales dans notre pays », a dit Me Boudal Effred, qui s’est abstenu de tout commentaire sur le procès.
« Nous avons fait notre part de l’histoire, il appartient au juge de l’audience de faire sa part de l’audience en âme et conscience et conformément aux dispositions de la constitution qui dit que les magistrats sont indépendants et ne sont soumis qu’à l’autorité de la loi », a-t-il rappelé, tout en reconnaissant que « c’est difficile de résister ». « Mais nous avons appelé les magistrats à résister, je pense que nous n’avons pas de bonne raison de douter de l’intégrité de nos magistrats », a-t-il indiqué.
Côté parquet, le procureur de la République a également fait impression avec des arguments de droit contrairement à ceux que certains détracteurs de la justice voudraient insinuer dans cette affaire. C’était un véritable procès où toutes les parties ont eu à mettre en avvant leurs prétentions. Il appartient au juge de trancher selon son intime conviction.
Le délibéré de ce jugement sera rendu le 24 juillet prochain. Autrement dit, les acteurs de la société civile qui avaient déjà passé plus de trois mois dans les différentes prisons de Tillabéry vont encore patienter deux semaines avant de connaitre leur sort.
Tiemago Bizo