Le procès des acteurs de la société civile arrêtés le 25 mars dernier dans le cadre des manifestations contre la loi de finances 2018, prévu pour ce mardi 3 juillet, est reporté à la semaine prochaine.
La vingtaine des acteurs de la société civile arrêtés en mars dernier à Niamey et gardés dans les prisons de la région de Tillabéry doivent encore attendre. En effet, leur procès, initialement prévu pour le mardi 3 juillet, est renvoyé au mardi 10 juillet prochain. « Nous nous sommes présentés à la barre mais chose inédite, nos clients n’avaient pas été déférés », explique Me Daouda Samna, un des avocats des acteurs de la société civile. « Le président de l’audience de ce jour qui avait constaté le fait avait naturellement interpellé Mme le procureur pour lui demander quelles sont les raisons pour lesquelles les prévenus ne sont pas à la barre, elle a répondu elle-même ne pas savoir pourquoi », ajoute-t-il.
Après quoi, Me Daouda Samna dit avoir relevé « l’incapacité du ministère public à faire comparaitre des personnes qui sont placées sous mandat dépôt. J’ai relevé aussi l’incapacité du ministère public à nous dire les raisons pour lesquelles les prévenus n’ont pas comparu », a-t-il ajouté, soulignant avoir interpellé le bâtonnier de l’ordre des avocats pour lui dire « il y a un dysfonctionnement grave et orchestré de la justice ».
Ainsi, l’avocat des acteurs de la société civile a indiqué avoir demandé la mise en liberté de ses clients « puisque si le ministère public est incapable de faire comparaitre un prévenu devant le tribunal, il n’y a pas de raison de continuer à maintenir le prévenue en prison ». Du reste, le tribunal a estimé qu’il fallait plutôt faire le renvoi, « donc il a renvoyé le procès à la semaine prochaine », a dit Me Samna qui reste convaincu « qu’il y a anguille sous roche » dans cette affaire. « On veut entraver le cours normal de la justice. Nous n’allons pas céder », a-t-il déclaré.
Le report s’expliquerait par le fait le conseil de la Mairie de la ville de Niamey ne serait pas constitué. Dans le cas d’espèce, demander un report d’un procès n’est qu’une lapalissade dans les tribunaux, nous a confié une source proche du dossier. Selon la même source, le tapage des avocats de la défense obéit à la stratégie de la défense de la rupture inventée par Me Jacques Vergès consistant à ameuter l’opinion publique dans ce genre de procès.
Pour mémoire, une dizaine d’acteurs de la société civile, dont Ali Idrissa, Nouhou Arzika, Moussa Tchangari, Me Lirwana et autres sont arrêtés le 25 mars dernier pour la plus part. Ils sont poursuivis pour participation à une manifestation interdite et destruction des biens publics après avoir appelé à une manifestation contre certaines dispositions de la loi de finances 2018, votée et adoptée par une écrasante majorité à l’Assemblée nationale.
En effet, dans une posture iconoclaste, ces acteurs de la société civile ont voulu faire obstruction à la mise en œuvre de la loi des finances 2018, un instrument stratégique pour la mise en œuvre du programme de la Renaissance du président Issoufou. Une confusion des genres que voudrait entretenir cette faction de la société civile nigérienne. Les esprits avertis d’ici et d’ailleurs se demandent vraiment est-ce la vocation de la société de bloquer l’exécution du budget de l’Etat, instrument incontournable pour tout gouvernement ?
Très remontés par les journées d’actions citoyennes (JAC), ces acteurs de la société civile voulant user et abuser de la liberté de manifestation avaient décidé de braver l’autorité de l’Etat. Et la suite est connue : les principaux leaders arrêtés, le mouvement plombé. L’élan révolutionnaire essoufflé, quelques-uns voudraient profiter de ce procès pour se faire bonne conscience face à leur fiasco évident. Un report d’un procès a été toujours l’initiative de la défense comme de la partie accusatrice. Assez curieux, à Niamey, de considérer un simple report d’un procès d’une semaine à un déni de justice !
Tiemago Bizo