Et de cinq. Avec la création, le week-end dernier à Niamey, du Front Patriotique sous la houlette du président du MPN Kiishin Kassa, et ancien ministre des Affaires étrangères, Ibrahim Yacoubou, l’opposition politique au président Issoufou est à son cinquième front. Toutes les 5 coalitions sont appelées fronts. Mais le Front patriotique a l’avantage de jeter une lumière crue sur l’état de cette opposition fragmentée et atomisée, minée par des egos personnels, et incapable de toute plateforme unitaire sur la base d’un projet de société cohérent. Ce qui prouve aussi l’absence d’une offre politique qui pourrait constituer une alternative crédible au régime actuel.
Faute d’avoir eu le leadership d’une opposition orpheline depuis la fuite de son chef de file Hama Amadou, et craignant de jouer la cinquième roue du carrosse, Ibrahim Yacoubou a décidé d’avoir aussi sa coalition. C’est pourquoi, les responsables de l’opposition traditionnelle ont joué aux abonnés absents lors du lancement sur les fonts baptismaux du Front Patriotique. Yacoubou n’a pas reçu le retour de l’ascenseur, lui qui était de toutes les rencontres des partis de l’opposition, lui qui était célébré par les opposants tel un héros, pour avoir été remercié du gouvernement.
Qu’est-ce que le Front Patriotique offre aux Nigériens? Pour l’instant, pas grand-chose sauf le rejet de la classe politique actuelle, majorité et opposition comprises. Il prône la rupture générationnelle comme si cela suffit pour bâtir un projet de société et rallier les citoyens à sa cause.
On pourra aussi remarquer le ton du discours plutôt gauchisant des acteurs du Front Patriotique dont la plupart n’ont jamais participé à une élection même locale. Le Front Patriotique n’offre rien pour l’instant sauf la critique du régime en place accusé de dérives autoritaires. L’expression est de saison chez une certaine opposition au président Issoufou.
Avec des mots, il espère prendre une certaine opinion de notre société dans la nasse. Mais les mots à eux seuls ne suffisent pas pour construire un leadership politique. En outre, il faut que ces nouveaux acteurs tiennent compte de la nature de la contradiction, selon qu’elle soit principale ou secondaire, pour ne pas s’engager dans un combat d’arrière-garde futile et mortel. C’est dire qu’ils ont intérêt à ne pas confondre vitesse et précipitation. Dans un régime démocratique comme celui de notre pays, une opposition se doit d’être constructive et républicaine.
Tiemogo Bizo