En citant la multitude de valeurs que nous devons promouvoir et la longue liste de contre-valeurs à combattre, il a mis à mal ceux qui se surpassent généralement dans du baratin. Mise en garde et leçon de civisme, pour la reconversion des mentalités, le ton cette fois-ci est plus engagé qu’à l’accoutumée et ce ton a plu à tous les nigériens. Entre les crépitements des claviers et les glissements des stylos, le froissement des papiers et le déliement des langues, c’est le caquet de ceux dont le fiel n’est activé que pour brouiller la solide vision de ceux qui tiennent à aller de l’avant, c’est le caquet de ceux-là qui en a été rabattu.
N’en déplaise à certains princes de l’hermétisme, mais qui se bousculent sur les rentes qu’ils reçoivent de l’extérieur. Eux qui n’en démordent pas de proposer la coupure du lien séculaire unissant le Niger à des pays amis, dont les organisations financent abondamment les nôtres. Elles qui ne ratent aucune occasion pour vilipender ces pays amis. Ce sont ces OSC qui, la sébile toujours en main, présentent des visages d’éternels assistées avec le soutien des politiciens intolérants. Elles feignent d’oublier qu’au moment où de vaillants fils vont, la fleur au fusil, verser leur sang pour nous sécuriser, des contre-valeurs ramenées en surface introduisent incidemment une incertitude dans notre quiétude légendaire.
Nous distordons la réalité. Nous le faisons sans nous soucier des heures gaspillées à fomenter des perturbations, à médire, à prédire le chaos. Si promouvoir les valeurs semble à la portée de tous, c’est un véritable défi que de combattre ces contre-valeurs qui se sont davantage ancrées dans nos mœurs, par le biais d’une fausse interprétation de la jouissance des libertés et des droits. Heureusement que nous ne sommes pas tous logés à la même enseigne civique.
Au vu des différentes frictions qui émaillent cette entame de l’année 2018 (en espérant que cet acharnement sur les institutions de l’Etat puisse être bientôt amorti) et à chaque nouvelle tournure que prennent les événements, les victimes les plus fragiles que sont les populations se posent, le cœur fendu, des questions sur les profondes motivations qui les sous-tendent. L’on a une forte envie d’appâter celui qui affiche un comportement entravant la marche vers une démocratie mieux bâtie, l’appâter donc vers le piège et lui mettre amicalement son nez dans ses propres saletés. L’on a envie de le faire parce que celui qui pense défendre des intérêts mêmes légitimes, peut causer d’énormes dégâts lorsqu’il est mal dirigé, mal renseigné, civiquement mal formaté et donc, dépouillé de toute responsabilité.
Il est aisé de déployer, comme de la chair à canon, des militants dont l’innocente conviction ne souffre d’aucun défaut quant aux raisons qui le mobilisent. L’astuce est que quand on ne peut pas entrer par soi-même et loyalement dans les joutes électorales, et puisque que différentes formules ont été expérimentées ailleurs avec succès, il faut alors tenter sa chance en faisant le diable à quatre. Mais il n’est pas facile d’aller à la conquête du pouvoir, le gagner et l’exercer comme dans du beurre. En présence d’une opposition bien structurée, qui approuve ce qui est bien fait ; une opposition qui reconnaît que ce Président est en train de briser les tabous, osant dire tout haut ce que bon nombre de ses prédécesseurs avaient toujours pensé tout bas ; en présence d’une opposition pareille, nul besoin de ces contre-valeurs pour se faire écouter et se faire entendre. Ne pas respecter le jeu démocratique avec ses exigences, ne pas se soumettre aux verdicts des urnes lorsqu’on a perdus (même à l’Assemblée nationale) et se fixer comme objectif primordial, de faire la peau à ceux qui ont patiemment et loyalement reçu les rênes pour conduire la destinée de ce pays jusqu’en 2021.
Ailleurs, ne l’ayant pas emporté, on l’oublie, et on se consacre à une réorganisation profonde du parti afin de s’assurer d’un bon score pour de futures joutes. Au Niger, on perd son temps à attiser des flammèches, à s’enraciner dans une étrange conduite qui frise la désinvolture et lorsqu’arrive le moment fatal des élections, une fois réveillé par un ultime scrupule de conscience, on n’a plus que ses yeux pour pleurer. Il devient quasi impossible de rattraper ceux dont les préparatifs ont débuté très tôt. Des appels comme ceux-là, qui rompent d’avec la langue de bois, les jeunes Nations africaines en raffolent. Nous en voulons encore, encore et encore, Monsieur le Président.
Innocent Raphael D.