Dans un entretien exclusif accordé à France 24, le Président de la République, Chef de l’Etat, Issoufou Mahamadou a estimé que si les pays du Sahel ne prenaient pas de mesures effectives dans la région, « la situation pouvait se dégrader ». Et d’alerter : « L’État malien peut s’écrouler et tous nos Etats peuvent suivre. Il faut tout faire pour mettre fin à la menace terroriste », rappelant que la force conjointe G5 Sahel n’était pas encore entièrement financée.
Cet appel à la prise de conscience des uns et des autres et à la responsabilisation de la communauté internationale afin qu’elle apporte réellement l’aide et l’appui nécessaire au G5 Sahel pour bouter hors de nos frontières la nébuleuse terroriste, semble hélas mal compris par certains qui y voient une attaque contre nos frères maliens.
Or, pour qui connait le Président Issoufou et son engagement pour la cause du Mali, il ne peut y avoir un doute ni un quelconque malentendu sur les intentions du Chef de l’Etat. Il l’a toujours dit et répété, « la sécurité du Mali, est notre sécurité » et « la défense de l’intégrité territoriale du Mali nous incombe à tous. »
Pour le Président Issoufou, « Nos peuples ont les mêmes aspirations, les mêmes préoccupations et en particulier en ce qui concerne les questions sécuritaires, nous sommes tous déterminés à créer les conditions pour que la sécurité règne dans l’ensemble des pays du Sahel».
Comment dès lors admettre ou accepter certaines inepties mettant en doute l’engagement du Président Issoufou pour la paix, la sécurité et la stabilité du Mali ?
A vrai dire, le Président Issoufou Mahamadou ne s’encombre guère d’oripeaux diplomatiques lorsqu’il s’agit de la question de sécurité, il affirme les choses clairement et il s’assume. S’agissant principalement de la situation au Nord Mali, le Chef de l’Etat a maintes reprises a attiré l’attention du danger et du risque de déstabilisation, dès lors que certains avaient décidé d’attaquer la Libye et de détruire le verrou qu’il constituait. Il n’a pas hélas été écouté et le Mali a malheureusement fait les frais de cette dislocation du pouvoir central libyen avec l’occupation d’une grande partie de son territoire par les narco jihadistes.
Egalement après la guerre de libération du Nord Mali, le Président Issoufou a sonné l’alarme en s’indignant et en affirmant que « Le problème, c’est qu’il y a toujours des mouvements armés, comme le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), qu’il fallait désarmer dès le départ. On ne peut avoir deux armées sur un même territoire. L’Etat malien doit avoir le monopole de la violence. Il faut un seul Mali, il n’y a donc pas de raison que des mouvements armés continuent d’occuper une parcelle du territoire. »
Ne nous voilons pas la face, a-t-il notamment déclaré, « tous les pays de la sous-région sont en danger tant que la situation au Mali n’aura pas trouvé de solution.
Les terroristes qui écument le Nord Mali ont déjà frappé Bamako, Ouagadougou, Abidjan, les autres Etats sont dans leur collimateur, il y a donc urgence pour la création d’une force d’intervention rapide des Etats concernés et la mutualisation de leurs capacités de renseignements.
Il faut également que la communauté internationale s’intéresse mieux à la situation en Libye. Nos Etats déjà fragilisés, souffrent encore des conséquences du drame libyen. Aujourd’hui, Daesh contrôle une grande partie de la Libye ; il faut donc les stopper net avant qu’il ne soit trop tard.
Le Niger, est après le Mali, le pays qui a payé le plus lourd tribut en terme de perte en vies humaines et pourtant il reste très engagé à côté de ses frères maliens. Pour assurer sa sécurité, sur plusieurs fronts, en l’occurrence au Mali, sur sa frontière libyenne et dans la région de Diffa le Niger a dû mettre en place une opération lourde .
Toutes ces opérations pèsent lourdement sur les finances publiques car le Niger a dû multiplier, depuis 2010, par quinze (15) ses investissements militaires. Il consacre désormais plus de 10% de son PIB aux dépenses de défense et de sécurité.
Aujourd’hui, tous les secteurs de l’économie nationale ont été gravement affectés par la crise sécuritaire ambiante. En effet, depuis plusieurs années, tous les budgets de l’Etat ont connu des coupes importantes pour faire face aux charges liées à l’engagement de nos troupes sur le théâtre des opérations ainsi qu’au renforcement des capacités opérationnelles de nos Forces de défense et de sécurité.
Comme il l’a d’ailleurs dit dans une interview, « Le Sahel fait face à des menaces qui mettent en péril l’existence même des États. Terrorisme, trafic d’armes, drogue, traite des êtres humains… Nous sommes face à une menace majeure et le Niger est sur la ligne de front. Nous avons milité pour une mutualisation des moyens des pays du G5 Sahel, parce qu’aucun État ne peut combattre le terrorisme tout seul. » C’est tout dit.