« Si ce n’est pas La Lettre du Continent, ce serait Mondafrique », disait un confrère parlant de la préférence médiatique hexagonale de l’ex PAN qui court toujours en fuyant la justice de son pays. En effet, après un répit qui n’a que trop duré, Hama Amadou vient d’accorder une interview à Mondafrique. Le jour choisi ? La journée nationale de la Concorde. L’objectif de l’interview : faire du chahut en prélude au procès en appel de l’affaire dite des bébés importés qui le concerne et qui constitue la raison de sa fuite du pays qu’il prétend diriger au sommet.
Apres avoir publié in extenso son entretien amical avec Mondafrique, nous tenterons ici de mettre en évidence comment le problème de Hama Amadou se réduit a un problème d’ego : une mauvaise habitude. On le sait, il est difficile de faire bonne équipe avec les gens qui ont une mauvaise habitude. Le président Thomas Jefferson a fait observer: « Rien ne peut arrêter l’homme qui a une bonne attitude mentale d’atteindre son objectif; absolument rien sur terre ne peut aider celui qui a une mauvaise attitude mentale. » A notre humble avis l’élément le plus déterminant dans la débâcle du MNSD c’est sans contredit la mauvaise attitude de Hama Amadou lorsqu’il était PM sous Tandja. Le tazarce n’était qu’un épiphénomène, la conséquence de ce comportement d’un leader qui ne sait pas faire équipe.
L’actuel secrétaire général de Fa Lumana l’a rappelé de manière éloquente dans une émission télévisée. Au lieu de travailler avec l’esprit d’équipe, Hama ne pensait déjà qu’a son agenda personnel au détriment de la cause commune. Et le Mnsd et le Lumana continuent aujourd’hui encore à payer les pots cassés comme résultat de la démesure du tout puissant PM d’alors.
Il s’est passé également la même chose avec Issoufou. Hama Amadou étant allié principal, il forçait la main a Issoufou sans vergogne en prouvant au PR de proche en proche que sa boulimie ne peut être satisfaite que par le fauteuil présidentiel. Il a d’abord instrumentalisé l’Assemblée nationale pour régler ses contentieux avec la justice : affaire fonds d’aide a la presse, affaire Moussa Keita pour ne citer que celles-là. Et on le voit, ici également son attitude a fait échouer l’équipe en place, l’alliance pnds/lumana s’entend. John C. Maxwell, expert en développement personnel décrit les gens a mauvaise attitude mentale comme Hama Amadou en termes de maladie du moi : « Ils croient en leur propre importance d’une façon incommensurable, tous leurs actes crient virtuellement: « Je suis le meilleur. » Et d’ajouter que cette maladie a toujours les mêmes résultats inévitables: « La défaite de nous tous. »
Aujourd’hui le regroupement politique ARDR risque à coup sur d’être victime de cette pathologie intrinsèque à Hama Amadou. Déjà les nigériens se posent pas mal de questions quant a la cohérence interne de cette alliance déjà éprouvée dans sa version ARN par le même Hama Amadou qui a trahi honteusement Seini Omarou et Mahamane Ousmane pour aller faire son petit jeu a Issoufou. D’ailleurs en fuyant les risques de l’opposition pour revenir gagner les élections comme il le prétend, n’est-ce pas déjà sonner le glas d’un problème certain de leadership au sein de cette opposition ?
Voici ce qu’il a confié à ses amis de Mondafrique : « Je serai candidat. Et il y aura nécessairement une alternance. Si je ne l’emporte pas, ce sera l’un de mes alliés dans l’opposition. C’est arithmétique. Le PNDS, est minoritaire dans le pays où il n’est fort que dans la région de Tahoua, dans le centre ouest du pays. En face, les trois partis d’opposition (MNSD, CDS, Moden Fa Lumana Africa) représentent environ 75% de l’électorat nigérien et contrôlent l’extrême ouest, le centre, et les villes de Zinder et Maradi à l’est qui à elles seules représentent la moitié de l’électorat en terme de population. De surcroît, depuis la période de la démocratisation et l’instauration du multipartisme en 1991, le Niger a toujours été gouverné par une coalition. Issoufou cherche à perturber les états majors des partis d’opposition en débauchant certains de ses membres. Mais il ne peut changer les fidélités électorales ».
Quelle prétention ! C’est à la limite de la provocation. Nous demandons a nos compatriotes d’ignorer cette manipulation car réduire l’électorat de Issoufou aujourd’hui a son Tahoua natal n’est que purement et simplement de la méprise. Même si l’opposition prétend que le PR n’a rien fait, pour les nigériens réalistes, son bilan est exaltant a beaucoup d’égards. Ceux qui suivent les dynamiques politiques et sociales savent que le Niger comme tout autre pays au monde ne saurait être statique. L’histoire est dynamique. Et comme dirait l’autre « A temps nouveaux, attitudes nouvelles ».
Le Mnsd, le Cds et le Lumana ne sont plus les mêmes et cette nouvelle donne réservera des surprises certaines aux partisans de la danse sur place. Ceux qui voudraient instrumentaliser l’électorat se délectant d’une arithmétique qui serait figée a jamais comme une pièce de musée avec pour finalité le blocage du pays.
A propos des personnes a problème d’ego, de caractère comme le fugitif voici l’enseignement de l’expert John Maxwell : « Les bonnes attitudes d’une équipe ne garantissent pas son succès, mais les mauvaises attitudes garantissent sa ruine ». Et de préciser : « Quiconque a essayé de diriger des personnes qui ont des mauvaises attitudes sait les frustrations que cela peut occasionner ».
Hama Amadou, hors du champ de course, en super outsider comme disent les joueurs du pari mutuel urbain (PMU) a dit que « Issoufou n’a ni bilan ni avenir » dans l’interview sans le prouver. Une affirmation gratuite. Entre lui qui est hors jeu, outsider et Issoufou, franchement, il y a lieu de se demander lequel n’a pas d’avenir ? Il est certes permis de rêver. Mais Machiavel nous conseille de suivre la vérité effective de la chose politique plutôt que l’imagination de celle-ci.
Pour l’histoire voici les propos de Hama Amadou faisant l’apologie de Issoufou d’un ton flatteur dont seul les griots ont le secret a l’occasion des vœux du nouvel an 2012 : « ll faut en effet, démontrer à ceux qui, parce qu’ils souffrent d’un grave déficit d’ambition pour le pays, pensent que votre programme est irréaliste. Il faut leur montrer qu’une volonté politique ferme, adossée à une détermination têtue, conduisant une action continue, réfléchie parfaitement maîtrisée, et orientée dans l’axe de l’intérêt général, rend possibles tous les rêves. Si ce n’est de l’intolérance politique, comment peut-on considérer que vouloir investir massivement pour améliorer le sort d’un peuple, est irréaliste ? Comment trouver autant d’argent, disent-ils, à notre époque troublée par la crise financière ? Mais nous leur répondons simplement : en le cherchant là où il se trouve, car il existe pour les pays que n’obèrent pas les dettes, et en restant constamment sérieux et crédible… »
Et d’ajouter: « En vérité, Monsieur le Président, ce sont là des propos, que seuls le subjectivisme partisan et un esprit d’adversité fébrile, peuvent tenir. Soyez ambitieux s’il le faut ; soyez irréaliste au besoin aujourd’hui, pour devenir demain, l’homme qui a osé, et qui ainsi faisant, a réalisé l’impossible pour son pays. Les générations futures vous en sauront gré, et la démocratie nigérienne aussi ». Sans commentaire.
Oumou Gado