Depuis sa création au mois d’août dernier, les premiers noms viennent de tomber dans l’escarcelle du Fichier des Personnes, Groupe de personnes ou Entités impliqués dans les actes de terrorisme ou dans toutes autres infractions portant atteinte aux intérêts stratégiques ou de nature à troubler la tranquillité et la sécurité publique (FPGE). Il s’agit des personnes en collusion ou en participation active à la déstabilisation de l’État.
La toute première liste a été dressée par un décret du Président du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), le Général Abdourahamane Tiani et rendue publique à travers un communiqué officiel du Secrétariat général du Gouvernement. Cette dernière mentionne les noms de Rhissa AG Boula, Pagoui Hamidine Abdou, Amadou N’gadé Hamid, Abdoulkader Mohamed, Abou Mahamadou Tarka, Daouda Djibo Takoubakoye, Karingama Wali Ibrahim, Harouna Gazobi Souleymane et Moussa Moumouni.
Au total, ce sont neuf (9) personnes qui viennent ouvrir la page des inscrits à la liste FPGE, perdant ainsi provisoirement leur nationalité nigérienne. À compter donc de cette date du10 octobre 2024, les personnes citées plus haut ne sont plus reconnues nigériens et du coup, ils perdent de façon provisoire, tous les droits que la nationalité leur accorde.
Des lourdes charges sur les « clients »
La mesure de déchéance de nationalité qui vient d’être prononcée contre ces personnes, faut-il le dire, constitue une mesure provisoire avec effet immédiat. En termes clairs, on n’est pas encore dans la situation d’accusation. Et ces personnes feront l’objet de poursuites judiciaires au sortir desquelles les accusations pourraient être réfutées, en ce cas leur nationalité sera rétablie. Et si d’aventure, les tribunaux et Cours de justice confirment les accusations, ils perdront définitivement leurs statuts de nigériens.
Pour l’instant, de lourdes charges sont retenues contre eux par le décret du Président de la transition, le Général Abdourahamane Tiani. Activités susceptibles de perturber la paix et la sécurité publique, intelligence avec une puissance en vue de l’engager à entreprendre une offensive militaire sur le Niger, complot contre l’autorité de l’État, acte de trahison, participation à une entreprise de démoralisation de l’armée, diffusion des données et propos de nature à troubler l’ordre public… La liste est longue.
Des accusations qui peuvent les placer tous, au sommet de la pyramide des actes criminels. Des accusations lourdes en effet qui tombent sur des personnes qui sont toutes à l’extérieur du pays depuis le coup d’État du 26 juillet 2023 qui a renversé le régime du président Bazoum Mohamed, régime dont elles disent travailler pour son rétablissement.
En effet, tous ces acteurs retenus dans cette première liste de FPGE sont des proches de l’ancien Président de la République, Mohamed Bazoum et qui, dès les premières heures du coup d’État ont été exfiltrés du pays avec la complicité de la France. Hébergés et entretenus par la France, ils forment les avant-postes du dispositif français en liaison avec les services de renseignements de la France. Difficile à cette étape de leur implication que ces premiers « clients » de la justice puissent échapper à une déchéance complète et définitive.
Profil des inscrits
Rhissa Ag Boulla est un ancien chef rebelle reconverti dans la politique. Il va se retrouver dans l’appareil d’État, très proche de Bazoum Mohamed. Il sera son ministre d’État et conseiller en charge de la sécurité. Après le putsch du 26 juillet 2023, il sera accueilli par la France qui va lui accorder l’asile politique. Rhissa Ag Boulla est ce qu’on peut qualifier de navire amiral de ce dispositif de déstabilisation de l’État. À la tête d’un Front armé, financé et équipé, très probablement par l’occident, notamment la France, Rhissa est entrain de chercher une zone d’arrimage à partir de laquelle il peut conduire ses attaques armées sur le Niger.
Quant à Pagoui Abdoulaye Hamidine, il est un ancien militant Lumana de Hama Amadou, l’opposition politique de l’époque. À la faveur des rapprochements avec le parti politique Lumana, il a noué des contacts très poussés avec les cadres dirigeants du PNDS-Tarayya, principal parti de la majorité au pouvoir. De contact en contact, la mayonnaise a fini par prendre comme on dit, et Pagoui a tourné le dos à Lumana pour s’enfoncer dans le PNDS. C’est lui et avec un certain nombre de cadres de ce parti qui vont animer la célèbre cellule Communication de Bazoum. Et c’est encore cette cellule qui, depuis ses positions à l’extérieur du Niger, s’est mise en réseau avec les terroristes et les services de renseignements français pour nuire au Niger et à son peuple.
N’gadé Hamid, Mohamed Abdoulkader, plus connu sous le sobriquet de Maïdalili sont tous des membres notables de cette cellule du président Bazoum qui a fini par basculer du côté de l’action terroriste. S’agissant de Daouda Djibo Takoubakoye, il était membre du cabinet du président Bazoum (Dircab Adoint). Et depuis son asile, il travaille dans la coordination de la cellule.
Abou Mahamadou Tarka, Harouna Gazobi Souleymane et Wali Karingama sont des officiers supérieurs des Forces Armées Nigérienne (FAN). Aux premières heures du coup d’État, ce sont eux qui étaient en liaison directe avec les éléments militaires français, prêts à fondre sur le Niger pour écraser le dispositif de la Garde présidentielle en vue de libérer Bazoum pour le rétablir dans ses fonctions. Ces officiers de l’armée étaient sur le point d’embarquer leurs éléments aux côtés des éléments de la base militaire française avant qu’elle ne soit contrainte à se retirer du Niger.
Moussa Moumouni quant à lui est un conseiller du Président Bazoum Mohamed. C’est un homme relai. Récemment encore, son nom a été mentionné suite aux révélations qui ont été faites par des terroristes capturés par l’armée et qui ont mentionné son rôle dans un dispositif en liaison avec un agent des services de renseignements français pour l’approvisionnement en armement au profit du chef rebelle Rhissa Ag Boulla.
Rien n’a encore été dit sur les autres éléments de Bazoum et qui avaient été très actifs dans la communication au lendemain du coup d’État, à savoir Oumar Moussa, le directeur de cabinet en second, ou encore l’ancien ministre Issa Alambedji, Ange Barou, un activiste des réseaux sociaux, Ibrah maman, ancien DG de la SONIDEP, Amina Takoubakoye, épouse de Daouda Takoubakoye, même si cette dernière est restée plutôt silencieuse ces derniers temps.
Les hauts dignitaires du régime Bazoum qui se sont faits piégés par cette affaire Bazoum attendront aussi d’être fixés sur leur sort. Ils continuent à garder asile à l’extérieur mais restent à distance de la campagne dithyrambique orchestrée par l’entourage du président déchu contre le Niger et son armée.
Ibrahim Elhadji dit Hima