Réaménagement du gouvernement : Zeine diminué dans son influence

Le lundi 19 février 2024, le secrétaire général du gouvernement M. Amadou Roufai a rendu publique, à travers un communiqué lu à la télévision nationale, un réaménagement technique du gouvernement. Ce réaménagement a porté sur le portefeuille ministériel des Mines, de l’Energie et du Pétrole, jusque-là occupé par Maman Moustapha Barké. Ce dernier se voit désormais en charge seulement du Pétrole. Les deux autres pans de son ministère « stratégique » sont attribués au Commissaire-Colonel Ousmane Abarchi et le Professeure Amadou Haoua qui héritent respectivement du ministère des Mines et de celui de l’Energie.

L’on comprend aisément que ce réaménagement opéré par le général Abdrahamane Tiani a uniquement été fait pour restructurer ce vaste portefeuille ministériel, jadis confié au seul ministre Barké Moustapha.

L’annonce d’un tel réaménagement sonne comme le début d’une perte d’influence pour le Premier ministre de la transition, Ali Mahaman Lamine Zeine qui a porté un de ses meilleurs amis à la tête de ce « super Ministère ». Un ministère pas « coquille vide » à la tête duquel trônait Barké Moustapha depuis la formation de ce gouvernement. Ce qui, a en son temps, avait suscité des réactions allant de la surprise à des interrogations quant à l’efficacité, pour le titulaire de ce portefeuille, d’accomplir de façon efficiente, toutes les énormes tâches y afférentes au bon fonctionnement de ce département ministériel.

En nommant son ami à la tête de ce « super Ministère », d’autres y avaient vu la volonté de Zeine de maintenir dans son giron, les trois composantes clés de ce ministère, en plus de celui de l’Economie et des Finances qu’il s’est adjugé cumulativement avec ses fonctions du Premier ministre. C’était-là, la manifestation de sa « Toute Puissance », disait-on.

Des analyses plus pointues avaient perçu à travers cet accaparement des postes ministériels de premières importances, la preuve du dessein caché du Premier ministre : accéder à la fonction suprême par le truchement des élections. Un dessein qui, au fil des événements, devrait passer par la réunification de l’ancien MNSD-Nassara au dessus duquel Zeine serait placé en guide et héritier qu’il s’est convaincu d’être.

Pour réaliser ce rêve de mégalomanie, le contrôle des ces ministères pouvait assurer le nerf de guerre nécessaire, tout en usant de la puissance publique  qu’offre le titre du Premier ministre pour écarter, voire détruire tous les obstacles.

C’était sans compter sur la capacité des militaires du CNSP à se prémunir contre les coups tordus, fussent-ils l’œuvre du Premier ministre qui semble s’éloigner chaque jour de l’agenda de la transition.

Les récents quiproquos relatifs aux permis miniers et les piètres résultats dans le secteur énergétique ont certainement accéléré la décision de ramener Zeine à travers son fidèle ami en poids plume.

Est-ce que le début de la fin? Rien n’est sûr, mais celui qui est présenté comme l’ami intime du Premier ministre a vu fondre drastiquement son impressionnant ministère sur lequel il trônait depuis le début de la transition. Et à travers lui, c’est le Premier ministre qui est diminué dans son influence.

Oumou Gado