Retrait du Niger de la CEDEAO : Le président de la transition explique les raisons

Le débat autour du retrait du Niger de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) est désormais tranché avec la sortie médiatique du président du CNSP, en date du dimanche 11 février dernier sur la télévision nationale.

Dans cet entretien, le Chef de l’Etat, le général Abdourahamane Tiani a exposé les principales raisons ayant conduit les nouvelles autorités du pays à décider de la sortie du Niger de l’organisation communautaire. En effet, trois raisons ont milité au choix de cette décision, selon le Chef de l’Etat.

« La première raison est d’ordre sécuritaire », a-t-il dit, avant de rappeler que la CEDEAO était sur un plan d’une agression militaire contre le Niger. Dans cette perspective, dira le général Tiani, « le Niger ne peut plus rester dans une organisation qui projette une grave attaque militaire sur son territoire avec les conséquences dramatiques sur la population civile ».

La deuxième raison, a-t-il souligné, est « éthique et morale », renvoyant aux lourdes sanctions infligées sur le Niger par la CEDEAO et ce, dès les premiers jours ayant suivi les événements du 26 juillet 2023.

Le Niger a été dépourvu de tous, jusqu’aux produits médicaux de première nécessité. Des sanctions qui, selon le président Tiani, « causent des souffrances insupportables à la population, alors qu’elles n’ont jamais été infligées à aucun autre pays avant le Niger et qu’elles ne sont prévues par aucun texte fondateur de la CEDEAO ».

Pour le Chef de l’Etat, « les mesures prises contre le Niger reposent sur une modification de l’esprit de la CEDEAO avec l’introduction en juillet 1991 du principe de la déclaration politique, disposition insufflée par la France dans le prolongement du discours de la Baule ». Et s’agissant de la troisième raison, a renchéri  le président de la transition, « elle est économique, parce que le Niger ne peut pas continuer à rester dans une organisation qui le maintient dans un embargo total, alors que le sens même de la CEDEAO est l’intégration économique et la recherche de la prospérité au sein de l’espace communautaire ».

Dès lors, s’est-il interrogé, « comment devons-nous rester dans une organisation où l’on est maintenu dans un embargo complet avec, y compris, le gel des avoirs du pays auprès de la BCEAO qui a choisi elle aussi, de confisquer les ressources financières du Niger ? ». Ce sont-là, les trois raisons principales qui justifient ainsi la sortie du Niger de la CEDEAO.

Cette dernière, « envisageait une opération militaire au Niger avec la montée en puissance des détachements militaires de certains Etats, notamment le Nigeria, la Côte d’ivoire et le Sénégal et le soutien technique et tactique de la France, pour chasser les militaires ayant pris le pouvoir et rétablir le président Bazoum dans ses fonctions », a davantage expliqué le général Tiani. C’est donc en toute logique, a-t-il dit, que cette décision de sortie CEDEAO a été prise, assortie notamment de la clause avec « effet immédiat » ».

Une des conséquences de cette décision, est que depuis le 28 janvier dernier, jour de la décision de sortie de cette organisation, « le Niger n’est plus un Etat membre de la CEDEAO », que « les clauses politiques ne s’imposant plus au Niger, car la CEDEAO n’a plus aucune base pour diligenter une action sur le Niger », indique-t-il. Dès lors, toute action militaire sur le Niger ne peut que revêtir que « les formes d’une agression militaire des forces étrangères sur notre pays », a prévu le Chef de l’Etat.

S’agissant de deux autres raisons, a dit le président Tiani, « il faut dire qu’elles ne changent rien à la vie du pays et de la situation actuelle de nos populations », tout en rappelant que « pour des considérations éthique et morale, c’est depuis 1991 que le Niger aurait dû quitter la CEDEAO du fait que l’institution s’est détournée de sa mission originelle et s’est fourvoyée dans des questions de politique intérieure avec l’adoption de la déclaration politique, alors que les pères fondateurs n’ont donné à leur organisation qu’un mission d’intégration économique ».

Aujourd’hui que le Niger ait quitté la CEDEAO, que devient alors cet embargo qui lui a été imposé ? Ces sanctions devaient-elles tombées d’elles-mêmes ? Doit-on aussi s’attendre après cette sortie de la CEDEAO que le Niger quitte aussi l’UEMOA ? Des questions pour lesquelles le peuple nigérien reste suspendu.

Ibrahim Elhadji dit Hima