Au Niger, la saison froide rime aussi avec la culture maraichère, communément appelée culture de contre saison. Lancée dès la fin de la saison des pluies, la culture de contre saison consiste à utiliser les eaux de pluies retenues dans les marres et autres retenues d’eau pour lancer la culture des produits maraichers, laquelle se pratique dans beaucoup de localités avec des moyens rudimentaires. Au moyen de leur petit matériel agricole, les agriculteurs des zones riches en eau souterraine mettent en valeur des lopins de terre et produisent, de façon artisanale en général, des produits maraichers comme la pomme de terre, l’ail, la tomate, les laitues, la carotte, entre autres. C’est ainsi que depuis quelques semaines, les produits maraichers venant de plusieurs zones de productions inondent les marchés à Niamey.
Le cas le plus emblématique est celui des maraichers de la région d’Agadez qui exposent leurs produits à la Place Toumo et dans certains points stratégiques de Niamey, composés entre autres des fruits, de la pomme de terre, de l’ail produits dans le désert. Sur les différents marchés et les différentes artères de la capitale, le consommateur a également le choix entre fruits et légumes produits localement et à moindre coût. Des activités génératrices de revenus qui permettent à beaucoup de personnes de subvenir aux besoins de leurs familles.
Seulement, l’exercice de la culture maraichère reste confronté à un certain nombre de problèmes. La première entrave au maraichage est celle liée aux eaux souterraines due à la pluviométrie qui est souvent déficitaire comme cette année. Les intrants et autres matériels agricoles ne sont utilisés que par quelques producteurs et les techniques agricoles utilisées sont souvent rudimentaires et archaïques. A ces problèmes s’ajoutent le problème crucial de la conservation de certains produits maraichers. Produits en grande quantité, certains ont du mal à être écoulés et les producteurs ne disposent pas de technique de conservation. Par exemple, 30% de la production de l’oignon qui est produit en grande quantité en cette période, est perdue annuellement.
L’exposition des produits maraichers de la région d’Agadez et ceux venus des autres zones du Niger ainsi que la prolifération des points de vente de ces produits prouvent que les cultures maraichères sont profitables au Niger. Les activités interviennent cette année dans un contexte marqué par une campagne agricole déficitaire et une série de sanctions économiques et financières de la CEDEAO, à savoir la fermeture des frontières des pays membres. Or, les marchés agricoles jouent un rôle prépondérant dans la sécurité alimentaire des ménages et aussi dans la formulation des politiques économiques. Il est donc urgent de prendre des mesures à tous les niveaux pour éviter d’éventuelles difficultés à assurer la sécuritaire alimentaire des populations.
Almoustapha Aboubacar