Défis et enjeux de la souveraineté du Niger : Le CIRAC édifie le public

Dans le cadre de ses activités d’éveil de conscience citoyenne, le CIRAC qui est le Cercle Indépendant de Réflexion et d’Actions Citoyennes, dirigé par l’ancien ministre de l’intérieur, Idi Ango Omar, a organisé le samedi 13 janvier 2024, à la Maison de la Presse à Niamey, une conférence publique autour du thème ‹‹ Analyse historique des défis et enjeux de la souveraineté du Niger ››. Une rencontre animée par le conférencier du jour, Pr Maikorema Zakari, historien à l’ Université Abdou Moumouni de Niamey et Professeur titulaire des Universités.

Un exercice pédagogique auquel s’est livré l’enseignant chercheur et qui a consisté d’abord, à brosser la situation historique ayant caractérisé le Niger dans l’espace sahélien avant et après le 20ème siècle. Ensuite, le conférencier a abordé les défis et les enjeux de la souveraineté. ‹‹ La lutte pour la souveraineté a commencé à l’époque coloniale ››, a-t-il déclaré avant de souligner que l’objectif de la colonisation est justement de conquérir, dominer et exploiter.

Ce qui s’est d’ailleurs manifesté à travers un accord dénommé ‹‹ le pacte colonial ›› ou les 11 accords secrets signés le 24 avril 1961 et que la France a imposé à ses anciennes colonies africaines. Selon le conférencier, le vrai sens de ces accords coloniaux, est de « perpétuer le système colonial, d’asseoir un cadre permanent de non-développement et la perpétuation du sous-développement des pays signataires ››. Et de souligner qu’ « aucune souveraineté, ni aucun développement n’est possible tant que ces accords sont en vigueur, car l’objectif de l’impérialisme étant de maintenir le statu quo et faire du continent africain, une source de matière première, le débauché des produits finis et par conséquent son appauvrissement ».

Pour le Pr Maikorema Zakari, « les anciennes colonies françaises d’Afrique vivent depuis plus de 60 ans le néocolonialisme beaucoup plus infernal que l’ancienne époque coloniale, à travers un système de dépendance bien ficelé ».

Parlant du Niger, l’orateur a déclaré que les régimes qui se sont succédé depuis 1960 jusqu’à la date du 26 juillet 2023, ont évolué dans le cadre de ces accords secrets dits « pacte colonial ».

Dans cette optique, la question de la sauvegarde et de l’Etat de droit est juste, « un alibi pour atteindre leur objectif. Celui de perpétuer leur domination » selon le conférencier.

Ainsi, le défi majeur aujourd’hui, est de lutter pour une véritable indépendance, une pleine souveraineté, a martelé l’orateur dans son exposé. Un défi qui peut être relevé aujourd’hui, rassure t-il, « grâce à plusieurs facteurs favorables, tels que l’éveil des consciences à travers le développement du courant panafricaniste et les coups d’État militaires patriotiques comme au Mali, au Burkina Faso et tout récemment au Niger ».

Dans le même élan, Pr Maikorema Zakari a insisté sur la dénonciation de tous les accords coloniaux, pour arriver à la pleine souveraineté. Aussi, a-t-il souligné, « la volonté affichée par les nouvelles autorités du Niger à aller dans ce sens ». Toutefois, il en appelle à l’élan patriotique de tous, afin d’accompagner cette dynamique déjà enclenchée depuis le 26 juillet 2023. ‹‹ L’indépendance ne s’octroie pas, elle s’arrache de hautes luttes et au prix de moult sacrifices ››, avait-il rappelé.

Pour parvenir à cet idéal, le conférencier a mis l’accent sur des valeurs comme l’unité nationale, la refondation de l’État, le changement des mentalités, l’amour pour la patrie, l’amour du travail bien fait, la souveraineté énergétique, la sécurité, la souveraineté monétaire et bien d’autres qui doivent être le credo. Des valeurs somme toute indispensables pour un développement intégral du pays.

À l’issue de l’exposé du conférencier, plusieurs personnalités ont intervenu pour enrichir le débat. À l’instar du leader de la société civile, Nouhou Mahamadou Arzika, qui a insisté sur la prise de conscience collective et la nécessité de croire en soi-même pour obtenir les résultats escomptés.

Auparavant, M. Omar Idi Ango, président du CIRAC a exprimé toute sa gratitude au public venu nombreux pour prendre part à cette conférence publique, organisée dans cet élan patriotique que connaît le Niger.

Koami Agbetiafa