L’ancienne cellule de communication de Bazoum Mohamed a complètement changé de ligne éditoriale depuis les événements du 26 juillet dernier qui ont mis terme au régime de la 7ème République. Cette vérité n’a échappé à aucun observateur averti.
Pourtant, tout au long de la gouvernance de Bazoum Mohamed, les éléments de cette cellule se sont employés à remonter des publications sur l’action du gouvernement, les travaux de réalisation des tronçons routiers, la réalisation des forages et autres ouvrages hydrauliques, la réception des équipements et matériels militaires, les succès et victoires des forces de défense sur les terroristes, tous les compartiments de la vie publique étaient concernés par le travail de publication en continu de la cellule Com de la présidence.
Après le putsch et durant les premiers jours de l’ère CNSP, la majeure partie des animateurs de cette cellule qui ont réussi à traverser la frontière pour se replier à l’extérieur se sont mis à donner les éléments explicatifs du putsch. En liaison très probablement avec le président renversé Bazoum, ils ont inondé les réseaux sociaux d’écrits pour alimenter toutes les polémiques sur les contours du coup d’État, sur ses présumés auteurs et co-auteurs, sur la responsabilité de certains acteurs politiques, en concentrant notamment l’essentiel des publications ou plus précisément des attaques contre l’ancien Président Issoufou Mahamadou dont ils n’ont pas apprécié la position hostile à une intervention militaire à laquelle l’entourage de Bazoum a fait appel pour chasser les putschistes et rétablir Bazoum Mohamed dans ses fonctions.
Mais cette perspective de rétablissement de Bazoum s’est avérée être un mirage. Le processus va tomber en panne avec le refroidissement progressif des Chefs d’État de la CEDEAO que la France était en train d’enrôler dans cette « opération chirurgicale » comme ils disent pour casser la junte militaire et réinstaller Bazoum. La CEDEAO est de moins en moins opérationnelle sur le coup et la France, hormis quelques positions de principe de ses partenaires de l’Union européenne, ne parvenait pas à embarquer grand monde sur l’affaire du putsch au Niger.
La cellule Com, depuis quelques temps, a eu aussi sa douche froide. Elle y croit de moins en moins. Et cette déception est peut-être pour quelque chose dans le changement de la ligne de communication qui aujourd’hui, s’est nettement éloignée d’une communication d’État pour s’orienter sur les difficiles communications des activités terroristes. Comme une sorte de radicalisation, les questions politiques ou les questions d’État sont très peu présentes dans les contenus informationnels des éléments de la cellule Com de Bazoum.
A la « Une » de toutes leurs publications, les messages des groupes terroristes Etat islamique dans le grand Sahara (EIGS) ou des groupes Al-Qaïda. Le menu est quasiment le même, le relais des attaques terroristes sur les positions des forces de défense et de sécurité du Niger et aussi des pays amis du Niger de la région des trois frontières, le Mali et le Burkina Faso.
Avec une option bien précise : c’est toujours le bilan produit par les groupes terroristes qui sont publiés. Les acteurs de l’entourage Bazoum évoluent presque à la lisière de l’apologie du terrorisme. Dans toutes leurs publications, les terroristes sont victorieux. Les bilans des morts, ce sont toujours les FDS qui sont tués, selon les animateurs de l’ancienne cellule Com, sans aucune mention des pertes du côté ennemis ou terroristes.
Cette nouvelle ligne d’attaque des éléments de l’ancienne cellule Com pourrait s’apparenter à des réactions de dépit. Après avoir échoué dans leur rêve de rétablissement de Bazoum à la présidence, et après avoir aussi échoué à détourner l’attention de l’opinion pour faire porter la responsabilité du coup d’État au Président Issoufou Mahamadou pour sa seule position favorable à une issue négociée et qui ne passe pas par des frappes militaires des troupes étrangères ; pour avoir encore échoué dans cette option, l’entourage Bazoum en exil semble avoir opter pour une stratégie du pire en comptant sur les succès des actions terroristes pour fragiliser le régime de la transition.
En somme, il y a comme une sorte d’alliance stratégique qui ne dit pas son nom entre l’ancienne cellule Com de Bazoum et les cellules terroristes. Avec de temps en temps un relais par certains réseaux français, constitués d’anciens journalistes ou en activité, des chercheurs ou consultants sur les questions de sécurité. Parce que la France que le Niger a chassé de son territoire et tous les privilèges qu’elle avait concentré a aussi quelques intérêts dans cette coalition.
Ibrahim Elhadji dit Hima