Isolement du Niger Quand la réalité s’impose au CNSP

Un peu moins de quatre (4) mois après l’arrivée au pouvoir du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), les nouvelles autorités du pays peinent encore à convaincre. Passé l’euphorie et la période de grâce, les populations, en droit d’attendre de ces autorités, l’amélioration de leurs conditions de vie et ce, dans tous les domaines de la vie sociale et économique, commencent à s’impatienter. Certains ont même déchanté. Pourtant, une promesse allant dans le sens de l’amélioration des conditions de vie des populations en a été faite par le président du CNSP dans ses toutes premières déclarations. Certes, nous ne sommes pas à l’heure du bilan, mais n’entrevoyons point des prémices rassurantes.

Les sanctions économiques imposées à notre pays ont quant à elles des effets néfastes qui s’accentuent de jour en jour sur les populations. Au même moment, les établissements bancaires sont dans une tension sans précédent ; des employés du secteur privé sont licenciés par milliers ; les activités économiques fortement tributaires des échanges extérieurs tournent au ralenti. Bref, rien ne bouge dans le bon sens.

Cette énumération, non exhaustive, brosse ainsi l’état de la nation nigérienne sous le magistère du CNSP et du Gouvernement de Lamine Zene. Et ce n’est pas l’agitation des courtisans et autres défenseurs plus royalistes que le roi qui fera changer la réalité.

Mais de l’avis de tous, les solutions pour une sortie de crise se trouvent entre les mains du CNSP, du Gouvernement de transition et de tous les acteurs dont les voix peuvent porter.

Les autorités nigériennes actuelles ne peuvent plus se complaire dans l’autosatisfaction ou se murer et contempler les chanteurs d’éloges. La situation n’est plus à une quelconque démonstration d’égo mais plutôt à la responsabilité. Cette responsabilité commande de travailler dans le sens de faire lever les sanctions qui asphyxient le peuple au nom duquel on prétend agir.Ce ne sont pas les possibilités qui font défaut.

Le CNSP a tout intérêt à travailler parallèlement pour sécuriser davantage les populations contre les exactions et attaques de GAT. Pour l’heure, les résultats tant attendus ne sont pas encore au rendez-vous. L’hypothèse de l’attaque par la CEDEAO n’étant plus d’actualité, aucune excuse ne tient pour dédouaner les nouvelles autorités du pays. Les militaires nigériens doivent aussi faire plus que les civils à la tête de l’Etat dans le domaine de la sécurité qui est du reste le leur.

Pour sauver le secteur privé et les milliers d’emplois qu’il procure, le Niger ne peut s’offrir le luxe de rester au banc de la coopération internationale. Cette communauté internationale dont les acteurs les plus importants ne demandent que très peu de choses. Ces demandes ont pour nom la garantie des libertés individuelles et collectives et un calendrier de transition. Toutes choses qui semblent à la portée de la junte au pouvoir, à moins que son agenda soit autre que celui annoncé par le général Abdourahmane Tiani dans son allocution télévisée du 2 août 2023. Mais une chose est sûre, le peuple nigérien n’entend pas demeurer indéfiniment sous un régime militaire.

Mieux, ce peuple tout résilient qu’il soit, aspire à une prospérité économique que l’isolement actuel de le CNSP ne saurait garantir. Du reste, la résilience dans une période difficile est fortement tributaire de l’espoir d’en sortir. C’est dire que le délai de grâce ne peut courir indéfiniment. Et les militaires devraient le savoir et en tenir compte.

Oumou Gado