Au Niger, les fréquentes coupures d’électricité observées suite aux sanctions prises par la Cedeao, consécutives aux événements du 26 juillet 2023, ont du coup entraîné chez de nombreux consommateurs, l’utilisation accrue des groupes électrogènes comme une alternative à cette situation.
De l’avis de plusieurs consommateurs, cette option n’est sans conséquence sur la bourse des ménages qui doivent désormais débourser encore plus d’argent, dans la consommation en carburant pour faire fonctionner le moteur du groupe, avec au finish, une facture toujours salée à la fin du mois.
D’abord, il faut reconnaître qu’il n’est pas donné à tout nigérien d’utiliser un groupe électrogène, soit à domicile ou à son lieu de travail. Seuls les plus nantis et ceux de la classe moyenne peuvent se le permettre, étant donné que ces générateurs coûtent généralement les yeux de la tête. Et pour un citoyen lambda, cela relève du luxe tout simplement.
Comme l’explique Hassane Seini, réparateur de groupe électrogène à Niamey, ‹‹ dès que les groupes tombent en panne, les gens nous les amènent pour réparation. Comme vous-mêmes vous voyez, nos clients sont des gens qui ont les moyens ››. Et de poursuivre qu’‹‹ on nous appelle même à 2h du matin pour venir réparer le moteur parce que le patron ne veut pas dormir dans le noir ou dans la chaleur ››.
Sur place, ce sont des charrettes qui font la navette entre l’atelier de réparation et les véhicules des propriétaires venus récupérer leur groupe électrogène réparé. Cela donne aussi du travail lucratif aux jeunes gens transportant sur les charrettes, les groupes jusqu’à destination, juste à quelques mètres d’intervalle.
Soumana, chauffeur de son état, est venu sur les lieux pour transporter à la maison, le groupe électrogène de 3,5 KVA (kilovoltampère) dont son patron en est propriétaire. Il confie que son patron se plaint à chaque fois de la consommation excessive en carburant du moteur. C’est aussi la raison pour laquelle il l’a amené chez le réparateur afin qu’il revoie le carburateur. ‹‹ Mon patron consomme en moyenne, chaque semaine, 25 litres d’essence pour faire fonctionner le groupe, lorsqu’il y a coupure ››, a-t-il fait savoir. En faisant le calcul du prix du litre d’essence à la pompe qui est de 538Fcfa depuis le 31 juillet 2022 au Niger, multiplié aux 25 litres, cela donne 13.450 Fcfa chaque semaine pour la consommation du générateur.
L’on pourrait déjà imaginer la dépense cumulable en un mois et ajoutée à la facture de la NIGELEC (société nigériennes d’électricité) qui vient obligatoirement. Voilà ce qui rend la facture toujours salée chez les utilisateurs du groupe électrogène.
À quelques mètres des lieux, se trouve l’atelier de Omar Harouna, celui que les autres appellent ‹‹ le boss des boss ››, puisqu’ayant cumulé plus de 30 ans d’expériences dans le métier de réparation des groupes électrogènes et moteurs pompes. Il avoue qu’il y a eu beaucoup plus de travail ces derniers temps. Cependant, signale t-il, « il y en a certains qui ne maîtrisent pas bien ce travail et qui gâtent notre réputation ».
‹‹ L’erreur que font beaucoup de nos clients, c’est le fait qu’ils amènent les groupes chez les faux réparateurs qui empirent la panne. Ce n’est qu’après avoir tout essayé qu’ils viennent vers nous et nous demander de faire de notre mieux pour réparer le groupe ››, a-t-il confié, avant d’ajouter qu’il est vrai que beaucoup de clients se plaignent aujourd’hui de la consommation en carburant de leurs groupes électrogènes. ‹‹ Mais avec l’expérience qu’on a acquise, nous arrivons à leur trouver un moyen de diminuer la consommation ››, rassure t-il.
Il s’agit d’une technique de modification du carburateur permettant de combiner le gaz et l’essence ou avec le diesel. Une alternative permettant de soulager la facture du consommateur, à la fin du mois. Une solution à laquelle Chérif est dubitatif, car avoue-t-il, « lorsqu’on utilise le groupe électrogène, il faut forcément s’attendre à beaucoup de consommation du carburant ».
Il faut dire que la crise d’électricité que traverse le pays actuellement a impacté plusieurs secteurs d’activités socio-économiques du pays. Très dépendant du voisin Nigéria en matière d’énergie électrique, le Niger subit de plein fouet les sanctions à lui être infligées par la CEDEAO et qui ont surtout occasionné la pénurie d’électricité dans le pays, notamment à Niamey, la capitale.
Dès lors, les fréquentes coupures d’électricité ne sont pas sans conséquences sur la bourse des consommateurs qui rouspètent déjà le phénomène de la cherté de la vie.
C’est justement pour pallier cette situation de délestage et en voulant trouver une alternative que les citoyens les plus aisés ont opté pour l’utilisation de groupes électrogènes, avec comme objectif, compenser les heures de coupure d’électricité, afin d’éviter un black out total. C’est ainsi que l’on a observé ces derniers mois, l’utilisation accrue de groupes électrogènes un peu partout à Niamey, notamment chez les plus nantis.
Toutefois, c’est sans compter le coût que cela entraîne surtout au niveau de la consommation en carburant des générateurs. Et se sont les propriétaires qui se plaignent alors de leurs factures qui demeurent encore salées à la fin du mois. Une situation qui pourrait se comprendre, car après tout, la présente crise d’énergie n’épargne personne. C’est toute la population qui l’a ressente dans sa chair.
Koami Agbetiafa