Perspectives agricoles et alimentaires 2023-2024 : Baisse significative pour les cultures vivres et pour la biomasse

« Perspectives de production globalement en baisse pour les cultures vivrières et pour la biomasse fourragère ». C’est la principale conclusion issue de la réunion du dispositif régional de prévention et de gestion des crises alimentaires (PREGEC), tenue du 13 au 15 septembre 2023 à Ouagadougou au Burkina Faso.

Les productions céréalières espérées se situeraient entre 73 et 80 millions de tonnes, soit une baisse de 5% par rapport à l’année passée, en hypothèse basse et une hausse de 4% en hypothèse haute en fonction des conditions pluviométriques en fin de saison (septembre et octobre). Au regard du déroulement de la campagne agropastorale 2023-2024 et des différents appuis en faveur du secteur agricole, la concertation technique note que des baisses de productions sont surtout attendues dans plusieurs pays de l’Afrique de l’Ouest dont le Niger.

Selon la concertation technique, la production des racines et tubercules pourrait se situer entre 201 et 211 millions de tonnes, soit une baisse de 5% par rapport à l’année dernière en hypothèse basse et équilibrée en hypothèse haute. En ce qui concerne les productions des autres cultures comme l’arachide et le sésame, de légères baisses sont annoncées par rapport l’année dernière, alors que des hausses sont attendues pour le coton, le soja et le niébé.

Pour mémoire, au Niger et dans plusieurs pays du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest, la saison des pluies 2023 a connu un démarrage globalement précoce, notamment dans les pays du Golfe de Guinée, la bande soudanienne et dans certaines localités du Sahel Centre et Ouest. La note de concertation technique du PREGEC indique que les cumuls pluviométriques ont été globalement moyens sur la bande soudano-sahélienne, avec des déficits enregistrés dans la zone frontalière du Sénégal, du Mali, et de la Guinée, de même que dans l’Est du Nigéria. Par ailleurs, cette saison a été marquée par des séquences sèches longues, notamment au Mali, en Mauritanie, au Niger, au Sénégal et au Tchad.

Conditions météorologiques favorables à la poursuite des activités pluvio-orageuses

La note souligne par ailleurs que les conditions météorologiques sont favorables pour la poursuite des activités pluvio-orageuses en septembre et octobre dans les bandes sahéliennes et soudaniennes. Dans la zone bimodale des pays du Golfe de Guinée, le démarrage de la seconde saison des pluies est déjà effectif au cours de la première décade de septembre.

S’agissant du déroulement de la campagne 2023-2024, la note indique que les semis de céréales ont été globalement effectifs avant la fin du mois de juillet dans toute la région. Toutefois, des déficits hydriques assez persistants ont été observés au cours des mois de mai, juin et juillet et même en début août. Ce qui a entrainé des reprises de semis dans certaines localités du Sahel Centre et Est, notamment au Niger, au Mali et au Tchad.

La situation phytosanitaire est, quant à elle, relativement calme dans la région, même si des attaques d’ennemis de cultures ont été enregistrées dans certains endroits. Au cours de la campagne agricole 2023, la situation du criquet pèlerin est restée calme dans la région ce, malgré les conditions écologiques favorables durant toute la saison. « Seuls des adultes solitaires isolés et quelques larves ont été observés dans le Sahel septentrional en Mauritanie et quelques adultes dans la zone pastorale au Centre du Niger », indique la réunion de concertation du PREGEC.

La situation pastorale dans la région ouest africaine a également été au centre de la réunion du PREGEC. Elle est caractérisée, globalement, par une bonne disponibilité fourragère. « Cependant, des déficits sont observés dans certaines régions du Mali, de la Mauritanie, du Niger, du Sénégal et du Tchad », explique la note de la concertation technique du PREGEC. En fin août, poursuit la même source, la production estimée de biomasse est inférieure à la moyenne des cinq dernières années et à celle de l’année dernière, dans les zones déficitaires de ces pays. En revanche, elle est supérieure au Burkina Faso et sur la façade atlantique. « Dans l’ensemble, la disponibilité de l’eau pour l’abreuvement du bétail est satisfaisante et la situation zoo sanitaire est relativement calme », souligne la note issue de concertation technique du PREGEC, laquelle souligne que la disponibilité alimentaire est globalement stable et s’améliore progressivement dans la région avec la mise en marché des nouvelles récoltes.  « Cependant, les prix des principales denrées locales ou importées restent toujours très élevés avec une hausse d’environ 40% par rapport à la moyenne des cinq dernières années dans la région », note le PREGEC.

Des recommandations à plusieurs niveaux

Au regard de tout ce qui précède et à l’issue des échanges, les participants ont formulé les recommandations à l’endroit des États afin de mettre fin aux restrictions relatives aux flux transfrontaliers des produits agropastoraux et de denrées alimentaires au niveau national et régional ; de renforcer la surveillance et la lutte contre les ennemis des cultures dans les zones de production agricole ; d’anticiper la préparation de la prochaine campagne de culture irriguée en saison sèche 2024, notamment le soutien des producteurs à l’accès aux intrants et au matériel agricoles ; et d’anticiper la préparation des plans nationaux de réponse pour faire face à la crise alimentaire et nutritionnelle.

À l’endroit  du CILSS, de la CEDEAO et de l’UEMOA, il est recommandé d’appuyer la réalisation des prochaines évaluations des productions agrosylvopastorales et halieutiques et de la sécurité alimentaire afin de mieux préparer la planification des interventions en 2024 dans la région ; et de réaliser une évaluation rapide de l’impact des sanctions sur le fonctionnement des marchés et la sécurité alimentaire et nutritionnelle au Niger, au Nigeria et au Bénin.

Almoustapha Aboubacar

Niger Inter Hebdo numéro 120 du Mardi 03 octobre 2023