Situation politique au Niger : l’ancien président Mahamane Ousmane demande à la CEDEAO de privilégier la voie diplomatique pour une solution négociée à la crise

L’ancien président du Niger, Mahamane Ousmane a dans une lettre adressée, le 06 Août 2023, au président en exercice de la Conférence des chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEDEAO, M. Asiwaju Adékunlé Bola Ahmed Tinubu, le demandant de privilégier la voie diplomatique à la recherche d’une solution négociée qui aboutisse à une transition d’une durée raisonnable.

A l’entame de son intervention, M. Mahamane Ousmane de rappeler que le 26 juillet 2023, les Forces de Défense et de Sécurité nigériennes ont pris le pouvoir d’Etat par des voies non constitutionnelles, provoquant au plan national, la condamnation de principe de tous les démocrates sincères, mais aussi, des appels à un retour rapide à une vie Constitutionnelle normale, à travers une transition d’une durée raisonnable.

Parallèlement à ces condamnations, « des manifestations massives de soutien déferlaient sur toute l’étendue du territoire national, tant la population rejette l’entière responsabilité de ces graves évènements sur les acteurs du régime déchu, qui eux-mêmes, ont accédé au pouvoir par des holdups  électoraux répétés, notamment en 2011 puis 2016 et 2021 », a-t-il souligné.

Pour cette dernière date, l’ancien président du Niger de relever qu’il a « personnellement dû, étant candidat, recourir à la Cour de justice de la CEDEAO pour réclamer en vain la victoire que j’ai remportée aux élections présidentielles. N’ayant pas eu gain de cause auprès de ladite Cour, j’ai dû appeler la population au calme et à la retenue, alors même qu’elle demandait, avec insistance, un mot d’ordre de ma part, pour défendre par tous les moyens, ma victoire ; et mon appel, fort heureusement, a pu ainsi contribuer à éviter à notre pays des épisodes tragiques ».

Mahamane Ousmane d’ajouter que c’est dans le contexte ci-dessus que la réunion du 30 juillet 2023 de la CEDEAO a adopté une série de sanctions aussi draconiennes qu’inédites, des sanctions, qui vont bien au-delà des dispositions de l’article 45 du Protocole 01 sur la Démocratie et la Bonne Gouvernance, additionnel au Protocole relatif au mécanisme de prévention et de gestion, de règlement de conflits, de maintien de la paix et de la sécurité.

« Les effets néfastes des sanctions retenues par le dernier sommet impacteront injustement et durablement la population nigérienne déjà frappée par la pauvreté endémique et entraineraient des déplacements massifs de réfugiés vers les pays voisins et même au-delà », a-t-il dit.

Mahamane Ousmane de noter également qu’en plus de ces sanctions, l’organisation régionale a également sommé les autorités militaires en place de libérer le Chef de l’Etat déchu et de le restaurer dans ses fonctions, sous peine d’intervention militaire qui elle-même relève du Chapitre VII de la Charte de l’Organisation des Nations Unies après épuisement des dispositions du Chapitre VI de la même charte ; de laquelle la CEDEAO n’a pas encore reçu mandat.

En précisant « qu’en pareilles circonstances, la prudence est de rigueur tout comme l’est la résistance à toute tentation de recours à la force, si l’on veut éviter des inutiles pertes en vies humaines, tant celles des personnalités que nous voulons secourir, que celles des victimes collatérales innocentes », l’ancien chef de l’Etat Nigérien a dans cet esprit  appelé à la sagesse du président en exercice de la CEDEAO et à son sens de responsabilité « afin que nos plus hauts responsables régionaux sachent raison garder : qu’ils évitent des sanctions ou un recours à la force, d’efficacité plus que douteuse ; préférence doit être réservée à la voie diplomatique que vous avez-vous-même si justement prônée en guise d’option de premier recours », a-t-il lancé.

ANP