Le dimanche, 30 juillet 2023, une marche a drainé des milliers de personnes de la Place Toumo à l’Ambassade de France au Niger faisant une longue escale à la Place de la Concertation où une déclaration a été rendue publique. Objectif des manifestants, apporter leur soutien au Conseil National pour le Salut de la Patrie (CNSP) qui a perpétré un coup de force contre le président élu Mohamed Bazoum le 26 juillet 2023.
A coup de slogans à la gloire du Niger, de son armée et du CNSP, les manifestants n’ont pas caché leur sentiment d’exaspération vis-à-vis de la France, les forces militaires étrangères basées au Niger et la CEDEAO qui envisagerait d’envoyer des troupes dans le pays.
A l’image de plusieurs pays d’Afrique où des militaires ont pris le pouvoir, les manifestations de soutien au CNSP ont été une occasion de brandir des drapeaux russes en démonstration du sentiment pro-russe des manifestants.
A la Place de la Concertation, dans la déclaration que ces derniers ont rendue publique, ils demandent le départ des troupes françaises et occidentales du Niger, la relaxe du leader du M-62, Abdoulaye Saidou, et de toutes les personnes »injustement arrêtées », souhaitent l’arrestation de l’ancien président Issoufou et celle du Procureur de la République.
Ils mettent, par ailleurs, en garde la CEDEAO pour toute intervention militaire au Niger et recommandent aux membres du CNSP d’établir une franche collaboration entre les armées du Niger, du Burkina Faso et du Mali dans le cadre des opérations militaires contre le terrorisme.
Après la Place de la Concertation, les manifestants ont convergé à l’ambassade de France où ils ont scandé les mêmes slogans qu’à la Place de la Concertation et même tenté de pénétrer à l’intérieur de l’institution mais sans succès.
Ils sont, quand-même, parvenus à endommager le portail et les vitres de façade, arracher la plaque signalétique de la représentation diplomatique, hisser les drapeaux russe et nigérien sur le mur d’enceinte et brûler celui de la France.
Pendant les manifestations, le président du CNSP dans un communiqué a recommandé aux manifestants de faire en sorte que tout se passe de manière pacifique sans commettre de dommages sur des biens publics ou privés.
Pendant que se tenait à Niamey ces manifestations, se déroulait à Abuja, un sommet extraordinaire des Chefs d’Etat de l’organisation sur la situation au Niger. En réaction aux éventuelles résolutions hostiles au Niger que pourrait prendre l’institution sous-régionale, le CNSP a pris les devants en publiant un communiqué dès la veille, communiqué dans lequel il met en garde contre toute intervention militaire étrangère au Niger.
Selon le CNSP, la rencontre d’Abuja a pour but »de valider un plan d’agression contre le Niger à travers une intervention militaire en collaboration avec des pays africains non membre de l’organisation ainsi que des pays occidentaux ».
Face à une telle éventualité, le CNSP averti la »Cédéao ou tout autre aventurier », de sa »ferme détermination à défendre notre patrie ». Quelques heures au paravent, pareil avertissement avait été donné à la télévision nationale par le commandement militaire de l’armée nigérienne. D’après le commandement militaire, toute intervention militaire extérieure au Niger »risquerait d’avoir des conséquences désastreuses et incontrôlables pour nos populations » et provoquerait »le chaos » dans »notre pays ».
Avertissement pour avertissement, depuis la France, l’Elysée menace de répliquer de manière immédiate et intraitable en cas d’attaque contre ses intérêts, ses citoyens et son armée. La Russie, pour sa part, appelle à la retenue et un retour rapide à la légalité.
Bassirou Baki