Retrait de la MINUSMA du Mali : Risque des lendemains sécuritaires très menacés au Sahel

Le Mali sera bientôt vide de toute présence militaire étrangère sur son sol hormis celle des mercenaires de la société russe de sécurité Wagner. La preuve en a été donnée le 30 juin 2023 à New-York par le Conseil de Sécurité des Nations Unies. Celui-ci a mis fin, à la demande du pays, au mandat de la MINUSMA (Mission Multidimensionnelle Intégrée des Nations-Unies au Mali). Face à l’augmentation généralisée des attaques terroristes et l’enlisement des diverses opérations initiées pour y mettre fin, le Mali se pense être assez suffisant pour sécuriser, seul et sans aide, sa population, ramener la paix et reconquérir le reste de son territoire qui lui échappe. Se sentant assez fort et suffisant à lui-même et pour lui-même, il a fait partir la force française Barkhane d’abord et pris ses distances avec le G5-Sahel et les forces militaires qui vont avec, ensuite.

Dans la foulée, il s’est octroyé les services des mercenaires russes qui, actuellement, se cherchent à cause de la dissolution de la société qui les emploie et de l’exil du patron de ladite société, Evgueni Prighojine. Juste après le vote de la résolution 2690, résolution qui met fin au mandat de la MINUSMA, M. Issa Konfourou, Ambassadeur Représentant permanent du Mali aux Nations Unies, a déclaré que le Gouvernement de son pays en prend acte et <<note la suite favorable que le Conseil de sécurité a réservée à sa demande de retrait sans délai de la MINUSMA>>. Il faut souligner que les raisons profondes de la demande malienne du retrait de la MINUSMA ont été données le 16 juin 2023 à la tribune du Conseil par M. Abdoulaye DIOP, Ministre des Affaires étrangères et de la Coopération Internationale.

En effet, pour le chef de la diplomatie malienne, la MINUSMA ne parvient pas à assurer la sécurité des personnes et de leur biens et ne cherche qu’à faire des dénonciations fallacieuses contre les militaires maliens au pouvoir et ferme les yeux sans cesse sur les atrocités commises par les terroristes. Le mécontentement du pouvoir malien vis-à-vis de la MINUSMA remonte à l’affaire du  »massacre de Moura », massacre au cours duquel près de 500 personnes ont été tuées. Le terrible drame aurait été commis par les FAMA (Forces Armées Maliennes) en compagnie de leurs supplétifs russes de la société Wagner. Suite à cet énième malheur macabre subi par des civils, l’ONU a demandé qu’une enquête internationale soit ouverte, enquête qui a prouvé au grand dame de la junte militaire malienne que ce sont des soldats du pays qui en sont les coupables.

La présence aux côtés des FAMA des mercenaires russes a, régulièrement, été dénoncée et décriée par la communauté internationale sans succès. Plusieurs fois pointés du doigt, les mercenaires de Wagner ont trouvé au Mali un terrain propice à leurs activités d’exploitation sauvages et sans retenue des ressources minières tout en soumettant les populations locales à de multiples brimades. Les militaires au pouvoir à Bamako ferment les yeux et, à coups d’arguments populistes, ils entretiennent chez leur peuple l’illusion des joyeux lendemains. A la tribune du Conseil de sécurité, l’Ambassadeur Permanent du Mali aux Nations Unies a reconnu les mérites de la MINUSMA et les efforts déployés par diverses structures et personnalités internationales pour un retour de la paix dans son pays. En effet, a-t-il fait savoir, <<la MINUSMA n’a certes pas atteint son objectif fondamental d’appui aux efforts du Gouvernement à la sécurisation du pays, le Peuple et le Gouvernement du Mali saluent toutefois sa contribution dans d’autres domaines, notamment en matière d’assistance humanitaire, sociale et les missions de bons offices du Représentant spécial du Secrétaire général>>.

D’après l’accord signé entre le Mali et les Nations Unies, le retrait de la MINUSMA commencera dès le 1er juillet pour se terminer le 31 décembre 2023. Pendant la période de retrait de la mission, il revient au Gouvernement malien d’assurer la sureté et la sécurité du personnel, des locaux, des installations et des biens de la MINUSMA.

Après ce départ, le Mali entend poursuivre sans relâche sa mission régalienne de protection des populations civiles et de leurs biens, sur l’ensemble du territoire national. Reste à savoir s’il en a les moyens humains et matériels.

Les zones de son territoire qui sont en train de lui échapper croissent à vue d’œil et s’approchent de Bamako. Le départ de la MINUSMA doit certainement inquiéter les pays voisins. Si sa présence n’a rien pu faire contre les nombreuses incursions des groupes terroristes au Niger et au Burkina Faso depuis le Mali, leur zone de repli, son absence fait encourir à ces pays des lendemains très menacés sur le plan sécuritaire.

Bassirou Baki