La saison des pluies 2023 s’annonce au Niger où plusieurs régions ont déjà enregistré leurs premières précipitations. Le comportement de la saison en matière des pluies est désormais connu, après le PRESASS tenu à Niamey. L’heure est désormais aux préparatifs pour tirer le meilleur profit de la saison. L’un des éléments clés de ces préparatifs reste l’apport en engrais. Le gouvernement du Niger en est conscient et a engagé plusieurs actions pour faciliter l’accès à cet important ingrédient de l’agriculture aux paysans.
Au Niger, les engrais sont principalement utilisés pour la production irriguée et pour les cultures pluviales dans une très faible mesure. En effet, l’utilisation des engrais est très faible au Niger. Le document du Plan de réforme du secteur des engrais au Niger de janvier 2018 évalue cette utilisation à environ 3kg/ha. Autrement dit, trois kilogrammes d’engrais sont utilisés sur 3 hectares, alors que la moyenne sur le continent africain est d’environ 12 kg/ha. Cet approvisionnement est nettement insuffisant pour une production agricole efficace et efficiente pour couvrir les besoins alimentaires du pays.
Plusieurs facteurs concourent à ce bas niveau d’utilisation des engrais. On retiendra, selon le Plan de réforme du secteur des engrais, le faible accès aux engrais, notamment le pouvoir d’achat des producteurs, l’accès au financement, le conditionnement, distribution ; les connaissances limitées des producteurs sur les engrais et leur utilisation ; un environnement politique et réglementaire non adapté ; un programme de subvention inefficace ; et une faible implication du secteur privé dans l’importation-distribution.
Dès lors, le gouvernement s’est engagé avec ses partenaires, comme le MCC, dans la réforme du secteur des engrais qui devrait contribuer à « mettre en place un système efficace et durable, capable d’améliorer la disponibilité d’engrais de qualité et leur accessibilité aux producteurs dans toutes les régions du Niger ». La réforme vise à élaborer un cadre opérationnel de fournitures d’engrais subventionnés liés à une base de données des bénéficiaires ciblés à l’avance. Pour ce faire, une réorganisation du système d’approvisionnement, des politiques d’importation/distribution, l’adoption des politiques de prix et un programme de subvention des engrais, entre autres, sont apparus nécessaires pour véritablement réformer le secteur. Il s’est agi à travers la réforme, de rendre l’engrais accessible à un plus grand nombre. C’est ainsi que la réforme prévoit, en ce qui concerne la subvention de l’Etat à l’endroit des populations vulnérables, une subvention ciblée, traçable. Laquelle devrait permettre à l’Etat « de repérer à l’avance les bénéficiaires, de connaitre le nom et le village de chaque producteur ou productrice qui aura reçu la subvention », explique-t-on.
En fait, la réforme du secteur des engrais intervient entre dans le cadre des mesures prises pour la libération du secteur. « Dans le souci de rendre les engrais de qualité, disponibles et accessibles aux producteurs sur l’ensemble du territoire national, le gouvernement a décidé de libéraliser le secteur à travers un décret du 12 janvier 2018, portant création du projet d’appui à la réforme du secteur des engrais au Niger (PARSEN) dont l’objectif est l’augmentation de la demande des engrais, l’implication du secteur privé et le renforcement des capacités de l’ensemble des collèges d’acteurs de la chaine de valeur des engrais au Niger », indique une communication du ministre de l’Agriculture, lors du conseil des ministres du jeudi 6 janvier 2022.
En outre, dans le but de consolider et d’améliorer les acquis de cette réforme, le gouvernement a pris un certain nombre de mesures. Il s’agit entre autres, de l’interdiction à la CAIMA de passer de nouvelles commandes ou de contrats d’importation d’engrais ; l’application par la CAIMA des mesures prévues dans la réforme du secteur des engrais sous le contrôle de l’Observatoire des marchés des engrais au Niger (OMEN) dès février 2022.
La réforme ainsi engagée par le Gouvernement a commencé, d’ores et déjà, à porter ses fruits. Le bilan enregistré en 2021, malgré l’augmentation du prix des engrais sur le marché mondial est illustratif de l’avis des différents acteurs : « plus de 70 000 tonnes d’engrais importés en 2022, un taux plus important à comparer à celui de la CAIMA ». Alors que les besoins exprimés par les producteurs oscillent entre 100 000 et 200 000 tonnes par an, la Centrale d’approvisionnement en intrant et matériel agricole (CAIMA) a contribué à l’approvisionnement en engrais pour moins de 24 277 tonnes, selon les statistiques du Ministère des finances de 2017. Selon la même source, en 2018, « cet approvisionnement était à 23 353 tonnes et 16 321 en 2019 ».
Almoustapha Aboubacar