Billet : Tirer les putschistes de leur sommeil dogmatique

Les juntes militaires malienne et burkinabè ont apparemment atteint leurs limites objectives avec la dégradation de la situation sécuritaire, particulièrement dans ces deux pays, pourtant aux mains des militaires. Dans la zone dite des trois frontières, force est d’admettre que le Niger, avec un civil aux commandes de l’Etat, S.E.M. Mohamed Bazoum, s’en sort mieux.

Il va sans dire que les terroristes ont marqué un coup d’arrêt à la posture d’autarcie et de défiance de la Communauté internationale par les deux juntes qui se révèlent anachroniques et impuissantes face à l’hydre terroriste. Les peuples malien et burkinabè risquent d’être menés en bateau.

La manipulation qui a eu raison de Paul Henri Damiba est loin d’être une embellie pour les burkinabè. L’armée aux commandes d’Ibrahim Traoré dit IB est loin d’inverser la tendance à l’insécurité et au chaos dans le pays.

Tenez : des sources bien renseignées, environ 200 militaires burkinabè ont été tués en quelques jours, tous massacrés par des groupes terroristes de l’Etat Islamique au Grand Sahara (EIGS). A Tin Akoff, le 20 février 2023, 76 militaires burkinabè ont été assassinés et le village a depuis été déserté, tandis qu’à Déou, le 17 février 2023, au moins 51 militaires ont été tués. De nombreux volontaires pour la défense ont également péri.

Dans ce chapitre marqué par la désolation, il faudrait ajouter que dans la province d’Oudalan au Burkina Faso, des attaques ont été menées par des terroristes de l’état islamique au grand Sahara (EIGS) qui ont pu se replier au Mali, juste après leur forfait, apprend-on. Depuis le départ de Barkhane, le Mali est redevenu un sanctuaire des obscurantistes. Les forces supplétives russes de Wagner n’ont aucunement pris le relais des forces internationales. Un véritable fiasco pour les juntes au pouvoir.

S’agissant du Mali, selon un confrère, le bilan des militaires au pouvoir est, on ne peut plus désastreux. « Seize mois après l’arrivée des Russes de Wagner, sept mois après le retrait des forces françaises de Barkhane, les militaires au pouvoir à Bamako affichent un bilan très mauvais sur le front sécuritaire. Et rien ne dit que nos frères maliens soient dans la bonne direction pour regagner leur souveraineté territoriale et retrouver sécurité et prospérité », peut-on lire sur Afrik.com.

Et le confrère de renseigner : « Les morts se suivent et se ressemblent, les exactions aussi. Loin de la capitale, les provinces maliennes ne connaissent ni répit ni espoir de développement. La cause : l’insécurité qui perdure et qui s’enracine, malgré les promesses du colonel Assimi Goïta et de son équipe, arrivée au pouvoir sur un coup d’État, en mai 2021. Déjà deux ans ou presque, et aucune embellie ne se profile à l’horizon. Ni sur le plan sécuritaire ni sur le plan démocratique ».

Dans le contexte actuel, les maliens sont à mille lieues de la sécurité et aussi des libertés fondamentales. En Février 2022, nous écrivions : « Dans l’œuvre de démolition des régimes démocratiques en Afrique de l’Ouest, le cas du Mali constitue un exemple type de fuite en avant, une régression démocratique et des relations internationales dans ce pays. Sous Goïta, le Mali a fait le choix de la facilité sur fond de ‘’victimisation et martyrisation’’, pour parler comme le diplomate malien Cheikh Sidi Diarra. Si ça ne va pas au Mali, c’est la faute de la France et les autres. Et on impose au peuple cette pensée unique, érigée en philosophie politique comme s’il suffisait de se replier sur soi pour transformer la réalité ».

A l’épreuve des faits, les tombeurs d’Ibrahim Boubacar Keita comme ceux de Roch Marc Christian Kaboré peinent à convaincre leurs concitoyens et les sahéliens en général. La récente visite du Chef d’Etat-major du Niger au Mali pourrait être un appel de pied aux putschistes maliens pour les tirer de leur sommeil dogmatique. Tout comme celle du Chef d’Etat-major français au Niger dans la même semaine indique la voie d’une coopération militaire à développer avec tous les partenaires. Ce qui tranche avec la posture des juntes au Mali et au Burkina Faso, en passe de s’exclure de la Communauté internationale.

Tiemago Bizo