Billet : Un coup de Wagner !

 

Depuis le 10 février dernier, et en particulier à partir du 15, une série de publications sur les réseaux sociaux laissent penser à l’émergence d’un mouvement coordonné pour fragiliser la position des autorités nigériennes. Dans le contexte du procès du coup d’Etat manqué du 31 mars 2021, une véritable guérilla informationnelle s’est déployée entre les deux parties. On notera que les principaux agitateurs viennent du Mali et du Burkina Faso. Des activistes dans ces deux pays ont franchi le Rubicon. Ils ont jubilé comme ils ont pris des vessies pour des lanternes.

A partir du 15 Février, les publications appelant aux manifestations le 16/17/18/19 et 20 février contre le président Bazoum et pour demander le départ de l’armée française sont visibles, mais uniquement sur Facebook. De même, le 15 Février, les premières publications annonçant un bilan de 67 ou 71 morts et une vingtaine de portés disparus commencent à se diffuser sur Facebook. Les publications sont pour la majorité des copier-coller et annoncent donc le même bilan.

Concernant les annonces d’un probable coup d’État au Niger, les premières publications évoquant le renversement du régime en place par un groupe des militaires apparaissent sur Facebook aux alentours de 00h10, le 17 Février. Le premier diffuseur pourrait être la page « Faso Hebdo » (médias traitant de l’actualité politique, sécuritaire du BFA, anti-français). Sur Twitter, le premier diffuseur serait « Issa Sissoko Elvis (troll russe).

Si la publication Facebook annonce clairement un probable coup d’État orchestré par des « jeunes officiers », sur Twitter, Issa Sissoko Elvis se demande si « un coup d’État serait en préparation ». Dans les deux cas, les internautes annoncent que les détails vont suivre. Suite à ces publications sur Facebook, d’autres commentaires commencent à apparaitre, mais très vite, des internautes démentent en parlant de Fake News. Par la suite, se sont les publications annonçant que l’information est fausse qui se diffusent en masse sur les réseaux sociaux.

Trois vidéos sont régulièrement postées avec des publications essayant d’étayer les propos. De la même manière que les précédentes annonces, ces dernières sont démenties et les internautes les replacent dans leur contexte. L’une d’entre elles date du coup d’État ayant démit Mahamadou Tandja en 2010 et les deux autres dont l’une est issue d’un reportage de France 24 concernent des évènements s’étant déroulés en mars 2021, lors d’une tentative de coup d’État dont le procès des commanditaires a commencé le 15 février de cette année.

Sur Facebook, des publications publiées par des internautes nigériens sont critiques envers les pages maliennes et burkinabè, diffusant l’information selon laquelle un coup d’État serait en cours au Niger.

Et pour boucler la boucle, les faussaires ont même eu l’ingéniosité de concocter un démenti du gouvernement nigérien avec la signature du ministre porte-parole du gouvernement !

Sauf que les pourfendeurs de l’ordre en place au Niger ignorent que la gestion d’un Etat ne rime pas avec le populisme. C’est une triste vérité à laquelle ont été confrontés tous les pays qui ont cédé aux sirènes populistes et tous ceux-là qui mettent en avant leurs fantasmes au détriment de la réalité. Ces démagogues qui fondent désormais tout leur espoir sur Wagner (les mercenaires russes) font croire à l’opinion que tout est facile, tout est simple à obtenir.

Si la vie coûte chère, si le peuple n’est pas dans le bonheur, si la situation sécuritaire se dégrade, c’est exclusivement la faute de la France et l’absence d’un régime militaire au Niger. Leur dernière trouvaille, c’est la désinformation sur la base d’un prétendu coup d’Etat au Niger avec leur mode opératoire décrit plus haut.

Ces populistes en mal d’inspiration dont certains brillent par leur nihilisme ont tendance à discréditer la démocratie et les valeurs essentielles. C‘est un truisme de dire que la montée du populisme va crescendo au Mali et au Burkina Faso avec la montée en puissance des juntes inopportunes et anachroniques. A entendre certains donneurs de leçons issus du nouvel ordre, les maliens et les burkinabè risquent d’être menés en bateau si on n’y prend garde.

L’on comprend bien que l’impuissance des armées malienne et burkinabè face aux terroristes génère le ressentiment. Mais est-ce que le coup d’Etat serait la panacée ? A la vérité, le Mali et le Burkina Faso sont des pays très fragiles face à l’hydre terroriste. La situation sécuritaire est très dégradée dans ces pays : leurs pans entiers sont entre les mains des terroristes. Et depuis leur avènement, les putschistes se complaisent dans le populisme et la pensée unique qu’ils ont instaurée au nom d’une utopie pompeusement dénommée « Refondation ».

 

Elh. M. Souleymane

Niger Inter Hebdo N°102 du mardi 21 Février 2022