Le Conseil national de dialogue politique (CNDP), cadre permanent de prévention, de règlement et de gestion des conflits politiques à travers le dialogue et la concertation entre les acteurs politiques (Majorité, Opposition, Non affiliés) et le gouvernement, autour des questions d’intérêt national, s’est réuni le 9 septembre dernier, en sa première session ordinaire au titre de l’année 2022. C’était sous la présidence du Premier ministre, Ouhoumoudou Mahamadou, président du CNDP.
Si le Conseil national de dialogue politique ne s’était pas réuni depuis 2021, alors même qu’il a été annoncé au rang des priorités par le président de la République dans son discours d’investiture et dans la Déclaration de Politique Générale (DPG) du Premier ministre, c’est parce que la situation politique du moment ne permettait pas de convoquer cette instance.
Expliquant dans l’interview qu’il a accordée le 29 septembre 2022 à la RTN, ONEP et Niger Inter, les raisons de la non-tenue du CNDP depuis 2021, le Chef du gouvernement a déclaré : « nous avions des actions judiciaires en cours où certains candidats contestaient la victoire du Président de la République. Aussi, nous avons dit que nous n’allons pas convoquer une réunion du CNDP où certains acteurs vont dire qu’il y a un problème quant à définir qui est l’opposition et qui est la majorité ». Il fallait donc attendre, selon Ouhoumoudou Mahamadou, que tous ces cas soient résolus, que la situation soit normalisée, pour convoquer le Conseil national du diadoque politique.
Il faudrait définir aussi, à travers une loi, le statut de l’opposition et de son leader. Pour ce faire, a expliqué le Premier ministre, « nous avons tenu à ce que cette loi soit appliquée correctement, et dans ce sens, un leader de l’opposition politique a été nommé. Et lorsque nous avons constaté que cette loi accusait quelques insuffisances, sachant qu’il ne suffit pas de nommer le chef de file de l’opposition, il faut aussi lui donner des moyens d’action, nous avons alors apporté des correctifs pour qu’il puisse disposer d’un cabinet et d’un budget lui permettant de fonctionner normalement ».
Cette étape ayant été entièrement satisfaite, il fallait donc relancer le dialogue dans la mesure où chacun des acteurs a été fixé dans le rôle qui est le sien. C’est ainsi que la session ordinaire du CNDP au titre de l’année 2022 avait été convoquée pour le 9 septembre dernier avec à son ordre du jour, deux sujets d’intérêt national, à savoir, l’élection des députés de la diaspora pour parachever le processus électoral engagé en 2020-2021 et la situation sécuritaire du pays. En somme, deux questions d’importance capitale qui ont largement été débattues par la classe politique dans son ensemble.
Sur la question sécuritaire qui est un « aspect fondamental de notre pays », a dit le Premier ministre Ouhoumoudou Mahamadou, dans son interview, cette réunion a débouché à une déclaration de soutien aux Forces de défense et de sécurité (FDS) et au gouvernement dans « le combat qu’il mène pour que tous les Nigériens puissent vivre en sécurité et dans la paix ».
Preuve que la classe politique nigérienne, tous bords confondus, est désormais consciente, à travers cette déclaration commune, de la nécessité pour chaque nigérien d’œuvrer, chacun dans sa sphère de compétence, aux côtés du gouvernement et des Forces de défense de sécurité, en leur apportant le soutien nécessaire dans la lutte âpre qu’ils mènent contre l’insécurité. Dans ce combat, nul n’est épargné, surtout quand on sait que le terrorisme ne fait pas de quartier.
La reprise du CNDP, unanimement saluée par les Nigériens, tout comme les conclusions auxquelles la session a abouti ont donc répondu aux attentes, surtout que l’objectif poursuivi est d’ « amener les acteurs à regarder dans le même sens sur les questions essentielles qui concernent la vie de notre nation », a expliqué le Chef du gouvernement. Ouhoumoudou Mahamadou de rassurer l’opinion que « la normalisation des rapports avec l’opposition ne s’arrête pas seulement au Conseil national du diadoque politique ».
Pour preuve, a relevé le Premier ministre, « le leader de l’opposition est aujourd’hui reçu par le président de la République et par le Premier ministre ; il a la possibilité de venir vers des institutions étatiques, soumettre les préoccupations de l’opposition par rapport à la marche de l’Etat ».
Et c’est cela notre objectif, « faire de notre pays un Etat démocratique, stable et fort ; fort parce que les acteurs s’entendent bien, parce que l’Etat est en mesure d’assurer la sécurité, et parce que toutes les institutions démocratiques fonctionnent normalement ». C’est cela aussi la vision du président de la République qui s’est engagé dans son programme de renaissance III, à « promouvoir une atmosphère saine et apaisée dans le débat public notamment par un dialogue permanent entre les partis politiques, les médias et la société civile ».
Oumar Issoufa
Niger Inter Hebdo N°83 du mardi 11 octobre 2022