Après son adoption en Conseil des Ministres le 14 septembre dernier, le projet de loi de finances pour l’année budgétaire 2023 a été présenté ce mercredi 5 octobre 2022, à l’hémicycle devant les députés nationaux. Le ministre des finances Ahmat Jidoud, s’est livré à cet exercice magistral tout en exposant les motifs ainsi que les grandes lignes du prochain budget de l’État.
Une démarche qui s’inscrit en conformité avec les dispositions de la loi organique relative aux lois de finances. Pour l’année 2023, a déclaré Ahmat Jidoud, ‹‹ les grandes lignes de la politique budgétaire reposent sur les engagements contenus dans le Programme de Renaissance tels que déclinés dans la Déclaration de Politique Générale du Gouvernement (DPG) ainsi que le Plan de Développement Économique et Social 2022-2026 ››. C’est ainsi que, le projet de loi de finances pour l’année 2023 a tablé sur plusieurs hypothèses, prenant en compte entre autres les conséquences de l’insécurité dans le Sahel et la zone des trois frontières, la consolidation des institutions républicaines et les acquis démocratiques, la poursuite de la mise en œuvre de l’Initiative 3N, le développement du secteur privé, le déroulement normal des campagnes agricole et pastorale, la poursuite des grands projets (MCC) et programmes barrage Kandadji ou encore la construction du pipeline pour l’exportation du pétrole brut avec un niveau de production de 28 356 barils par jour en 2023, 86 775,6 barils par jour en 2024 et 103 469 barils par jour en 2025.
Il ressort de l’exposé du ministre des finances que ‹‹ le projet de budget 2023 est bâti sur une prévision d’un taux de croissance de 7,2% et une moyenne de 9,1% sur la période 2023-2025, principalement tirée par le dynamisme des investissements dans les grands projets ››.
Par ailleurs, en rapport avec les normes de l’Union Économique et Monétaire Ouest-Africaine UEMOA, le gouvernement nigérien s’est donc engagé à maîtriser le déficit budgétaire afin de parvenir à moyen terme à la cible de 3% en 2024-2025.
Ainsi, ‹‹ sur la base de ces hypothèses réalistes, les ressources budgétaires sont projetées à 3.245,44 milliards de FCFA en 2023 contre 2.908,59 milliards de FCFA dans la loi de finances 2022, soit une hausse de 11,58% ››, a avancé Ahmat Jidoud devant la représentation nationale.
Bien entendu, le budget 2023 englobe les recettes internes et externes. En ce qui concerne les recettes internes, elles ressortiraient à 1.480,72 milliards (45,62% des recettes totales), en augmentation de 118,86 milliards, soit 8,73%. Représentant 92,29% des recettes internes, les recettes fiscales sont projetées à 1.366,60 milliards en 2023 contre 1.304,79 milliards en 2022, soit un accroissement de 4,74% ou 61,81 milliards de FCFA.
Pour ce qui est des ressources externes, elles sont constituées des appuis budgétaires, des aides projets et des emprunts obligataires. Leurs prévisions s’élèvent à un montant de 1.764,72 milliards (54,38% des recettes totales), contre 1.546,73 milliards en 2022, soit une hausse de 217,99 milliards ou 14,09% en valeur relative.
S’agissant des prévisions des dépenses budgétaires totales, elles s’élèvent à un montant de 3.245,44 milliards contre 2.908,59 milliards de FCFA en 2022, soit une hausse de 336,85 milliards en valeur absolue, correspondant à 11,58% en valeur relative. Elles comprennent les charges de la dette, les dépenses de personnel, les dépenses d’acquisition de biens et services, les dépenses de subventions et transferts et les dépenses d’investissements.
En définitive, dans le souci de mobiliser davantage de ressources internes, le gouvernement a misé sur certaines mesures fiscales et douanières susceptibles d’améliorer le recouvrement.
C’est ainsi qu’il est prévu, par exemple, une réduction du minimum de perception en matière de taxe professionnelle, une exonération temporaire d’impôt synthétique pour les entreprises nouvelles en vue d’encourager leur formalisation. Également, dans le secteur aurifère en majeure partie artisanal, l’État mise sur la création d’une ‹‹ taxe spécifique sur l’exportation de l’or et des métaux précieux ››, fait savoir le ministre des finances dans son exposé des motifs. Il en sera idem pour le secteur pétrolier. L’objectif général étant surtout de renflouer les caisses de l’État à travers diverses taxes légales.
En outre, il sera aussi question d’imprimer une certaine rationalisation dans les dépenses, dans le cadre de la prochaine loi de finances. Dans cette optique, l’État entend procéder à la finalisation du recensement biométrique et l’assainissement du fichier des agents de l’État et des autres bénéficiaires des transferts publics, ou encore à la mise en œuvre des nouvelles modalités d’évacuation sanitaires impliquant les services financiers des représentants diplomatiques, entre autres.
Les diverses mesures prises pour assainir les finances publiques laissent présager d’une bonne perspective en matière de recettes et dépenses pour l’année budgétaire 2023.
Par ailleurs, il faut noter que le présent projet de loi de finances soumis à l’appréciation des députés nationaux, intervient dans un contexte international de fortes turbulences macroéconomiques, marqué notamment par le conflit ukrainien en début de l’année 2022, avec son corollaire de renchérissement des prix des produits de première nécessité.
Koami Agbetiafa