L’on a bien souvent utilisé l’expression « scandale géologique » pour faire référence à la manière dont notre continent, l’Afrique a été bénie par la nature, en termes de ressources du sous-sol. Si les ressources minières sont le propre de l’Afrique à l’échelle continentale, le soleil quant à lui, a choisi d’être encore plus sélectif dans sa manière de rayonner son énergie dans le monde et même sur notre continent. Il y a peut-être lieu de parler là aussi d’un autre « scandale », l’énergétique, en marge du géologique, dans lequel à tous points de vue, notre pays se taille encore la part du lion.
Le soleil continuera encore à rayonner son énergie sur la terre pendant 4 à 5 milliards d’années. L’immense disponibilité de l’énergie solaire dans le temps fait du soleil une source d’énergie renouvelable, car inépuisable à l’échelle humaine. Aujourd’hui, cette énergie suscite une attention particulière au regard des enjeux climatiques et de la politique énergétique de nos Etats, en cette ère de transition énergétique où l’on assiste à une expansion de l’usage des solutions basées sur les énergies renouvelables, à la fois dans les pays développés et dans les pays en voie de développement. Cette expansion crée au passage des valeurs locales et des emplois, se positionnant ainsi comme un outil de mitigation du changement climatique, en même temps qu’elle renforce la résilience des communautés.
Cependant, dans beaucoup de pays en voie de développement, l’énergie requise pour des applications telles que le pompage de l’eau provient des générateurs, ce qui signifie une consommation élevée de carburant et des coûts de maintenances assez récurrents. Aussi, beaucoup de projets d’approvisionnement en eau sont mis en œuvre dans des localités difficiles d’accès où l’insécurité, la mauvaise qualité des voies de communication, les conditions climatiques, la très probable utilisation du carburant à d’autres fins, rendent l’approvisionnement en carburant et autres consommables d’entretien et de maintenance à la fois coûteux et encombrants. La solution solaire présente l’avantage de demander des services à la fois réduits et simplifiés, en plus d’être la plus amicale au regard de l’environnement, car elle ne s’accompagne pas d’émission de gaz à effet de serre et ne contribue donc pratiquement pas au réchauffement climatique.
L‘énergie solaire se retrouve dans toutes les longueurs d’onde du spectre de la lumière. L’ensoleillement varie toutefois, et souvent grandement selon le temps et selon les localités, car le soleil ne brille pas de la même manière pendant toutes les heures, ni même dans toutes les régions du monde. C’est pourquoi, l’exploitation du potentiel solaire ne peut pas être conseillée de la même manière dans les différentes régions de la planète. Des études ont toutefois permis d’établir que si nous pouvions efficacement intercepter l’énergie solaire qui frappe la terre en 1 heure, nous en aurions suffisamment eu pour le besoin énergétique annuel de notre planète.
Le Niger, 6ème sixième pays le plus ensoleillé au monde
Notre pays, le Niger, est le sixième pays le plus ensoleillé au monde, derrière les Etats-Unis d’Amérique, l’Egypte, le Soudan, le Tchad et l’Afrique du Sud. Il est suivi des pays comme les Emirats Arabes Unis, Madagascar, le Kenya et l’Australie, entre autres. Des études menées dans les années 80 ont d’ailleurs permis d’établir qu’une des localités du Niger, notamment la zone d’Agadem est la deuxième localité la plus ensoleillée au monde.
Le terme ensoleillement, aussi appelé insolation, est une mesure du rayonnement solaire que reçoit une surface au cours d’une période donnée et traduit ainsi l’idée d’une quantité d’énergie par unité de surface. L’ensoleillement est favorisé par la manière dont le soleil « brille » dans une région donnée et non par la « température ». Ceci est dû au fait que l’effet photovoltaïque qui fait référence à la production de l’électricité à partir de l’énergie solaire nait de la « brillance » du soleil et non de la chaleur due au rayonnement solaire. Il se produit lorsque des « grains » de lumière appelés « photons » frappent une collection de cellules, excitant ainsi des électrons dans un plus haut état d’énergie, les faisant agir comme des porteurs de charges d’un courant électrique.
Au Niger, l’exploitation de l’énergie solaire pour différentes applications s’avère hautement opportune, au regard du nombre d’heures d’ensoleillement maximal auquel équivaut l’ensoleillement journalier, à travers les différentes régions du pays, du mois le moins favorable au mois le plus favorable de l’année. Dans le dimensionnement solaire, le concept d’heures d’ensoleillement maximal (en anglais Peak Sun Hours ou PSH) permet de simplifier les calculs en ramenant la journée solaire à un certain nombre d’heures durant lesquelles un panneau solaire produit typiquement l’équivalent de sa puissance crête. Lorsque cette estimation est faite sur la base du mois le moins favorable, cela correspond à une conception au pire des cas, qui permet d’obtenir au minimum le besoin de base en termes de quantité d’eau ou d’énergie électrique, selon l’application et pour tous les mois de l’année. Cette manière de concevoir les systèmes permet d’emblée de contourner les difficultés et les incertitudes liées aux aléas climatiques ou même aux conditions météorologiques.
Au Niger, la valeur du PSH se situe en général au-dessus de 5 pour les mois les moins favorables et souvent au-dessus de 7 pour les mois les plus favorables. Ces valeurs indiquent l’énorme potentiel solaire pour notre pays, dans la mesure où, même pour des applications portant sur le pompage d’eau, c’est pour des valeurs de PSH inferieures à 3 que les systèmes hybrides sont forcément recommandés. La réticence à aller plus rapidement et plus extensivement vers le solaire s’explique surtout par les idées reçues. Les soucis rapportés çà et là par les usagers sur les systèmes d’eau solaire pour l’approvisionnement des communautés, l’irrigation ou même l’hydraulique pastorale sont généralement dus à la non-maitrise des méthodes de conception, des règles des services de routine, à la non définition préalable des questions de gouvernance des systèmes de pompage ou au manque de sensibilisation pour susciter l’engagement communautaire et l’appropriation des installations.
Asmane Saadou
Niger Inter Hebdo N°71 du mardi 5 juillet 2022